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Élections - « Des Rustom Ghazalé s’intronisent dans chaque région pour distribuer les sièges électoraux », dénonce le général Aoun rejette la loi électorale et appelle à la mobilisation(photo)

Le général Michel Aoun a rejeté hier, à partir de Bkerké, la tenue des élections législatives, prévues à partir du 29 mai, sur la base du découpage électoral de la loi en vigueur, dite « loi 2000 ». Cette loi « marginalise » les Libanais, a précisé le général Aoun, qui a appelé la population à « rester mobilisée ». « Nous ne nous soumettrons jamais à cette situation et nous refusons les réunions folkloriques qui se tiennent pour monter des scénarios d’alliances qui ne sont que traîtrise et tromperie », a déclaré à la presse le général Aoun après une réunion avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir. La réunion intervenait quelques heures après la tenue d’une réunion extraordinaire du Conseil des évêques maronites, qui a tiré à boulets rouges sur la loi électorale, jugeant qu’elle « viole la coexistence islamo-chrétienne ». (Lire par ailleurs). Le général Aoun a jugé que, si avant le retrait syrien, le 26 avril, « c’était le chef des services de renseignements militaires syriens, le général Rustom Ghazalé, qui composait les listes électorales, aujourd’hui, nous avons plusieurs Rustom Ghazalé, un dans chaque région, qui s’intronise féodal en charge du peuple libanais et distribue les sièges » des députés. Il a appelé « le peuple libanais à rester mobilisé pour faire face à cette tentative de le marginaliser ». Mais il s’est abstenu d’entrer dans le détail des actions qui pourraient être menées. « Situation anormale » « Il était naturel que je rende visite au patriarche pour le remercier de ses vœux à l’occasion de mon retour de 15 ans d’exil », a commencé par affirmer le général Aoun, qui a également fait le lien entre sa visite et le communiqué publié par l’Assemblée des évêques, en cours de journée. « Le communiqué, a-t-il indiqué, porte sur la situation anormale que nous avons commencé à vivre, après le retour à la loi électorale de l’an 2000. Cette loi marginalise le peuple libanais et substitue des personnes parachutées à ses représentants légitimes. Après avoir combattu Rustom Ghazalé, qui composait les listes électorales, aujourd’hui, nous avons plusieurs Rustom Ghazalé, un dans chaque région, qui s’intronise féodal en charge du peuple libanais et distribue les sièges » des députés. « Il n’y a plus d’opposition » Piqué au vif par certaines questions posées par les journalistes, le général Aoun a dénoncé les intrigues de certains des membres de l’opposition. « Que Farès Souhaid s’engage sur l’essentiel des demandes de l’opposition ; qu’il prenne clairement position à l’égard de la loi électorale de l’an 2000 », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Il y a eu une ruse de la part de certains membres de l’opposition. On a manœuvré pour que du temps et que l’occasion d’un vote d’une nouvelle loi électorale soient perdus, afin de mettre les Libanais devant une situation de fait accompli. » « Oui, je dispose de certains éléments, a enchaîné le général Aoun. Il y a des personnes de Kornet Chehwane et d’ailleurs qui, en fonction de leurs intérêts électoraux, ont passé des accords avec les loyalistes. Ils ont détruit l’opposition qu’ils représentaient. Menacés de ne pas être élus dans le caza, ils ont pris l’autobus » de la loi 2000. « Il n’y a plus d’opposition et de loyalistes, après ce qui s’est passé, a encore affirmé l’ancien commandant en chef de l’armée. Il y a des personnes qui veulent des réformes et d’autres qui sont pour l’état de fait. Nous nous considérons comme faisant partie des réformateurs. Nous voulons des réformes dans le domaine politique, social et administratif. Et avant tout, combattre la corruption qui a envahi l’Administration. Nous insistons pour demander des comptes. Nous insistons pour nous présenter aux élections, là où c’est possible, sur base d’un programme et nous demandons au peuple de rester vigilant. Nous aurons sans doute besoin de lui pour imposer ce programme de réforme, car les élections pourraient marginaliser ceux dont les intérêts seront lésés par ces réformes. C’est une chose à laquelle nous ne renoncerons pour rien au monde. » « Ma candidature se décidera à la dernière minute », a affirmé le général Aoun, en quittant Bkerké, qui a laissé au patriarche Sfeir le soin de clarifier le contenu des menaces que certains ont perçues dans les termes du communiqué des évêques. « Un homme de principe » Auparavant dans la journée, le défilé de personnalités s’était poursuivi à Rabieh où réside désormais le général Michel Aoun. Hier, c’était un peu la journée des Murr, père et fils, ainsi que celle de Sleimane Frangié qui n’a pas tari d’éloges envers le général. Ce dernier a également reçu l’imam de Jbeil, le mouvement de la Gauche démocratique et une délégation du PSNS. Le ministre de la Défense, Élias Murr, a été parmi les premiers arrivants. Aux journalistes, il a rappelé que ses relations avec le général remontent aux années 80, sous le mandat du président Élias Sarkis. « Elles sont restées familiales et amicales et je suis venu en voisin. » Prié de commenter la loi électorale de 2000, le ministre Murr a affirmé que la démocratie commence par la loi électorale. « Et comme l’a dit le patriarche maronite, les électeurs doivent pouvoir choisir des personnes qu’ils connaissent et qui les représentent. Or, la loi de 2000 ne respecte pas ce principe. Dans ce découpage, cent députés sur cent vingt-huit sont déjà connus. Comment, dans ce cas, peut-on parler de démocratie ? » Interrogé sur une éventuelle médiation entre le général Aoun et le président de la République, Élias Murr a répondu : « Les deux hommes appartiennent à l’institution militaire. Un long passé commun les unit beaucoup mieux que toute médiation que je pourrais entreprendre. Ils savent donc mieux que moi comment traiter l’un avec l’autre. » Le général Aoun s’est ensuite entretenu avec l’ancien ministre Sleimane Frangié qui a déclaré à l’issue de cette rencontre : « C’est la première fois que je rencontre le général et je découvre que l’idée que j’avais de lui était exacte. C’est un homme de principe, comme il y en a peu au Liban. » M. Frangié a précisé qu’à ses yeux, « l’opposition chrétienne c’est aujourd’hui les Forces libanaises et le général Aoun. Les autres sont des marginaux qui ne font que de la surenchère chrétienne. Ces gens-là étaient dans les bus loyalistes, avec nous hier, et nous les voyons aujourd’hui dans les autocars de l’opposition. C’est pourquoi je préfère être aux côtés des opposants initiaux qui ont payé le prix fort pour leur opposition, et non aux côtés de ceux qui ont profité des loyalistes et comptent aujourd’hui profiter de l’opposition ». Frangié a évoqué une transaction qui a enterré le projet électoral du caza pour revenir à la loi 2000. « Le président Nabih Berry y a sans doute participé, a-t-il dit, mais lui au moins n’a jamais caché son hostilité au projet du caza. J’aimerais qu’il dise qui étaient ses partenaires dans cette transaction... » Le général Aoun a aussi reçu le vice-président de la Chambre, Michel Murr, ainsi que le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, une délégation du PSNS, l’imam de Jbeil, cheikh Ghassan Lakkis, et une délégation du mouvement de la Gauche démocratique.

Le général Michel Aoun a rejeté hier, à partir de Bkerké, la tenue des élections législatives, prévues à partir du 29 mai, sur la base du découpage électoral de la loi en vigueur, dite « loi 2000 ». Cette loi « marginalise » les Libanais, a précisé le général Aoun, qui a appelé la population à « rester mobilisée ».
« Nous ne nous soumettrons jamais à cette situation...