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Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Une dynamique brisée À l’heure des choses sérieuses, les grands idéaux sont foulés aux pieds et les magouilles reprennent leurs droits. Moi qui ai signé la pétition pour que les libanais de l’étranger puissent voter, je m’interroge : mais pour quoi et pour qui voter? Maintenant que les Syriens sont partis, les grands idéaux de démocratie de liberté et de fraternité sont oubliés car les mauvaises habitudes reviennent au galop, et le député du coin a peur de perdre son siège et donc son pouvoir. Où sont les programmes sociaux et économiques des candidats ? Ne cherchez pas : la démocratie au Liban, c’est encore et toujours la féodalité. La dynamique est brisée. Dieu créa le Liban et le trouva tellement beau que pour rétablir l’équilibre, il créa les Libanais. À quoi bon rêver d’un changement alors que tant d’années de guerre et de souffrances n’ont pas modifié nos comportements ? C’est aujourd’hui que les Libanais devraient descendre dans la rue pour exiger de véritables élections, avec de vrais partis et de vrais programmes. Jean Louis ASSOUAD Dax – France Guerre absurde J’ai été amputé d’une jambe suite à la chute d’un obus sur notre maison à Jounieh en février 1990. Les deux belligérants, Aoun et Geagea, ont été «punis», l’un par un exil de 15 ans et l’autre par 11 ans de prison. Moi, je dois traîner durant toute ma vie mes souffrances physiques et mentales. C’est d’autant plus rageant que leur objectif était le même, et que leur guerre était la plus folle, la plus absurde et la plus destructrice de l’histoire du Liban. C’est triste aussi de voir qu’ils sont à nouveau là pour «veiller» à notre destinée, l’occupation syrienne ayant tout fait pour empêcher l’émergence (voire la survie) d’autres personnalités patriotiques. Joe ASSAF Un rare privilège Il nous est offert aujourd’hui le rare privilège de reprendre notre destin en main en tant que nation libre, indépendante et souveraine, dans une région du monde où un tel précédent est aussi rare que dangereux. Nul n’a prétendu que la tâche serait ou sera facile, bien au contraire, toutes sortes de dérapages nous étaient prédits. Ce qui pourrait sembler pour certains comme un jeu malsain à travers les alliances, les contre-alliances, les rapprochements impensables et les amitiés retrouvées n’est ni plus ni moins que l’expression spontanée d’un peuple qui a retrouvé le goût du jeu démocratique. Rien de cynique à ce jeu pour autant qu’il se déroule dans un esprit de tolérance, de respect et de pacifisme. Le Liban était, est et sera. Notre mandat est de le préserver dans ses frontières, mais surtout d’y refaire germer un esprit d’humanisme à travers la coexistence et la tolérance. Pour le reste, les générations se succéderont et nous sauront gré d’avoir su préserver cet esprit unique qui, bien au-delà de la géographie, consacre la vocation du Liban. Non, ce qui se passe n’est pas malsain, bien au contraire, c’est l’essence d’une démocratie unique au monde qui s’exprime. Jean-Claude DELIFER Montréal, Canada Imbroglio politique C’est à en perdre la tête, la logique et même l’espoir. Il y a eu d’abord un 14 mars, et puis… Et puis les alliances et les désunions, les polémiques et les menaces. En bref, ce marchandage qui se joue de tous les Libanais, unis le 14 mars pour crier leur ras-le-bol. Franchement, le Libanais en a marre d’être pris pour un guignol afin de servir les intérêts personnels de toute une classe politique, pourrie jusqu’aux os. Et il n’a droit à aucune vision du futur. Le marché du travail, la dette publique, le retour des émigrés, le droit de vote des Libanais de l’étranger, qui y pense ? Et vous nous appelez à voter massivement ? Quelles sont nos garanties quand même d’un 14 mars vous n’avez pu respecter les promesses ? Tout le monde veut être le héros de cette phase historique et tout le monde veut prouver