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Actualités - OPINION

Achrafieh, tout un symbole

Le double langage semble être décidément le trait commun de certains pôles de l’opposition plurielle. Plusieurs ténors du rassemblement du Bristol, dont notamment le leader du PSP, mais aussi (et surtout…) des députés et des membres éminents de Kornet Chehwane, n’ont cessé d’affirmer – publiquement – ces dernières semaines qu’ils s’en tenaient à l’option du caza pour le découpage électoral. Mais dans la pratique, ils ont tout fait pour faciliter la tâche à ceux qui s’employaient à torpiller cette option. Que Nabih Berry et le Hezbollah cherchent à favoriser la loi 2000 pourrait être compréhensible. Mais que des députés et des ténors de Kornet Chewhane favorisent en coulisses un tel choix, cela relève du coup de Jarnac asséné à Bkerké, d’abord, et à ces centaines de milliers de jeunes qui sont descendus dans la rue ces deux derniers mois, ensuite. La pratique du double langage paraît avoir atteint également Saad Hariri. Le nouveau et jeune leader du Courant du futur soulignait ces dernières quarante-huit heures la nécessité de préserver l’esprit du 14 mars, affirmant sa volonté de coopérer avec Joumblatt, le général Michel Aoun et Kornet Chehwane. Mais dans le même temps, il annonçait que ses listes électorales à Beyrouth avaient été d’ores et déjà formées et qu’il s’apprêtait à les rendre publiques. Et tant pis pour la coordination avec les autres partenaires de l’opposition… L’impair était trop flagrant et le Courant du futur s’est vite ravisé, ajournant de 48 heures l’annonce des listes dans la capitale. Reste à espérer que ce report ne sera pas de pure forme et que M. Hariri tiendra compte réellement du point de vue de l’opposition chrétienne à cet égard. Car au plan des réalités libanaises, le cas spécifique d’Achrafieh constitue pour une grande partie de l’opinion chrétienne, notamment beyrouthine, tout un symbole, une partie de la petite histoire contemporaine du Liban. Passer outre ce symbole reviendrait à raviver dangereusement les passions, à relancer les sentiments de frustration. Occulter ce symbole dans le choix de certains candidats équivaudrait à porter un grave préjudice à cet esprit du 14 mars que M. Hariri a affirmé vouloir sauvegarder, à l’issue de son entretien avec le général Michel Aoun, hier soir, et à sa sortie du patriarcat maronite, il y a quelques jours. L’enjeu actuel ne se limite nullement à une simple répartition de sièges parlementaires. C’est l’esprit dans lequel la bataille électorale est abordée qui est lourd de conséquences. Le pays s’engage aujourd’hui dans une nouvelle phase historique qui pourrait constituer en quelque sorte l’acte fondateur d’un Liban nouveau. Pratiquer à la veille de cette étape une politique délibérée d’exclusion risquerait d’être interprété comme une « guerre d’élimination politique » prenant pour cible l’une des composantes communautaires de la société libanaise. Michel TOUMA
Le double langage semble être décidément le trait commun de certains pôles de l’opposition plurielle. Plusieurs ténors du rassemblement du Bristol, dont notamment le leader du PSP, mais aussi (et surtout…) des députés et des membres éminents de Kornet Chehwane, n’ont cessé d’affirmer – publiquement – ces dernières semaines qu’ils s’en tenaient à l’option du caza pour...