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Le coup de fouet épiscopal stimule un élan d’unité opposante

Le patriarche Sfeir a convoqué d’urgence l’Assemblée des évêques maronites pour mettre le doigt sur la plaie en constatant que la loi électorale déroge à l’esprit consensuel de Taëf. Et foule aux pieds cette éclatante unité des Libanais de la journée historique du 14 mars. Le coup de semonce épiscopal a pour effet indirect de rappeler à l’opposition ses obligations et de l’inciter à ne pas (trop) se désunir à cause des élections. Ainsi, les aounistes vont participer aux assises du Bristol ce jeudi. Une des dernières chances sans doute de composer des listes unifiées en base de ce partage équitable des candidatures prôné vendredi dernier par le patriarche. Le comité de suivi a, on le sait, pavé la voie des sélections, globalement, lors de sa rencontre de mardi chez la Gauche démocratique. Il fait peu de doute, répétons-le, que le tocsin sonné par les évêques continuera à retentir aux oreilles des opposants lors de leur rencontre d’aujourd’hui. Les prélats ont souligné que l’application de la loi 2000 va sans nul doute produire des résultats pour le moins négatifs. Relevant que déjà, des personnalités, écœurées, se sont retirées de la course. Signe révélateur préoccupant. Le communiqué invite les responsables, chrétiens et musulmans, à bien comprendre le tableau pour faire passer l’intérêt national avant tout autre considération en veillant à consolider une coexistence qui doit se vivre dans l’égalité. Il est vain de souligner que le patriarche, qui ne le cache pas, est extrêmement courroucé de la tournure qu’ont prise les choses au niveau de la loi électorale. L’abandon de la formule du caza, nécessaire à ses yeux pour une représentation véritable des différentes composantes du pays, lui semble porteur de graves périls pour la nation. D’autant que le caza, comme le ministre auteur du projet Sleimane Frangié l’avait souligné, aurait mis les chrétiens à l’abri d’une perpétuation de leur marginalisation. Pour ne pas dire de leur exclusion. Ce qui a sans doute indigné le plus Bkerké, c’est de voir des opposants tiers trahir leur propre cause. En biaisant par rapport au caza, en manœuvrant presque ouvertement pour la 2000 sans tenir compte de leurs partenaires. Sans ménager les chrétiens qui se sont tenus aux côtés des musulmans depuis l’assassinat du président martyr Rafic Hariri en participant en masse à toutes les marches, à tous les sit-in, à la grande manifestation du 14 mars pour réclamer la vérité. Alors que tout le monde chante la coexistence, l’associé mahométan a pratiquement tourné le dos à l’associé chrétien, ajoutent de leur côté des pôles opposants. Ce qui fait de l’unité nationale un slogan creux. À la grande déception des Libanais, jeunes en tête. Ces sources soutiennent que, malgré les dénégations des intéressés, il est clair que les haririens et les joumblattistes se sont démarqués du front opposant pour s’entendre, à d’évidentes fins électorales, avec Amal et le Hezbollah afin de maintenir le Parlement sous la coupe de quatre grands blocs nés de la 2000, loi des parachutages, des bus et des bulldozers. Ainsi à Beyrouth, la liste Saad Hariri, dont la proclamation a été retardée de 48 heures, serait un simple duplicata du bloc sortant. Le vase ayant (largement) débordé, le patriarche a donc initié une assemblée épiscopale rendant un verdict sévère. Une démarche qui pallie l’incapacité d’intervention cohérente de l’aile politique de l’Est, Kornet Chehwane, dont certains éléments seraient complices de l’opération loi 2000. Tandis que d’autres voudraient que l’on écarte certaines candidatures. Sans compter, cela n’est un secret pour personne, le peu d’enthousiasme de pôles déterminés par rapport à Michel Aoun, à son retour et à son vedettariat. Ces mêmes personnalités, ou d’autres, ne souhaitent pas non plus une libération de Samir Geagea avant les élections. Toujours par crainte de perdre électoralement des points et des sièges. De tels détails, Bkerké n’en tient pas compte, sauf pour s’en irriter. Il ne prend en considération que le tableau national à travers le principe élémentaire qui veut qu’une vraie saine coexistence passe nécessairement par un consensus de partenariat égal. Sans exclusion ou marginalisation, ni des chrétiens ni des musulmans. Au sein d’une unité nationale impliquant la participation équilibrée de tous à la gestion des affaires du pays qui, après le départ des Syriens, doit prouver au monde, et à lui-même, qu’il est bien capable de s’autogouverner sans crises ni secousses. Toujours est-il qu’en pratique, le premier problème pour l’Est politique reste l’unité interne. Elle se trouve aujourd’hui fortement ébranlée. Aoun réclame un programme commun. Beaucoup lui répondent qu’il faut d’abord faire front dans les élections. Et qu’ensuite on verra. S’engouffrant dans la brèche, d’innombrables loyalistes se précipitent chez Aoun pour tenter leur chance côté alliances électorales. Mais les proches du général indiquent qu’aucun engagement n’est pris à ce stade et confirment que le courant participera à la tentative de sauvetage, ce jeudi, du front opposant à travers la Rencontre du Bristol. Bien que, avouent à mi-voix les mêmes sources, il soit probable que le rendez-vous ne soit rien d’autre que folklorique. Philippe ABI-AKL

Le patriarche Sfeir a convoqué d’urgence l’Assemblée des évêques maronites pour mettre le doigt sur la plaie en constatant que la loi électorale déroge à l’esprit consensuel de Taëf. Et foule aux pieds cette éclatante unité des Libanais de la journée historique du 14 mars. Le coup de semonce épiscopal a pour effet indirect de rappeler à l’opposition ses obligations et de...