Citoyen Grognon Que la fête commence !

Aujourd’hui, je ne grognerai pas. C’est plutôt de célébrer que j’ai envie, de crier tout haut mon bonheur de faire partie d’une nation enfin souveraine. D’appartenir à un peuple pleinement indépendant et libre de sa décision depuis le 26 avril 2005, date du départ du dernier soldat syrien du Liban. Enfin ! Après trois décennies d’humiliations, d’appréhensions, de déprime, de peurs, de non-dits. Après trois décennies de guerre, d’incertitude sécuritaire, d’attentats, d’assassinats de chefs politiques. Après trois décennies d’emprisonnements arbitraires, de disparitions, de tortures, d’atteintes flagrantes aux droits de l’homme. Après trois décennies de présence syrienne sur le sol libanais, une présence « fraternelle » qui avait été jusqu’à confisquer à tout un peuple son pouvoir de libre décision. Et qui ne s’était pas privée de diviser ce peuple, de le disloquer, de le meurtrir même. Après l’avoir enfoncé dans une interminable guerre fratricide. Ces blessures appartiennent désormais au passé. Le temps se chargera de les panser. Laissons place aujourd’hui à la fête, aux retrouvailles, à l’espoir d’un avenir meilleur. Il est vrai que l’appréhension est toujours là, qu’une certaine inquiétude se dessine face à un avenir encore incertain, à l’heure où les jeunes se démènent pour dépasser leurs différences politiques, communautaires et confessionnelles. Mais il est tout aussi vrai que la libération tant espérée s’est enfin réalisée et que les espions de l’ombre ont été démasqués, même s’il reste encore quelques séquelles, quelques traces d’une présence si longtemps honnie. Aujourd’hui, tous les Libanais ont le regard tourné vers l’avenir et rêvent de bâtir ensemble un Liban uni, havre de paix et de sécurité. À eux de savoir mener la barque pour atteindre leur but. Pour que la fête soit totale. Anne-Marie EL-HAGE