qu’il a raison. À force de s’enfoncer chaque jour un peu plus dans les sables mouvants, le pays risque un jour de ne plus exister. Et vous non plus, messieurs. Muriel MATTA Limassol Pas surpris Ce fameux lundi 14 mars 2005 restera à jamais gravé dans la mémoire de tous ceux qui en furent les témoins. Jamais je n’aurais rêvé, depuis ma naissance il y a 31 ans, connaître un tel événement. Ce jour mémorable a prouvé que les Libanais de toutes les confessions, de toutes les classes sociales, de toutes les régions peuvent vivre ensemble sans problèmes, sans arrière-pensée. Sans vouloir être naïf, on croyait que tous les problèmes allaient être réglés. On avait oublié ou feint d’oublier que les hommes politiques ont fait en sorte que le miracle du 14 mars se termine en queue de poisson par la faute de leur égoïsme et leur entêtement. Sans rien comprendre à la politique, sans vouloir en savoir plus car, pour moi, ce n’est qu’une perte de temps, on se retrouve donc entouré de girouettes, d’opportunistes, d’héritiers politiques avec quelque chose de féodal, une sorte de tabboulé nationale mais au goût amer et paradoxalement insipide. « Faja’nakom mou ? » (On vous a surpris, n’est-ce-pas ?) lançait-on avec humour à l’adresse de nos voisins. Aujourd’hui, je dirais que, hélas, en ce qui nous concerne, il n’y a point de surprise Camille M. TARAZI Ça va durer longtemps? Pour le 14 mars 2005, l’opposition a exhorté les citoyens libanais à remettre tout en question et à participer massivement à la marche de l’indépendance. Le peuple a répondu à cet appel et exceptionnellement, les membres de l’opposition, dont certains ont un passé chargé de promesses manquées, furent au rendez-vous. Et puis, rien. Deux mois plus tard, après un silence radio inexplicable et des tractations sur la loi électorale indignes du 14 mars, ils se sont souvenus qu’ils avaient besoin des Libanais aux urnes. Alors de nouveau, ils s’adressent à eux, mais cette fois pour qu’ils ne se posent surtout pas de questions et qu’ils votent béatement. Franchement, ça va durer longtemps, cette mascarade ? Pour mériter nos voix, il faut s’en montrer digne ; il faut s’excuser d’avoir intentionnellement maintenu le statu quo avec cette pseudo loi électorale 2000 ; il faut avoir un programme et une vision qui correspondent aux acquis du 14 mars. Nous inciter à voter uniquement pour l’opposition ou pour l’unité nationale est une insulte à notre intelligence, tout en sachant que les listes rendues publiques mixent opposants et loyalistes, et que l’unité nationale avait été la promesse vide de tout sens des gouvernements et des parlements précédents. Vous voulez notre vote? Proposez des programmes électoraux et engagez-vous à les respecter. Vous voulez notre vote? Arrêtez de vous comporter en chefs de file communautaires. Vous voulez notre vote ? Arrêtez de manquer tous vos rendez-vous avec l’histoire ! Sinon vous risquez de provoquer un deuxième 14 mars 2005, et cette fois, vous ne serez pas les stars des tribunes, mais plutôt les vedettes malencontreuses des pancartes brandies par les manifestants. Zeina ZAKHOUR Je cherche un homme Si Diogène avait déambulé dans les rues et ruelles de Rabieh, il n’aurait éprouvé aucune difficulté à rencontrer cet homme qu’il cherchait, lampe allumée en plein jour. Car, enfin, qui de nos dirigeants a osé rendre visite en prison à son rival le plus acharné, à lui tendre la main et à tourner la page du passé ? Cet homme, le général Michel Aoun, mérite le plus grand respect. C’est un homme d’État. Michel KANDALAFT Toulouse

Une dynamique brisée

À l’heure des choses sérieuses, les grands idéaux sont foulés aux pieds et les magouilles reprennent leurs droits. Moi qui ai signé la pétition pour que les libanais de l’étranger puissent voter, je m’interroge : mais pour quoi et pour qui voter?
Maintenant que les Syriens sont partis, les grands idéaux de démocratie de liberté et de fraternité sont...