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Actualités - OPINION

Législatives 2005 : un test essentiel pour l’avenir de la vie politique

Pour la première fois depuis 1972, les Libanais se rendent aux urnes « sans remote control » syrien. Pas de téléguidage ni au niveau du code électoral ni dans la composition des listes. Une nouvelle ère s’ouvre devant le pays. Et les Libanais devront montrer qu’ils sont parfaitement capables de s’autogouverner. En organisant un scrutin qui reste un modèle de régularité, de liberté, de démocratie et de transparence. Et d’esprit civique. Un point sur lequel, en fait, on peut éprouver quelque appréhension. Pourquoi ? Parce qu’avec le départ des Syriens, l’opinion perd une puissante raison de mobilisation politique. Et les professionnels qui se présentent sous l’étiquette indépendantiste perdent dès lors un précieux atout. Il faut donc que l’opposition exploite à fond d’autres créneaux. Walid Joumblatt lui propose d’élaborer un programme commun. Non pas pour remporter les élections. Mais pour savoir travailler, après. Il est en effet évident que la cause nationale se trouverait vidée de son contenu si le camp qui la défend devait par la suite décevoir les attentes des Libanais. C’est sur base d’un tel programme commun que l’on fabriquerait les listes unifiées de l’opposition dans les différentes circonscriptions. Michel Aoun est du même avis. Il pense que l’électeur a le droit de choisir son candidat en base d’engagements, généraux ou particuliers, précis. Maintenant qu’il n’y a plus à choisir simplement entre le camp de ceux qui réclament le maintien de la présence syrienne et le camp de ceux qui en demandent l’éviction. Aoun, s’adressant à ses partisans, leur a souligné qu’à l’heure où souveraineté et indépendance se trouvent récupérées, les responsabilités citoyennes bien comprises se trouvent évidemment décuplées. Dans ce sens que les Libanais doivent savoir y voir clair, pour choisir leurs options politiques et leurs représentants, en gardant l’unité nationale bien en vue. Ponctuellement, sur les listes unifiées, il déclare en substance que l’unité de l’opposition n’est évidemment pas un objectif esthétique, se suffisant à lui-même. Que cette unité doit, en fait, sous-tendre un but à réaliser en commun, qui ne doit pas se limiter à remporter la victoire aux élections, mais cristalliser un projet d’avenir. Aoun insiste : « L’essentiel, dit-il, c’est que les Libanais s’unissent autour d’un programme. Et il constate ensuite, avec regret, que nul partenaire ne lie les élections à un document de travail cohérent. » Dès lors, la question se pose : l’opposition est-elle capable de concevoir un tel programme commun, sans se diviser à propos de ses objectifs, et sans voler en éclats ? Beaucoup pensent qu’il y a trop de sujets litigieux, ou qui fâchent, pour qu’on prenne le risque d’une telle entreprise. Ils estiment qu’il sera toujours temps d’en discuter après les élections. D’autant qu’il devrait se former un bloc parlementaire auquel d’actuels loyalistes voudraient peut-être adhérer. Les cartes seraient en effet mélangées, les clivages modifiés, maintenant que la question de la présence syrienne n’est plus sur la table. C’est ce que prévoit d’ailleurs Aoun, pour qui l’existence de programmes clairs permettrait de donner jour à une nouvelle opposition face à un nouveau camp loyaliste. Les électeurs choisissant alors entre la crédibilité de tel ou tel plan qui leur serait présenté. Toujours est-il que l’opposition ne souhaite pas qu’on lui reproche de cheminer à l’aveuglette, ou de ne pas voir plus loin que les élections. En même temps, elle veut prévenir le risque de conflits internes ouverts. Des contacts ont donc lieu actuellement pour la mise en place d’un comité de coordination qui choisirait les thèmes à retenir, pour le cas où l’on déciderait d’élaborer un programme commun. De même, on définirait les critères de sélection des candidats, pour les listes unifiées. Nombre d’observateurs pensent cependant qu’il y a peu de chances, et peu de temps, pour produire un tel programme commun. Car il faudrait beaucoup débattre autour de questions litigieuses et délicates, comme l’armement du Hezbollah, l’armée sur la ligne bleue, les fermes de Chebaa, le statut des camps palestiniens ou les principes devant régir les nouvelles relations avec la Syrie. Sans compter le casse-tête de l’abolition du confessionnalisme politique. Ou celui des failles de la Constitution, qui entraînent un déséquilibre entre les pouvoirs. Sans parler de moyens à mettre en œuvre pour le redressement économique et financier du pays. Émile KHOURY
Pour la première fois depuis 1972, les Libanais se rendent aux urnes « sans remote control » syrien. Pas de téléguidage ni au niveau du code électoral ni dans la composition des listes. Une nouvelle ère s’ouvre devant le pays. Et les Libanais devront montrer qu’ils sont parfaitement capables de s’autogouverner. En organisant un scrutin qui reste un modèle de régularité, de...