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éclairage - Les tractations Joumblatt-Aoun commenceraient dès aujourd’hui La (très) timide résurrection de l’esprit du 14 mars

À l’évidence, une bataille, une vraie, dans les règles de l’art, c’est bien plus démocratique que des élections d’office qui se suivent jour après jour, bien plus intéressant qu’un scrutin joué d’avance. À l’évidence, des législatives basées sur une loi saine, crédible, propre et équilibrée auraient satisfait tous les Libanais, surtout en ce moment, surtout maintenant que tout est à reconstruire, surtout que la loi 2000 est d’une perversité inouïe. À l’évidence, bien d’erreurs de part et d’autre auraient pu être évitées, beaucoup de temps aurait pu être gagné, beaucoup de susceptibilités préservées, et beaucoup plus encore d’injustices réparées... Il n’empêche, deux images fortes ont marqué les rétines hier, deux images ont occupé les langues, rassurant de nombreux citoyens électeurs, rééquilibrant un peu les choses : celle de Sethrida Geagea aux côtés de Walid Joumblatt, et celle de Solange Gemayel (mais aussi, à un autre niveau, de Gébrane Tuéni) aux côtés de Saad Hariri. Même si elles ne résolvent pas le fond du problème – la loi 2000, putride, et la perpétuation du sentiment d’exclusion, de marginalisation –, ces deux résurrections hyperconcrètes du 14 mars semblent être aussi bien le signe annonciateur d’un léger mieux, l’ébauche d’une promesse, encore ténue, encore tellement fragile, que la confirmation d’une urgente réalité : la vraie bataille, désormais, c’est à la future majorité parlementaire plurielle de la mener en réponse aux attentes de tout un peuple. Cette bataillle s’appelle une nouvelle loi électorale. En acceptant comme colistier l’un des ex-symboles de la guerre de 1975 – le FL Georges Adouane – et non un apparenté FL ou un FL « dilué », l’ex-symbole de la guerre qu’est Walid Joumblatt a donné davantage d’éclat à cette réconciliation qu’avait consacrée à Moukhatara en 2001 le patriarche maronite. L’exemple est donné, et la barre a été placée suffisamment haut pour laisser présager des représentativités plus intéressantes. On pourrait certes s’interroger sur l’absence d’un PNL, mais qui mieux que Dory Chamoun lui-même aurait incarné ce courant au Chouf – sauf qu’il est inéligible – ? sans compter que la vraie réconciliation, c’est effectivement entre le PSP et les FL que les habitants du caza l’attendaient. En ouvrant, d’une façon ou d’une autre, sa liste à Solange Gemayel, et fort des conseils et des heureuses médiations de Marwan Hamadé et de Michel Pharaon, l’héritier politique de Rafic Hariri prouve lui aussi qu’il a compris les nécessités naturellement dictées par le 14 mars. La veuve du président martyr, colistière de Saad Hariri, n’est pas la seule, certes, à incarner les attentes et les valeurs d’une incontournable partie des Beyrouthins ; elle n’a certes pas encore eu l’occasion de prouver ses qualités, mais sa présence sur la liste Hariri représente, là aussi, une belle avancée. Sauf que pour jeter les bases d’un nouvel équilibre, d’un nouveau Liban, ce qui s’est passé hier à Beyrouth et au Chouf doit impérativement se faire cloner entre tous les représentants du Rassemblement du Bristol (à commencer par le CPL de Michel Aoun) et faire tache d’huile dans tous les mohafazats où l’opposition plurielle peut provoquer de bienheureux tsunamis à coups de concessions mutuelles. C’est-à-dire dans les deux circonscriptions du Liban-Nord, celle de la Békaa-Ouest-Rachaya, sans oublier évidemment les urgentes ententes christiano-chrétiennes du Metn et du Kesrouan-Jbeil. Ni, bien entendu, l’œil du cyclone : Baabda-Aley. À partir d’aujourd’hui, commenceront véritablement les tractations, notamment celles, directes dit-on, entre Walid Joumblatt et Michel Aoun. Et cela avait commencé dans les dernières 48 heures, au cours dequelles le chef du PSP avait envoyé, par le truchement de deux de ses plus proches collaborateurs et amis, de nombreux messages à l’ancien Premier minsitre. Des messages clairs et nets, selon des sources bien informées : que le courant aouniste, une des nombreuses composantes des deux cazas, est sans doute le plus puissant ; que le chef du PSP n’entend absolument pas proposer un nombre donné de sièges, qu’il n’est pas dans la logique du « Je donne, tu prends ». Le général retourné d’exil écoutera-t-il, entendra-t-il ? Maintenant qu’il est presque sûr que le Hezbollah, d’une part, et Walid Joumblatt et Saad Hariri, de l’autre, semblent avoir signé un pacte de non-agression électorale, que reste-t-il à Michel Aoun, au cas où il opposerait son veto à toute alliance inter-Bristol, à part Talal Arslane, avec lequel une entente serait des plus malvenues pour l’opinion publique,notammentchrétienne ? Si le général Aoun ne tend pas la main à son tour, décidera-t-il de boycotter les législatives 2005 en ce marginalisant à outrance (cela est-il vraiment fait pour lui déplaire ?) ou bien se lancera-t-il, seul et à l’échelle nationale, dans une bien difficile, bien compliquée et pas très compréhensible bataille ? Le général s’est senti quadruplement trahi, et sans doute a-t-il ses propres et légitimes raisons de le penser, mais une trahison, cela se répare, cela s’oublie, surtout que le « Tous pourris sauf moi » n’a jamais mené bien loin. Et en tissant des alliances partout et avec tous ceux du Bristol, des alliances qui satisferaient tout le monde, celui dont les idées et la vision politiques sont parmi les plus populaires et les plus sexy pourrait se constituer, pour la première fois, un bloc parlementaire qui travaillerait avec les autres de l’opposition à l’assainissement du Liban, à la gestion de la nécessaire cure de désintoxication par laquelle le pays doit passer. En commençant, dès la fin 2005, par l’indispensable adoption d’une nouvelle loi électorale. Ziyad MAKHOUL

À l’évidence, une bataille, une vraie, dans les règles de l’art, c’est bien plus démocratique que des élections d’office qui se suivent jour après jour, bien plus intéressant qu’un scrutin joué d’avance. À l’évidence, des législatives basées sur une loi saine, crédible, propre et équilibrée auraient satisfait tous les Libanais, surtout en ce moment, surtout...