Médias - Abdel Hadi Mahfouz nouveau (et ancien) président du CNA Charles Rizk : Les télévisions ont un grand rôle à jouer dans le développement de la démocratie et de l’entente

Plus de deux mois après la désignation de ses nouveaux membres et malgré le problème de la représentativité sunnite (le Parlement ayant élu deux grecs- catholiques au lieu d’un sunnite et d’un grec-catholique), le Conseil national de l’audiovisuel a élu samedi son nouveau président. Le même qu’avant. Réunis au ministère de l’Information, en présence du ministre Charles Rizk et du directeur général du ministère, Hassan Falha, les membres ont élu Abdel Hadi Mahfouz président, Ibrahim Awad vice-président et Fouad Daaboul secrétaire général. À une semaine du début des élections, le CNA peut donc officiellement exercer ses fonctions de surveillance à l’égard des médias audiovisuels libanais, pour vérifier que la loi est respectée. Tout en présentant ses félicitations aux élus, Charles Rizk a insisté sur l’importance du rôle du CNA en cette période cruciale, affirmant que les médias ont un rôle essentiel à jouer dans le développement de la démocratie et dans la contribution à créer un climat d’entente. Le ministre de l’Information a aussi révélé qu’en plus des observateurs de l’Onu et ceux de l’Union européenne, il a été contacté par l’Organisation de la francophonie qui a déclaré être prête à envoyer des observateurs au Liban pour suivre le déroulement des élections. « Nous sommes un pays où la démocratie est installée depuis longtemps et où les libertés font partie de notre existence même, a souligné M. Rizk. C’est pourquoi, lorsque nous accueillons les observateurs, c’est pour leur montrer notre degré de transparence et nos pratiques démocratiques. » M. Rizk a souhaité au CNA plein succès dans sa mission, précisant que le climat d’entente qui a régné au cours des réunions qu’il a tenues avec les représentants des chaînes locales facilitera sans doute cette tâche. Au cours de ces réunions, les chaînes locales ont accepté de se conformer à une sorte de « code de bonne conduite », établi sur une initiative du ministre de l’Information. Ce dernier a toutefois ajouté que son rôle avec le CNA se résume à le convoquer dans les délais légaux et à présider sa première réunion. Maintenant que c’est fait, il le laissera remplir sa mission « en toute liberté », a-t-il précisé. Le code de bonne conduite à l’épreuve De son côté, le président du CNA, Abdel Hadi Mahfouz, a remercié les membres pour leur confiance et a souhaité que le CNA soit doté de prérogatives décisionnelles, dans le cadre de l’amendement de la loi sur la réglementation de l’audiovisuel. Le président du CNA a rappelé que les médias audiovisuels ont une grande responsabilité face à l’opinion publique. Au cours des réunions tenues avec les responsables des chaînes, « il a été convenu, a-t-il dit, de mettre en valeur les points communs entre les Libanais et non les points de divergence. Le grand problème au Liban est la question confessionnelle. Les médias peuvent avoir un grand rôle pour diffuser une culture de la citoyenneté qui dépasse les confessions ». M. Abdel Hadi Mahfouz a aussi insisté sur le fait que le CNA est neutre et se tient à égale distance de toutes les forces politiques. Il suivra la campagne électorale dans le respect de la liberté d’expression. Mais celle-ci ne doit pas entraîner l’anarchie, ni le développement des instincts confessionnels, ni favoriser un courant au détriment d’un autre. « Le code de bonne conduite a prévu que tout candidat qui a été interdit d’antenne en faveur d’un autre pourra déposer une plainte devant le CNA, a encore déclaré M. Mahfouz. Nous attendons beaucoup de l’application volontaire de ces règles par les médias, car elle permettra d’éviter l’utilisation de l’article 68 de la loi électorale contre eux. D’ailleurs, les chaînes ont convenu entre elles de ne pas diffuser des annonces électorales. En ce qui nous concerne, nous ouvrirons un bureau pour recevoir les plaintes éventuelles. Si nous constatons une violation flagrante des principes, nous établirons un rapport en ce sens au ministre de l’Information. »