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Actualités - CHRONOLOGIE

Opposants et loyalistes se lancent des accusations dans une atmosphère chaotique La séance parlementaire tourne court : la loi de 2000 désormais inévitable

C’était le chaos, hier, place de l’Étoile. Alors que les commissions parlementaires mixtes étaient supposées débattre des différentes propositions concernant la prochaine loi électorale, la session a été couronnée par un fiasco retentissant : les députés n’ont même pas pu entamer les discussions, le quorum s’étant évaporé au cours de la séance. D’autant plus que les opposants (qui se sont peu à peu retirés) et les loyalistes ont passé plus de temps à se lancer des accusations qu’à débattre de la loi, les premiers dénonçant une « mascarade » parlementaire « inutile » puisque la loi de 2000 avait été implicitement adoptée la veille (mercredi), alors que les seconds leur reprochent d’avoir torpillé la séance « parce qu’ils ne voulaient pas d’une nouvelle loi ». Quoi qu’il en soit, les Libanais devront, sauf imprévu, aller voter le 29 mai selon la loi élaborée en 2000, lorsque l’hégémonie syrienne était à son paroxysme. Les commissions mixtes se sont réunies hier matin pour débattre du projet de loi électorale présenté par le gouvernement Karamé, et adoptant le caza comme circonscription électorale, ainsi que des autres projets avancés par les députés, notamment ceux proposant la proportionnelle dans le cadre du mohafazat. À la surprise des participants, du moins de certains membres de l’opposition, ce n’est pas Nabih Berry qui a présidé la séance, comme il a toujours eu l’habitude de le faire. Il a été remplacé par le vice-président de la Chambre, Michel Murr. Étaient également présents le ministre de l’Intérieur, Hassan Sabeh, le ministre de la Justice, Khaled Kabbani, et 49 députés dont 34 membres des commissions concernées. Cependant, et quelque temps après le début de la session, les députés, et principalement ceux de l’opposition, ont commencé à se retirer, jusqu’à ce que M. Murr y mette fin à midi, lorsque le nombre de parlementaires présents est allé en-deçà du quorum exigé, accusant d’emblée l’opposition d’avoir « torpillé la séance ». « Quinze députés, en majorité de l’opposition, ont demandé la parole, et ce avant même le début du débat sur la loi. Mais une fois que quelques-uns se sont exprimés, certains députés ont commencé à se retirer pour s’adresser, dehors, aux médias », a-t-il expliqué. « Nous avons attendu un peu pour qu’ils reviennent, mais ils ne l’ont pas fait (...) Il n’y avait plus de quorum. Nous avons été obligés de mettre fin à la séance », a-t-il ajouté, accusant les députés de l’opposition d’avoir voulu torpiller la session « pour empêcher l’élaboration d’une nouvelle loi électorale ». M. Murr a également nié avoir organisé le chaos dans la Chambre pour mettre des obstacles devant la loi. « Ce sont eux qui faisaient du bruit », a-t-il dit. Même son de cloche chez les autres parlementaires loyalistes, puisque le député de Beyrouth, Béchara Merhej, a déploré « un grand échec du système parlementaire, puisque certaines parties ont torpillé cette séance importante, alors qu’il fallait poursuivre le débat pour avoir une loi moderne ». Le député Ali Khalil a également accusé l’opposition de cacher ses dissensions internes en rejetant la responsabilité sur les autres, et « notamment sur le président Berry dont l’absence a été interprétée comme empêchant le déroulement d’un débat sérieux ». « Tous les membres de notre bloc (Amal) étaient présents, ce qui montre que nous accordons beaucoup d’importance à cette question », a-t-il ajouté, précisant que le président de la Chambre, Nabih Berry, n’a rien à voir avec le chaos qui a régné lors de la réunion. Une « mascarade inutile » pour l’opposition De leur côté, les députés de l’opposition ont tous dénoncé une