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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE - Les forces de sécurité et des miliciens chiites accusés d’implication dans des meurtres de sunnites Les tensions communautaires sont à leur paroxysme

Les accusations sur l’implication des forces de sécurité et de miliciens chiites dans des meurtres de sunnites ont porté à son paroxysme la tension entre les deux principales communautés religieuses d’Irak malgré l’appel au calme lancé par le grand ayatollah Ali Sistani. Dans la dernière et la plus virulente des accusations, le Comité des ulémas, la principale association religieuse sunnite d’Irak, a directement mis en cause mercredi l’Organisation Badr (chiite) dans le meurtre de sunnites à Bagdad. « C’est l’Organisation Badr qui est responsable de (ces meurtres) et je prends la responsabilité » de ces accusations, a accusé son porte-parole Hareth Dari. Qualifiée de milice par les sunnites malgré l’incorporation de beaucoup de ses hommes dans les forces régulières irakiennes, l’Organisation Badr est la branche armée du parti du Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), l’un des piliers du gouvernement à dominante chiite du Premier ministre Ibrahim al-Jaafari. Ce dernier, interrogé sur ces meurtres par des journalistes, s’est borné à répondre que son équipe avait un « plan » pour la sécurité. Dans un mouvement de protestation sans précédent, le Comité des ulémas, les waqfs sunnites (biens religieux) et le Parti islamique, l’un des principaux partis sunnites, ont lancé un appel à une grève de la prière dans les mosquées pendant trois jours à partir d’aujourd’hui après-midi. « La communauté sunnite en appelle au gouvernement pour arrêter immédiatement ces pratiques. Dans le cas contraire, (nos) actions seront plus fortes », ont mis en garde le Parti islamique et les ulémas dans un communiqué conjoint. Ces derniers ont accusé les services de sécurité, formés selon eux « en majorité par des milices de certains partis membres du gouvernement », d’avoir tué ces derniers jours 14 sunnites, dont trois imams, dans Bagdad. Les ministres de l’Intérieur et de la Défense, le chiite Bayane Baqer Soulagh et le sunnite Saadoun al-Doulaïmi – appelés à la démission par des responsables sunnites –, ont catégoriquement démenti une quelconque implication des forces irakiennes dans ces assassinats. Ajoutant à la confusion, M. Doulaïmi, qui avait annoncé lundi la fin des raids contre les mosquées et les lieux de prières, est revenu mercredi en partie sur sa décision. « Que les mosquées servent à abriter les terroristes, on ne pourra jamais l’accepter », a-t-il dit, ajoutant que les opérations se poursuivraient contre celles qui servent de « casernes ou de dépôts d’armes ». « Ces agissements peuvent conduire, s’ils se poursuivent, à une guerre civile voulue par certains tant à l’intérieur de l’Irak qu’à l’extérieur », ont répondu les ulémas. Dans ce qui ressemble désormais à des vengeances intercommunautaires, un religieux chiite, proche du grand ayatollah Ali Sistani, a été assassiné mercredi par des hommes armés à une sortie sud de Bagdad, ont indiqué ses proches lors de ses funérailles hier. Pourtant, le grand ayatollah, le plus influent des chefs religieux chiites du pays, a appelé lundi à la « fraternité » avec les sunnites, selon des propos rapportés par M. Jaafari qui l’avait rencontré dans la ville sainte de Najaf. Le président du Parlement, le sunnite Hajem Hassani, s’est aussi voulu apaisant. « Nous ne pouvons pointer le doigt sur quiconque sans avoir de preuve », a-t-il déclaré hier. « Je ne sais pas qui est derrière cela mais c’est au gouvernement de trouver » les coupables, a-t-il ajouté. Mehdi LEBOUACHERA (AFP)
Les accusations sur l’implication des forces de sécurité et de miliciens chiites dans des meurtres de sunnites ont porté à son paroxysme la tension entre les deux principales communautés religieuses d’Irak malgré l’appel au calme lancé par le grand ayatollah Ali Sistani. Dans la dernière et la plus virulente des accusations, le Comité des ulémas, la principale association...