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Actualités - CHRONOLOGIE

La fraude la plus significative reste le découpage des circonscriptions Une vaste coalition d’associations, de centres de recherche et d’universités pour l’observation des élections (Photo)

Dans la perspective de l’échéance électorale que les Libanais, notamment les jeunes, voudraient qu’elle soit conforme à « l’esprit des lois », une Coalition libanaise pour l’observation des élections (CLOE) s’apprête à endosser le costard de la police officieuse. Rassemblant une trentaine d’associations de la société civile, des centres de recherche et cinq universités (USJ, Usek, NDU, Alba et Balamand), cette coalition a été créée à l’initiative de l’Association libanaise pour la démocratie des élections (ALDE), déjà rompue à cet exercice, puisque son expérience sur ce plan remonte aux élections de 1996. En quoi consiste le contrôle des élections ? Quels sont les principes qui régissent cet exercice ? Où commence et où se termine le processus de contrôle ? Quelle est l’efficacité de ce contrôle, dans le cas où la loi adoptée ne serait pas conforme aux principes de la bonne représentation des Libanais ? Y a-t-il une logistique capable de relever ce défi ? Comment se fera la coordination entre cette coalition et une éventuelle commission de contrôle étrangère ? Autant de questions auxquelles a répondu l’avocat Ziyad Baroud, secrétaire général de ALDE. Le recours à l’observation des élections est considéré comme l’une des garanties principales du bon déroulement du scrutin. Pour mieux assurer ce rôle, dans un pays dont l’histoire est jalonnée de fraudes électorales, CLOE se montre exigeante quant à l’impartialité, la transparence et la neutralité de ses membres. « Nous avons pris le soin d’éviter tout lien direct entre les membres de la coalition et les candidats ou les politiciens », indique Me Baroud, rappelant que l’association, qui a déjà fait un travail d’observation en 1996, a gagné « une crédibilité qui fait d’elle une sorte de référence dans ce domaine ». Actuellement, plus de 600 observateurs « indépendants » ont suivi une formation intensive qui leur permet de surveiller de manière « très efficace » les opérations électorales et « nous espérons pouvoir en mobiliser 1 000 d’ici à dix jours, ce qui est amplement suffisant puisque le scrutin va être réparti sur quatre jours (le 29 mai, et les 5, 12 et 19 juin) », ajoute Ziyad Baroud, estimant que 3 000 observateurs auraient été nécessaires si les élections devaient se tenir le même jour sur tout le territoire. Par ailleurs, comme toutes les régions sont impliquées dans ce processus « nous avons eu recours à des organismes non gouvernementaux présents dans tout le pays, capables d’agir et de fournir “un plus majeur” dans ce que nous faisons ». La mission de CLOE consiste tout d’abord en « un message d’engagement que les Libanais veulent faire entendre », souligne encore l’avocat. « Si dans le monde arabe il est, aujourd’hui, question de réforme sur le plan de la démocratie – nonobstant le fait qu’elle est importée sur des porte-avions ou pas – il n’est pas dit que le Liban soit déphasé. Il a toujours été à l’avant-garde de la démocratie et malgré toutes les réserves que les uns et les autres peuvent formuler à cet égard, il a toujours été pionnier en la matière. La création de cette coalition révèle à quel point les Libanais sont concernés par cette échéance, indépendamment de la volonté internationale. Ils veulent démontrer leur capacité à aborder toutes les questions avec maturité et à partir de là, bâtir quelque chose de meilleur. » Les vicissitudes de la loi En ce qui concerne la participation internationale au contrôle du scrutin et la fourniture d’une aide technique pour garantir la transparence du processus électoral, le secrétaire général de ALDE considère que « la coalition est ouverte à toute collaboration si celle-ci est neutre, impartiale et équidistante de tous les candidats ». Il estime toutefois que les observateurs internationaux ne peuvent pas réussir dans leur tâche s’ils n’ont pas un partenaire local qui a l’avantage de connaître le terrain et ses problèmes. Et sur ce point, il ne s’agit pas uniquement de dénoncer la fraude le jour du scrutin. Une fraude qui est, selon Ziyad Baroud, en nette régression depuis 1996 puisque, d’une part, « le gouvernement fignole la loi électorale comme il l’entend, c’est-à-dire d’une manière à servir ses propres intérêts et par conséquent n’a plus besoin de recourir aux magouilles », et, d’autre part, l’électorat a appris à contourner la cuisine politicienne. Par contre, la fraude la plus significative, soutient Baroud, se situe au niveau de la loi même, dans le découpage électoral, dans les circonscriptions, dans le système de vote. « Aussi, notre prochain objectif serait de mener une campagne pour l’élaboration d’une nouvelle loi qui assurerait la meilleure expression de la volonté du peuple, et ce avant les législatives de 2009 », indique le secrétaire général de ALDE, mettant l’accent sur une véritable aberration : celle d’« une législation élaborée par un gouvernement issu d’une majorité parlementaire qui vote une loi de nature à lui permettre de se perpétuer. Il faudrait penser à des garanties constitutionnelles. Taëf a essayé d’aborder la question sous l’angle des mohafazats, mais la pratique a rendu difficile son application. Taëf a également prévu, dans le cadre des réformes, qu’un nouveau découpage électoral est nécessaire. Mais tout cela ne peut pas se faire en quelques jours, avant des élections ». Alors en quoi consiste le travail de la Coalition libanaise pour l’observation des élections puisque l’essentiel qui est à contrôler, à savoir la loi, échappe au contrôle et aux aspirations de la société civile ? Du côté des candidatures, il s’agit de garantir la légalité de la formation des listes électorales, conformément aux règlements. Notamment la liberté de se porter candidat sans menace physique ou dissuasion, quels qu’en soient les moyens. « Nous avons souvent établi des rapports relatant des menaces ou des pressions sur le plan de la formation des listes. Mais je crois qu’aujourd’hui, après le retrait des troupes syriennes et le démantèlement relatif des services de renseignements, nous allons assister à un assainissement de la vie politique. Cela va permettre deux choses : d’abord, une liberté de candidature et de vote plus large et, par conséquent, une participation massive des Libanais. Nous nous attendons cette fois à un taux de participation nettement plus élevé qu’auparavant. » Pour s’assurer du bon déroulement du scrutin, les membres de la coalition investissent les centres de vote sans pour autant avoir accès à l’intérieur des bureaux. « C’est pourquoi, explique Me Baroud, nous avons également une sorte de partenariat avec les médias, qui consiste surtout en un échange d’informations », évoquant, à l’occasion, « la nécessité d’avoir une législation spéciale organisant les médias dans la période électorale. Et cela afin d’éviter une interprétation bizarre de l’article 68 de la loi électorale qui a entraîné la fermeture de la MTV. » Il reste à espérer que cette police d’un genre nouveau pourra venir à bout de toutes les prouesses relevant de la fraude, notamment lors du... dépouillement. Ou encore qu’elle pourra profiter aux indépendants qui auraient le courage de se présenter face aux poids lourds politiques. Si tant est que la loi électorale leur donne réellement l’opportunité de faire entendre leur voix. Pour de plus amples informations, cliquez sur info @ ladeleb.org. May MAKAREM
Dans la perspective de l’échéance électorale que les Libanais, notamment les jeunes, voudraient qu’elle soit conforme à « l’esprit des lois », une Coalition libanaise pour l’observation des élections (CLOE) s’apprête à endosser le costard de la police officieuse. Rassemblant une trentaine d’associations de la société civile, des centres de recherche et cinq universités...