session « totalement inutile » qui relève de la « mascarade ». Le député de Baabda, Salah Honein, a ainsi indiqué à L’Orient-Le Jour que la loi électorale de 2000 « a déjà été adoptée la veille (mercredi), lorsque le Premier ministre, Nagib Mikati, et le ministre de l’Intérieur se sont engagés à émettre, ces deux jours, un décret convoquant le corps électoral ». « Ce décret mentionne la loi en vigueur actuellement, et qui est la loi de 2000. Les élections auront donc lieu sur la base de cette loi. Pourquoi alors toutes ces manœuvres ? Pourquoi appeler les commissions à se réunir ? Je pense qu’ils voulaient uniquement faire assumer à l’opposition et aux commissions la responsabilité d’un choix qu’ils avaient déjà fait », a-t-il ajouté. Le député du Batroun, Boutros Harb, a déclaré avoir quitté la séance « pour protester contre la façon avec laquelle un sujet aussi dangereux que la loi électorale est en train d’être traité ». « Nous avons été surpris par l’absence de Nabih Berry, qui préside un grand bloc parlementaire. Cette absence empêche les commissions d’aboutir à une solution efficace (...) ce qui veut dire qu’une décision implicite adoptant la loi de 2000 a déjà été prise. Le temps que nous passons dans ces commissions est un temps perdu », a-t-il dit. M. Harb a également estimé que « le peuple libanais a le droit de savoir qu’il va voter en fonction de la loi de 2000. Il faut le lui dire clairement. Quant à toutes ces circonvolutions évoquant la possibilité d’élaborer une nouvelle loi consensuelle, elles sont inacceptables. » Il a également déploré le peu de sérieux avec lequel la proposition de loi revêtue du caractère de double urgence, présentée par les députés de l’opposition et adoptant le découpage de 1960, a été accueillie. « Je ne trouve cette proposition nulle part », a-t-il déclaré, estimant qu’elle aurait dû être immédiatement étudiée dans une séance plénière. « Même si la loi de 2000 nous sera plus favorable cette année qu’elle ne l’a été il y a cinq ans, nous sommes contre, parce que notre position à ce sujet est une position de principe », a-t-il dit. Le député du Chouf, Élie Aoun, a dénoncé à son tour le chaos de la session, alors que le député du Kesrouan, Nehmetallah Abi Nasr, a estimé que tout a été fait pour revenir à la loi de 2000, « une loi qui est née en Syrie et qui est passée par les mains des services libanais ». « Quelle que soit la loi adoptée, le peuple devra participer massivement aux élections comme il l’a fait le 14 mars », a-t-il ajouté. De son côté, le député Bassem Sabeh a déclaré n’avoir « jamais vu une séance parlementaire aussi chaotique, où tout le monde parle en même temps alors que le président n’écoute rien du tout ». « Il n’y a pas de véritable débat dans le Parlement sur la question de la loi électorale », a-t-il dit. Par ailleurs, le député de Jbeil, Farès Souhaid, a appelé à la tenue d’un véritable débat sur la loi électorale au sein des commissions mixtes, « afin de voter la loi de 1960 et ses amendements, puisque l’opinion publique sait quelles sont les parties qui tiennent vraiment à la transparence des élections ». Enfin, le ministre de la Justice, Khaled Kabbani, a estimé que « ce qui s’est passé illustre la division profonde sur la scène politique libanaise au sujet de la loi électorale ». « Si les députés ne parviennent pas à s’entendre sur une nouvelle loi, le gouvernement est déterminé à organiser les élections dans les délais, et sur la base de la loi de 2000 », a-t-il ajouté.
C’était le chaos, hier, place de l’Étoile. Alors que les commissions parlementaires mixtes étaient supposées débattre des différentes propositions concernant la prochaine loi électorale, la session a été couronnée par un fiasco retentissant : les députés n’ont même pas pu entamer les discussions, le quorum s’étant évaporé au cours de la séance. D’autant plus que les...