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« Frontline/World : Lebanon and Syria », titre d’un documentaire diffusé sur la PBS Quand la télévision américaine raconte l’intifada libanaise

NEW YORK, de Sylviane ZÉHIL Un documentaire très optimiste de trente minutes, racontant l’intifada de l’indépendance vécue par le Liban depuis l’assassinat de Rafic Hariri, a été diffusé ces jours derniers aux États-Unis par la chaîne de télévision PBS. L’émission, intitulée « Frontline/World : Lebanon and Syria », a attiré une grande audience. L’idéalisme d’une nouvelle génération lasse des conflits et de la caste politique traditionnelle, en quête d’indépendance, de souveraineté et de liberté est le centre d’intérêt de cette réalisation signée Kate Seelye et Jessie Deeter. La couverture des faits est de la même veine que les reportages en zones de conflit. Les segments présentés sous-entendent un malaise certain. Le ton, parfois monotone et prudent à bon escient, se veut objectif. Le documentaire a été présenté en deux volets : libanais et syrien. Tout démarre au moment de la déflagration qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. C’est du haut de son balcon que la fille de l’ex-ambassadeur des États-Unis en Syrie, la journaliste Kate Seelye, montre la scène sur le vif. La description visuelle de ce moment historique avec la colonne de fumée, la destruction des hôtels alentour, le carnage, les carcasses des voitures calcinées, les lambeaux de tissus, les blessés, la terreur et la détresse se lisant sur tous les visages, est liée à la naissance du mouvement d’émancipation démocratique. Et l’on assiste au cortège des funérailles populaires, à l’unité nationale face au drame. Le recueillement collectif devant la tombe de Rafic Hariri représentant « un Liban fort, un Liban international ». Les slogans antisyriens fleurissent un peu partout. Le soulèvement populaire pacifique demandant en cadence le retrait des Syriens et la vérité sur l’assassinat sont mis en exergue. La jeunesse est là pour le clamer. Les scènes montrant les différentes manifestations spontanées et historiques à Beyrouth, celle organisée par le Hezbollah et la spectaculaire riposte du million de personnes représentant l’appel du peuple libanais, le 14 mars, qui ont fait la une des médias internationaux, se succèdent. Kate Seelye ne cache pas son parti pris. Elle blâme la Syrie pour l’attentat et aussi pour d’autres actes perpétrés au Liban pendant la guerre. Elle montre aussi l’influence néfaste des services de renseignements syriens qui ont participé au pillage de l’économie libanaise. La journaliste américaine, qui a vécu sept ans à Damas et trois au Liban, parle l’arabe. Elle glane les informations avec maîtrise et semble circuler au Liban et en Syrie en terrain familier. Elle connaît parfaitement son sujet. Bien qu’accompagnée d’un interprète, elle n’hésite pas à poser des questions en arabe, s’il le faut. Lors d’une conférence de presse, elle affronte ouvertement le ministre de la Justice d’alors, Adnane Addoum, sur son incapacité à freiner la corruption et suggère qu’il démissionne. La journaliste rencontre l’ancien ministre Marwan Hamadé, à son domicile, pour parler de la présence syrienne au Liban. Ce dernier lui confirme les menaces proférées par Bachar el-Assad à l’encontre de Rafic Hariri. Elle se rend aussi à Moukhtara pour y rencontrer Walid Joumblatt. Sa visite au directeur du Nahar, Gebrane Tuéni, complète le tableau. Quant au Hezbollah, il est présenté comme pouvant être une menace pour la stabilité du Liban, mais aussi comme un nouveau partenaire dans le processus de démocratisation. Dans cette euphorie ambiante de la nouvelle indépendance du Liban, des voix discordantes sont cependant entendues. Poursuivant son reportage, Kate Seelye traverse la frontière syrienne pour suivre le retrait des chars syriens du Liban. À Damas, le téléspectateur se trouve embarqué dans un tour touristique au cœur de la ville, avec ses souks colorés, ses vestiges antiques et la mosquée des Omeyyades. Loin de la caméra, Kate Seelye souligne que la Syrie est un « État policier » où la liberté d’expression semble limitée. Elle se dirige vers la frontière syro-irakienne où flotte au loin le drapeau américain derrière les fils barbelés et les sacs de sable qui délimitent la frontière. Là, elle soulève la question des infiltrations à partir de cette frontière. Le segment réalisé en Syrie montre le malaise qui y règne et la crainte de voir se perpétuer la crise économique. Des voix appellent au changement et aux réformes. Selon la journaliste, le président syrien avance avec prudence afin que la Syrie ne fasse pas partie de la liste des pays de « l’axe du mal ». Ne pouvant rencontrer le président syrien, Kate Seelye a un entretien avec Bouthayna Chaabane, porte-parole de Bachar el-Assad. Mme Chaabane défend avec véhémence le point de vue de son pays, affirmant que la « Syrie serait prête à apporter son aide pour connaître la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri. Car la Syrie ne peut bénéficier de cet acte criminel ». Réfutant toute comparaison avec Saddam Hussein, Mme Chaabane a fortement clamé que « la Syrie ne développe pas un arsenal nuclaire ».
NEW YORK, de Sylviane ZÉHIL

Un documentaire très optimiste de trente minutes, racontant l’intifada de l’indépendance vécue par le Liban depuis l’assassinat de Rafic Hariri, a été diffusé ces jours derniers aux États-Unis par la chaîne de télévision PBS.
L’émission, intitulée « Frontline/World : Lebanon and Syria », a attiré une grande audience. L’idéalisme d’une...