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Conférence de l’ancien ministre à la faculté des sciences humaines de Kaslik Corm souligne les défauts du scrutin majoritaire à un tour

À l’initiative de la faculté de philosophie et des sciences humaines de l’Université de Kaslik, l’ex-ministre des Finances, le Dr Georges Corm, a donné une conférence sur « les contraintes historiques, régionales et internationales dans le fonctionnement de la démocratie au Liban », en présence du doyen de la faculté, le RP Jean Akiki, ainsi que des professeurs et des étudiants de la faculté. Après avoir expliqué le thème de la conférence en indiquant que « la notion de démocratie est associée depuis la Révolution française à l’idée de liberté individuelle et de souveraineté transférée de la tête d’un monarque absolu sur celle de la nation ou du peuple », Corm explique les rapports qui se trouvent entre la liberté, la démocratie et la souveraineté : « La liberté individuelle consiste essentiellement dans ce que les juristes appellent les “libertés publiques”, à savoir la liberté de culte, d’opinion, ainsi que celle du libre déplacement à l’intérieur du pays et entre le pays et l’extérieur, de même que le droit de propriété, d’entreprise et d’association. » Il considère aussi que « la souveraineté est une notion-clé de la démocratie. Elle signifie la détention de la puissance collective de la notion ou du peuple sans contrôle ou interférence d’une autre puissance ». Et Corm d’ajouter : « dans un système de souveraineté populaire, les citoyens sont directement et régulièrement consultés sur toute grande décision qui engage la vie de la nation, les pouvoirs de la représentation parlementaire étant limités par l’organisation de référendums sur un certain nombre de questions essentielles dans la vie de toute nation. » Selon l’ancien ministre des Finances « le mal qui menace de plus en plus la démocratie est le fait que de nombreux citoyens sentent que la démocratie n’est plus qu’un théâtre d’ombres où la réalité du pouvoir leur est cachée et où les choix électoraux périodiques ne leur donnent guère le sentiment que leur bulletin pèse d’un poids quelconque dans la gestion de leur pays ». À propos des contraintes régionales et internationales du Liban, Corm considère que « le Liban est une démocratie consensuelle basée sur la représentation de communautés religieuses non territoriales, c’est-à-dire disséminée sur tout le territoire national, ce qui est très difficile à réaliser dans un contexte régional où les passions religieuses et géopolitiques ne cessent de croître». « L’idée du partage de la gestion des institutions, selon Corm, a été systématisée depuis l’instauration de la 2e République et a donné lieu au marchandage permanent et à un système de dépouilles (mouhassassa) que s’arrogent les chefs civils communautaires qui est un fait antidémocratique et inacceptable. » Bien plus, affirme Corm, qu’« il est à remarquer que cet accord a été approuvé par une déclaration du Conseil de sécurité des Nations unies en 1989, ce qui confirme bien le statut d’État tampon du Liban dont le destin est aux mains des puissances étrangères depuis 1840. S’il y avait encore un doute sur ce statut, la résolution 1559 du Conseil de sécurité de septembre 2004 lève toute équivoque. » Parmi les contraintes internes de la démocratie représentative, il y a, selon Corm, les défauts du scrutin majoritaire à un tour car « l’existence d’un deuxième tour permettrait au moins d’obliger les candidats à un effort sérieux de réflexion pour avancer un programme pertinent qui puisse les distinguer les uns des autres aux yeux des électeurs au-delà du prestige familial ou communautaire », le rôle de l’argent et des médias qui fait du futur député « non pas un homme politique au plein sens du terme qui se consacre à l’œuvre législative qui doit être la sienne, mais une espèce particulière d’intermédiaire, homme à tout faire, entre citoyen et les administrations publiques et privées » et le fonctionnement tronqué du pouvoir exécutif. Enfin il conclut en disant : « Disons tout de suite ici que s’il faut prendre en compte la réalité communautaire du pays, il faut le faire modérément et ne pas se laisser aller à la logique de réformes aboutissant à consacrer encore plus de communautarisme dans le fonctionnement des institutions sous prétexte de réaliser l’une ou l’autre des formes de démocratie consensuelle. »
À l’initiative de la faculté de philosophie et des sciences humaines de l’Université de Kaslik, l’ex-ministre des Finances, le Dr Georges Corm, a donné une conférence sur « les contraintes historiques, régionales et internationales dans le fonctionnement de la démocratie au Liban », en présence du doyen de la faculté, le RP Jean Akiki, ainsi que des professeurs et des étudiants...