LIBAN-SUD - À Beyrouth, on accuse Tel-Aviv de provoquer l’escalade pour obtenir l’application de l’ensemble de la 1559 Nouvel embrasement à Chebaa : échanges de tirs entre les Israéliens et le Hezbollah, raids contre Kfarchouba

Le front de Chebaa s’est de nouveau embrasé hier, menaçant d’une sérieuse escalade. Un échange de tirs entre des soldats israéliens et des combattants du Hezbollah a été suivi de raids menés par l’aviation israélienne, pour la première fois depuis janvier, contre des villages libanais. Les deux parties se sont fait assumer mutuellement la responsabilité de ces affrontements, au moment où de sources libanaises, citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, on accusait sans ambages l’État hébreu d’avoir provoqué les incidents à la frontière afin d’obtenir l’application du second volet de la résolution 1559 du Conseil se sécurité, qui appelle au désarmement du Hezbollah et de toutes les milices non libanaises. Sur le terrain, le calme est revenu à la frontière en soirée, mais la tension demeurait vive, d’autant que les deux parties étaient toujours sur le qui-vive, surtout que les incidents se répètent depuis mercredi. Le front de Chebaa s’est embrasé le matin lorsque le village de Kfarchouba a été visé par des tirs à la mitrailleuse lourde de l’armée israélienne, ce que des sources militaires israéliennes, citées par l’AFP, ont cependant démenti. Une habitation de ce village a été touchée, mais les tirs n’ont pas fait de blessés. Dans un communiqué, la Résistance islamique, branche armée du Hezbollah, a affirmé avoir riposté à ces tirs à 15h40 heure locale, en « mettant en garde contre tout acte d’agression visant des civils ». Le communiqué précise que les combattants de la Résistance islamique ont attaqué une position israélienne à Roueisate el-Alam. Une source militaire israélienne a affirmé que neuf explosions, « dues vraisemblablement à des roquettes tirées par le Hezbollah », ont frappé le secteur des fermes de Chebaa, sans faire de victimes. Selon cette source, l’armée israélienne a ensuite riposté à l’artillerie, et quatre postes de tir du Hezbollah ont été détruits. Aussitôt après, la chasse israélienne a effectué deux raids, tirant « deux missiles » air-sol sur les environs de la localité de Habbariyé, près de Kfarchouba, face au secteur des fermes de Chebaa. Quelques minutes plus tard, l’aviation israélienne a effectué un autre raid à l’ouest de Kfarchouba. Parallèlement, un hélicoptère israélien a tiré des missiles sur la région de Khiam tandis que la localité de Rmeich était l’objet de tirs d’artillerie. On rappelle que les deux villages se trouvent à proximité de la frontière libano-israélienne. Le ministre des Affaires étrangères, Mahmoud Hammoud, a attribué à Israël la responsabilité de « l’escalade de la tension » et appelé dans une déclaration à la presse « la communauté internationale et les Nations unies à agir pour assurer la stabilité ». Pour sa part, le Premier ministre Nagib Mikati a mené « des contacts avec des responsables de l’Onu et de la Finul pour contenir cette tension » qui couve depuis plusieurs jours dans cette zone. Le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, a rendu le Liban responsable de la tension à la frontière. « Israël considère que le Liban est responsable de ce qui se passe sur sa frontière », a déclaré M. Mofaz à la radio publique israélienne, soulignant que son pays « ne souhaitait pas une escalade ». « Nous suivons de près ce qui se passe au Liban. Les Syriens continuent à avoir un certain rôle en dépit de l’annonce du retrait de leurs troupes », a-t-il ajouté. À Beyrouth, il ne fait pas de doute que c’est l’État hébreu qui cherche à allumer le front du Liban-Sud. De source politique libanaise, on n’exclut pas que Tel-Aviv ait demandé à un de ses agents au Liban de lancer une roquette contre une zone industrielle de la localité israélienne de Shlomi afin de raviver la tension à la frontière et d’embarrasser le gouvernement libanais pour montrer qu’il n’a nullement l’intention d’appliquer la résolution 1559.