Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Le métropolite de Beyrouth a critiqué loyalistes et opposants dans son homélie Audeh s’insurge contre la « dégradation lamentable des mœurs politiques »

Il parle peu, mais lorsqu’il le fait, son discours est toujours fracassant, dénonçant avec un franc-parler étonnant les faiblesses de la classe politique libanaise et de la société en général. Mgr Élias Audeh, métropolite de Beyrouth, s’est encore surpassé au cours de son homélie à l’occasion de la fête de Pâques orthodoxes, dimanche matin. Devant un parterre de fidèles venus assister à la messe matinale à l’église St-Nicolas, Mgr Audeh a commencé par rappeler les principes sur lesquels est fondée la religion chrétienne et la fête de Pâques en particulier. Mais il a surtout critiqué l’usage qui est fait actuellement des symboles religieux et notamment de la croix, se désolant de l’effritement actuel, malgré l’apparence de l’unité. Le métropolite de Beyrouth a aussi violemment critiqué ceux qui changent d’opinion selon leurs intérêts et qui utilisent les autres pour cela. « Vous ne vous demandez pas pourquoi nous sommes aujourd’hui plus divisés que jamais ? Que les apparences ne vous trompent pas. Ne voyez-vous pas comment les positions changent ? J’ai déjà parlé dans une précédente homélie de ma grande crainte que l’homme politique ne soit en fin de compte qu’un acteur très performant, motivé uniquement par ses propres intérêts. Je ne vise personne en particulier. Mais on nous parle d’opposants et de loyalistes. Or, je ne vois nulle part des groupes unis et solidaires. (...) Je ne vois pas d’unité dans ce pays, mais un effritement et une désintégration. Je ne veux pas déprimer, mais je perçois chez nous une dégradation lamentable des mœurs politiques, alors que le peuple guette une parole sincère pour s’unir. Il attend quelqu’un qui songerait à lui assurer sa dignité, ses droits et le respect de son humanité, dans un régime démocratique libre (...) » « Nous voyons régulièrement sur nos écrans de télévision comment des responsables politiques retournent leur veste chaque jour. Comment peut-on édifier une maison sur des sables mouvants ? » « Ne croyez surtout pas que l’un d’eux renoncera à son fauteuil ou à son leadership. » Évoquant le drapeau du Liban brandi par les jeunes, Mgr Audeh a rappelé l’importance du symbole du pays et il a émis le souhait de ne plus voir que ce drapeau dans les manifestations, au lieu de ceux des partis. Le métropolite de Beyrouth s’est aussi insurgé contre l’utilisation de la croix en guise de drapeau. « La croix n’est pas un poignard. Elle n’est pas un outil pour tuer. Le Christ est mort sur la croix. Je pourrais aussi mourir comme Lui, ainsi que tous les chrétiens croyants. Mais la croix ne peut en aucun cas devenir un instrument pour tuer. » Mgr Audeh s’est ensuite interrogé sur le sens de la citoyenneté, qui est, selon lui, l’appartenance à une terre, à une histoire et surtout à l’homme. « Car, à quoi sert la terre si les hommes s’y entre-tuent ? La partie de l’homme est l’autre, quel qu’il soit. » « Qu’est-ce qui nous unit dans ce pays ? a encore demandé Mgr Audeh. Ne voyons-nous pas comment les responsables ne pensent qu’à eux-mêmes ? Où est le projet ? Où est la vision ? Ils sont inexistants car tout le monde est trop occupé par les prochaines élections pour y songer. Les alliances ne sont plus distinctes et les langues utilisées ne sont pas les mêmes. Le citoyen est en état de perdition totale. » Mgr Audeh a ensuite refusé que l’on donne des compensations aux différentes communautés par des nominations. « Nous voulons que le principe de la compétence soit le seul critère retenu. Notre problème n’est pas le confessionnalisme, mais le partage des parts. » En conclusion, le métropolite de Beyrouth a exprimé son angoisse pour l’avenir du Liban tout en appelant les fidèles à s’aimer les uns les autres « comme Dieu vous a aimés, pour que la paix puisse régner dans vos cœurs et dans notre pays ».
Il parle peu, mais lorsqu’il le fait, son discours est toujours fracassant, dénonçant avec un franc-parler étonnant les faiblesses de la classe politique libanaise et de la société en général. Mgr Élias Audeh, métropolite de Beyrouth, s’est encore surpassé au cours de son homélie à l’occasion de la fête de Pâques orthodoxes, dimanche matin. Devant un parterre de fidèles venus...