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Actualités - OPINION

Éclairage - Pause contemplative entre le PSP et le CPL, le « partenariat » désormais en toile de fond L’issue des contacts à Baabda-Aley déterminera toute la géographie électorale

Entre le Parti socialiste progressiste et le Courant patriotique libre, les temps sont à l’accalmie. Walid Joumblatt ne traite plus Michel Aoun et ses compagnons de « tsunami » qui vient balayer tout le monde sur son passage. L’ancien Premier ministre ne s’en prend plus au chef du PSP pour l’inviter sur un ton ferme à cesser de jouer aux « libertadors ». Les deux camps respectifs ont baissé le ton et, après l’épreuve de force verbale, ils ont cessé de se jauger pour entamer des négociations sur la formation des listes. À l’origine de ce « réchauffement » entre les deux parties, un changement de « style », d’approche qui s’est opéré progressivement. Le général reprochait à Walid Joumblatt d’avoir sciemment élaboré, avant même son arrivée, une stratégie d’endiguement pour l’isoler et l’exclure des listes préfabriquées en lui laissant de beaux restes. Le chef du PSP a vu en Aoun une menace, un raz-de-marée aux « ambitions démesurées », qui ravagerait la quiétude de l’influence joumblattiste dans la Montagne. Le souvenir de la partielle de Baabda-Aley en 2003, qui avait montré l’étendue de la popularité de Michel Aoun dans cette région (Hikmat Dib avait perdu avec un faible écart de voix, et il ne bénéficiait pas de soutien réel, l’opposition étant neutralisée, face à une coalition Joumblatt-Arslane-loyalistes et prosyriens-Hezbollah, etc.), est encore frais dans les mémoires. Les deux hommes se sont rencontrés (sans se rencontrer physiquement encore !) à mi-chemin : sur la nécessité d’établir un partenariat, loin de toute logique hégémonique. C’est d’ailleurs le même point que les artisans de la négociation, Marwan Hamadé et Waël Bou Faour pour le PSP, Gebrane Bassil et Ziad Abs pour le CPL, mettent en relief : la logique du partenariat, qui ouvre la voie au fait qu’aucune partie ne sente que l’autre est, à un moment donné, en train de la mener en bateau. Partant, aounistes et joumblattistes se sont déjà mis d’accord sur l’essentiel, à savoir les grandes lignes d’un programme politique commun pour l’avenir : réformes politiques et économiques, lutte contre la corruption, nécessité de ne pas couvrir le gaspillage, etc. Une fois cette plate-forme commune mise en place, le PSP et le CPL ont fixé chacun leurs conditions dans les négociations. Au nombre de celles-ci, le CPL refuse de jouer un rôle confessionnel dans lequel d’aucuns, comme le chef du PSP, auraient intérêt à le confiner dans la circonscription de Baabda-Aley en ne lui permettant que de choisir les candidats chrétiens. C’est pourquoi il demande, à titre d’exemple, de pouvoir nommer lui-même le candidat chiite ou le candidat druze de Baabda par exemple (ce dernier siège étant actuellement occupé par Ayman Choucair). Étant entendu que le CPL, selon une source responsable, n’entend pas dominer la liste, mais y faire participer Kornet Chehwane, le Mouvement réformiste kataëb, le Courant du futur, le Hezbollah et probablement les Forces libanaises. Et, dans ce cadre, tout un cortège de noms sont jetés dans la bataille, sans qu’aucun ne soit sûr. On évoque ainsi, sur le plan aouniste, les noms suivants : Issam Abou Jamra (orthodoxe), Nagi Gharios, Hikmat Dib (maronites), tout en associant des figures de Kornet Chehwane, Salah Honein (qui n’a plus rien à prouver, du reste), Chakib Cortbawi, Antoine Ghanem, etc. Cependant, aussi bien Marwan Hamadé que les cadres aounistes refusent de se prononcer sur les noms des candidats, estimant que ce jeu est dangereux. « Le diable se cache toujours dans les détails » était d’ailleurs hier le leitmotiv sur toutes les lèvres. Par ailleurs, un obstacle continue de ralentir les négociations, et met chacune des parties sur ses gardes : Walid Joumblatt lie le succès éventuel de ses négociations à Baabda-Aley au début des concertations entre le CPL et le Courant du futur au Liban-Nord, en vertu de l’alliance Joumblatt-Hariri. Ce à quoi le CPL s’oppose, estimant que chaque région à ses spécificités, et que Joumblatt n’est pas concerné par ce qui pourrait se passer au Nord, une région où il n’a pas pied. D’où le fait que le sort des négociations sur Baabda-Aley déterminera probablement le sort des alliances dans les autres régions. En cas de succès, cela ouvrirait la voie à une possibilité d’alliance entre Aoun et Hariri à Tripoli, où les contacts aounistes se limitent pour l’instant à Mohammed Safadi et à Misbah el-Ahdab. Alors qu’un échec ouvrirait la voie à une bataille tous azimuts, sans pour autant que Aoun ne s’allie à Sleimane Frangié ou Omar Karamé, avec qui le dialogue n’avance pas. Elle aura aussi des retombées sur le Metn-Nord. L’entente au Metn-Sud pourrait déterminer aussi les alliances dans la Békaa. Enfin, un accord avec Joumblatt à Baabda-Aley pourrait ouvrir la voie à une participation aouniste à la liste du PSP au Chouf. Mais pour l’instant, rien n’est joué. Il faudra attendre les résultats, au terme des réévaluations effectuées par chacun hier au sein de son propre camp, d’autant que les détails et les noms sont autant de pièges à contourner. Et les prochaines 48 heures seront déterminantes, les cartes devant être abattues au plus tard lundi. Elles conduiront soit à une guerre électorale fratricide et coûteuse, soit à une rencontre au sommet entre Michel Aoun et Walid Joumblatt, pour consacrer l’entente et ouvrir une nouvelle page fondée sur la stabilité de la Montagne. Dont dépend, une fois de plus, le Liban tout entier. Michel HAJJI GEORGIOU
Entre le Parti socialiste progressiste et le Courant patriotique libre, les temps sont à l’accalmie. Walid Joumblatt ne traite plus Michel Aoun et ses compagnons de « tsunami » qui vient balayer tout le monde sur son passage. L’ancien Premier ministre ne s’en prend plus au chef du PSP pour l’inviter sur un ton ferme à cesser de jouer aux « libertadors ».
Les deux camps...