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J’ai dîné place de la Liberté

Qu’il était beau ce banquet, place de la Liberté à Beyrouth. Qu’il était bon d’être là, sans y être invité, parmi ces jeunes héros qui ont écrit une page de notre histoire. Ma chance d’être là au bon moment… Un moment que ces jeunes Libanais, de toutes confessions, de tous partis politiques interdits ou longtemps ignorés, ou encore ces anonymes de la société civile, ont réussi à créer. Oui, à créer un rêve hier encore impossible à imaginer. Même Rafic Hariri ne l’avait jamais imaginé, mais l’avoir réussi doit le faire sourire. Ils ont donc réussi pendant 70 jours à recréer un espace de vie à côté des martyrs de notre pays, faisant le lien entre les martyrs de l’indépendance et les nouveaux martyrs de 2005. Par la mort du plus grand, ils ont ressuscité une place, créant une circulation humaine piétonne qui rime très bien avec le respect et le recueillement qui leur sont dus. Ils ont réussi à faire revivre cette place. Le Bourj est devenu la place de la Liberté. Et pendant ce dîner des « 450 irréductibles du camp de la liberté », j’ai eu l’impression un moment d’être à la fin d’un album d’Astérix le Gaulois, quand tout le camp est réuni autour d’un banquet. Mais il manquait un parc à l’endroit où ce dîner a eu lieu, et sur la parcelle vide en face du mausolée du martyr Hariri et de ses 14 camarades, à l’ombre des minarets de la mosquée el-Amine. Peut-on imaginer que bientôt, comme aimait le faire Rafic Hariri, on fera ce parc public, auquel on donnera son nom ? Mais pas seulement un parc ouvert à tous. Il y aura aussi le Musée de la mémoire. On y accédera par les ruines, au bas de la place, pour ressortir en face de la mosquée. Le Musée de la mémoire de tous les Libanais. Que des gens qualifiés et compétents géreront ce lourd héritage de la période 1975-2005. Avec ces centaines de milliers de victimes, de handicapés et surtout ces 17 000 disparus qui ont droit à leur place dans notre mémoire collective. Oui, Rafic Hariri approuverait et ce parc et ce musée. En dînant ce soir avec ces jeunes, je les ai vus heureux et fiers. Et comme tous les héros, ils ne méritent pas une fin médiocre. Cette place, avec ses jeunes et ses pèlerins, a prouvé qu’elle s’intégrait parfaitement dans le tissu beyrouthin. Jusqu’à redevenir le symbole de l’unité nationale. Il n’y avait qu’à voir les nombreux touristes émerveillés devant ce lieu de vie, créatif et civilisé. Devant ces jeunes qui avaient ceinturé leur camp avec le slogan Indépendance 05 pour nous expliquer que la guerre est définitivement finie. Qu’une nouvelle page commence. Bien sûr, ils sont amers de voir que certains politiciens n’ont pas compris leur message, et qu’on essaie de leur saboter l’avenir. Mais ils n’hésiteront pas à se refaire entendre. Oui, ces jeunes dînant ce soir (et avec eux des centaines d’anonymes qui passaient par là) ont eu le privilège historique de passer un moment convivial, place de la Liberté, dans le camp de la liberté, au pied de la statue des martyrs, à l’ombre de la mosquée el-Amine, qui protège aussi le mausolée des martyrs. Et Rafic Hariri était là ce soir. Des haut-parleurs sortait la musique : « Beyrouth pleure… » Jean-Lou BERSUDER

Qu’il était beau ce banquet, place de la Liberté à Beyrouth.
Qu’il était bon d’être là, sans y être invité, parmi ces jeunes héros qui ont écrit une page de notre histoire.
Ma chance d’être là au bon moment… Un moment que ces jeunes Libanais, de toutes confessions, de tous partis politiques interdits ou longtemps ignorés, ou encore ces anonymes de la société civile,...