Alliances électorales - L’ancien commandant en chef de l’armée candidat au Kesrouan Forcing nocturne pour faire aboutir les négociations entre le CPL et le PSP

À cinq jours de l’expiration, vendredi à minuit, du délai pour le dépôt des candidatures pour les élections législatives dans le Mont-Liban, le Courant patriotique libre et M. Walid Joumblatt tentent toujours de parvenir à un accord sur une liste unifiée dans les deux circonscriptions du Chouf et de Aley-Baabda. Ce forcing nocturne se déroulait hier soir au domicile de M. Marwan Hamadé, en présence de MM. Waël Abou Faour, Ghattas Khoury, Gebran Bassil et Ziad Abs. Auparavant dans la journée, et aux dernières nouvelles, le général Aoun réclamait quatre à cinq députés répartis sur les deux circonscriptions, alors que M. Joumblatt estimait qu’« étant une partie de l’opposition, et non toute l’opposition », le général Aoun pouvait prétendre seulement à deux sièges : un siège maronite au Chouf, qu’occuperait sans doute le Dr Mario Aoun, président de l’Ordre des médecins, en lieu et place du député Élie Aoun, et un second siège maronite à Baabda-Aley. Cette portion semblait trop congrue au général Aoun, qui protestait à double titre. D’abord, du point de vue du nombre des sièges, d’autre part au titre de sa représentativité interconfessionnelle. Le CPL, assurait-il, dispose d’une assise populaire dans toutes les communautés, et ce serait le réduire que de ne lui accorder le droit de nommer, au sein des listes unifiées, que des députés chrétiens. Ainsi, le général Aoun souhaitait pouvoir désigner un candidat chiite et un autre druze. Au sein du bloc Joumblatt, on estimait que le CPL devrait se considérer heureux d’avoir droit à deux fois plus de députés que les Forces libanaises, qui en ont obtenu un, M. Georges Adwane, et que M. Amine Gemayel, qui en a obtenu un également, dans la circonscription de Baabda-Aley, M. Antoine Ghanem. On faisait valoir notamment que l’augmentation de la quote-part des sièges du général Aoun se ferait au détriment des indépendants, comme MM. Fouad el-Saad, Salah Honein ou Henri Hélou, et que l’esprit de « partenariat » dans lequel se travaillent les listes unifiées de l’opposition se transformerait véritablement en esprit « hégémonique », ce que l’on reproche à la liste bloquée Amal-Hezbollah, au Sud. On rappelle que le nombre de sièges, au Chouf est de huit, répartis de la sorte : deux druzes, deux sunnites, trois maronites et un grec-catholique. À Baabda-Aley, onze députés doivent être élus, répartis selon les confessions comme suit : Aley (deux druzes, deux maronites, 1 grec-orthlodoxe) et Baabda (un druze, trois maronites et deux chiites). Les négociations avec le général Aoun sont conduites par M. Marwan Hamadé, au nom de M. Joumblatt, et par le Dr Ghattas Khoury, au nom du Courant du futur de M. Saadeddine Hariri, qui a renouvelé son intention, hier, « de n’exclure personne ». Le Hezbollah arbitre Dans les milieux du Hezbollah, hier, on n’excluait pas une confrontation électorale dans la circonscription de Baabda-Aley entre le CPL et M. Joumblatt, et, dans le cas d’un alignement des Forces libanaises et de M. Amine Gemayel sur les positions de M. Joumblatt, d’une alliance du général Aoun avec M. Talal Arslan et le PSNS. Auquel cas, a-t-on ajouté dans les milieux chiites, ce seront les 10 000 voix du Hezbollah qui feront pencher la balance. C’est peut-être la raison pour laquelle on a vu le leader du PSP courtiser le Hezbolllah, hier, lors d’une tournée inopinée dans la région de Tyr, où il a effectué deux visites de condoléances. « Dans la région de Baabda-Aley, a-t-il dit, le Hezbollah est un partenaire essentiel. » Les autres circonscriptions Sur un autre plan, le suspense entretenu jusqu’à présent sur la candidature du général Michel Aoun lui-même s’est achevé. Le chef du CPL briguera l’un des sièges maronites de la circonscription Kesrouan-Jbeil, apprenait-on de source informée. Dans cette circonscription, le général Aoun ferait alliance, essentiellement, avec Carlos Eddé (Bloc national) et Mansour el-Bone. Dans le noyau de liste ainsi formé figureraient aussi les noms de Farid el-Khazen, membre de Kornet Chehwane, en priorité, ainsi que ceux de Nehmetallah Abi Nasr et Farès Souhaid. Pour le siège chiite de Jbeil, le CPL avancerait la candidature de Imad Haïdar. On rappelle que les sièges maronites à pourvoir au Kesrouan sont au nombre de 5, auxquels il faut ajouter les deux sièges maronites de Jbeil. Dans les autres circonscriptions, la situation du CPL se présente comme suit : Metn : le CPL appuierait deux candidatures, celles d’Edgar Maalouf (grec-catholique) et d’Ibrahim Kanaan (maronite). Le courant de M. Amine Gemayel appuierait, lui, les candidatures de Pierre Gemayel et de Wadih Hajje, tous deux maronites. La liste comprendrait aussi MM. Nassib Lahoud (maronite), Gabriel Murr et Ghassan Moukheiber, tous deux grecs-orthodoxes. L’incertitude continuait de planer hier sur le nom du candidat arménien. Dans le Akkar, le CPL réclame deux sièges, l’un sunnite, l’autre grec-orthodoxe. Mais le Courant du futur de M. Hariri voudrait se réserver le droit de nommer le député sunnite. À Tripoli, le CPL avance les candidatures d’Ismaïl Allouche (sunnite) et de Youssef Saadallah Khoury (maronite) ; au Koura, celle de M. Sélim Azar, un grec-orthodoxe ; à Zghorta, celle de M. Fayez Karam (maronite). À Batroun, la candidature de M. Gébran Bassil (maronite) a été retenue, mais il semble que sur ce point en particulier, le Courant du futur ne soit pas d’accord et qu’il voudrait faire élire M. Bassil au siège maronite de Tripoli. Le Batroun fait partie de l’une des deux grandes circoncriptions électorales du Liban-Nord, rappelle-t-on. À Zahlé, le CPL appuie M. Salim Aoun et dans la Békaa-Ouest, M. Élias Ferzli (a ne pas confondre avec le député Élie Ferzli). En tout état de cause, les négociations continuaient hier tard en soirée entre le CPL, d’une part, et le bloc Joumblatt et le Courant du futur, de l’autre.