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Actualités - CHRONOLOGIE

Défilé de responsables politiques au domicile du général Sethrida Geagea et Michel Aoun : « la page du passé est définitivement tournée » (Photo)

C’est une histoire d’amour qui reprend entre le général Michel Aoun et les Libanais. Une histoire de loyauté que 15 années d’exil n’ont pas réussi à ternir. L’accueil délirant que lui ont réservé les amoureux de la patrie en dit long sur ce lien quasi congénital qu’il aura tissé, jour après jour, par-delà les frontières. Ils sont venus nombreux le lui dire, une fois de plus hier, chacun avec son lot de larmes et d’émotion. C’est à un véritable défilé de cœurs qu’a eu droit le général Michel Aoun qui a commencé, dès 9 heures du matin, à accueillir ceux qui l’ont aimé, et ceux qui ont appris à le faire. Dans une maison fleurie aux couleurs du drapeau libanais, le général a reçu ses amis, ses compagnons de route et ses nouveaux alliés politiques – avec à leur tête Sethrida Geagea. Venue enterrer une fois pour toute la hache de guerre, l’épouse du chef des FL emprisonné a scellé un pacte de solidarité avec les aounistes. S’adressant à la presse à l’issue d’une réunion à huit clos en présence d’une délégation de militants FL, elle a affirmé que sa visite vise à « tourner définitivement la page du passé » avant de se voir promettre par le général Aoun une visite, très prochaine, auprès de son époux. Les accolades étaient tout aussi chaleureuses avec l’ancien chef d’État, Amine Gemayel, le chef du PNL, Dory Chamoun, l’épouse de l’ancien président Béchir Gemayel, Solange, l’ancien secrétaire général du PCL, Georges Haoui, et le Amid du Bloc national, Carlos Eddé. La présence du représentant personnel de Bkerké, l’évêque Roland Abou Jaoudé, l’un des premiers visiteurs du général, a été particulièrement remarquée. Entre une personnalité et une autre, les organisateurs laissaient filtrer les fans, les amis, les proches, les compagnons d’armes venus témoigner de leur fidélité à l’homme qu’ils ont soutenu, mais surtout à cette philosophie d’État qu’il a incarnée durant les années d’exil. Entre une conversation et une autre, on pouvait déceler les principes et les constantes politiques qu’il continue de défendre à ce jour : la nécessité du retour à l’État de droit, la priorité à l’unité nationale, la guerre contre la corruption « bien que je préfère ne pas utiliser le terme de guerre », insiste-t-il devant son hôte. Si les membres de l’opposition n’étaient pas au complet – on s’y attendait après les récents divorces entérinés vendredi dernier au Parlement –, les loyalistes n’ont pas accouru non plus. Il faut toutefois noter la présence des anciens ministres Sébouh Hovnanian, Ibrahim Daher et Youssef Salamé, et du ministre des Télécommunications, de la Jeunesse et des Sports, Alain Tabourian. L’ancien chef du gouvernement de transition a également reçu un appel téléphonique du président de l’Assemblée, Nabih Berry, qui lui a souhaité la bienvenue. Dans le petit salon réservé aux invités, les partisans du général relataient dans les moindres détails ses réactions, commentaires et gestes depuis pratiquement sa descente d’avion jusqu’au « repas simple, pris samedi soir en famille en compagnie de ses plus proches amis ». Ces derniers ont unanimement déploré l’incident fâcheux de l’aéroport, « seul moment navrant au cours de cette journée mémorable », dira l’un de ses compagnons. Le général ne manquera pas d’ailleurs de soulever cette parenthèse qui, a-t-il dit, « m’a d’autant plus exacerbé que j’ai vu à un moment donné mes petits-enfants et ma fille bousculés à terre par la foule ». Mais l’humour ne tarde pas à reprendre le dessus : « Après tout, qui aime bien châtie bien », dit-il dans un éclat de rire. Dans une entrevue à L’Orient- Le Jour, Michel Aoun a parlé de ses premières émotions. « J’attendais cet instant depuis bien longtemps. Je savais ce qui m’attendait car j’en avais eu des échos avant de venir », confie-t-il. « Il n’empêche que la charge émotionnelle est toujours plus intense une fois vécue », poursuit le général avant d’ajouter : « Je me suis préparé psychologiquement à Paris, en effectuant un minitest avec un millier d’amis libanais venus me faire leurs adieux. Ce fut un moment particulièrement émouvant. J’ai essayé alors d’imaginer quel serait l’effet avec des centaines de milliers de Libanais venus m’accueillir. » L’intensité du spectacle était surtout due au fait que les Libanais avaient afflué des quatre coins du pays, qu’il aime à concevoir « comme un corps uni », dit-il. Le général craint-il que certains Libanais restent dépendants « d’une allégeance psychique envers le régime syien » ? « L’otage ne pourra pas facilement se débarrasser de son geôlier, dit-il. Il faut un certain temps et de la patience. C’est à nous de montrer l’exemple. » Autre incident regrettable que les partisans du général ont cherché à minimiser, l’arrestation de trois personnes, dont une portrait une arme, au sein de la foule, place des Martyrs, qui, selon les premières informations, voulaient vraisemblablement assassiner le leader du CPL. Pour Ibrahim Kanaan, membre du bureau exécutif du CPL et candidat aux élections dans le Metn, cette affaire est maintenant aux mains de la justice. « C’est grâce aux mesures de sécurité draconiennes qui ont été assurées par des anciens officiers à la retraite, proches du général, mais aussi par des officiers en service en qui il a une confiance absolue, que cette tentative a été déjouée », explique le juriste. C’est d’ailleurs l’avis de l’ancien compagnon d’armes de Michel Aoun, le général Louis Khoury, qui fut son chef de cabinet avant d’être emmené en 1990 dans la prison syrienne de Mazzé où il a passé quelques mois. Ce n’est qu’hier et après 15 ans de séparation que les deux amis se sont retrouvés. « Ce n’ est ni la première ni la dernière fois que le général devra affronter le danger et les menaces de mort, dit-il. La sympathie des gens et l’amour dont ils ont fait preuve à son égard constitueront un véritable bouclier humain qui le protégera désormais. » Rentré en héros, du moins pour une grande partie des Libanais, le général « ne cherche surtout pas à faire du triomphalisme », explique son gendre, Sami Nader. « Après un arrachement dans la douleur, ce retour au bercail est pour lui comme un baume. La douleur n’est pas entièrement effacée, mais le pardon est là pour faire le travail », souligne-t-il. Jeanine JALKH
C’est une histoire d’amour qui reprend entre le général Michel Aoun et les Libanais. Une histoire de loyauté que 15 années d’exil n’ont pas réussi à ternir. L’accueil délirant que lui ont réservé les amoureux de la patrie en dit long sur ce lien quasi congénital qu’il aura tissé, jour après jour, par-delà les frontières. Ils sont venus nombreux le lui dire, une fois de...