SEPTIÈME ART - Une étrange histoire venue d’Hollywood «American Gangster»: un sujet hypersensible (photos)

C’est l’histoire d’un film qui ne s’est pas fait. Étrange, à coup sûr, et qui vaut la peine d’être contée. Titre dudit film, ou plutôt du projet de film: American Gangster. On va tenter de vous résumer l’affaire – car «les affaires» y ont aussi leur place – en s’en tenant aux lignes essentielles, et dans l’ordre chronologique. Au départ, tout s’annonçait bien, sinon normal. Le studio producteur – la major Universal – avait approuvé le budget (dans les 90 millions de dollars), ainsi que les choix du metteur en scène (Antoine Fuqua), de l’acteur-vedette (Denzel Washington) et des rôles secondaires (Benicio Del Toro, avec aussi Ray Liotta et John C. Reilly). Restait le scénario, signé Steven Zaillian… Le scénario justement: un simple aperçu va vous faire comprendre la suite des événements. American Gangster, c’est l’histoire, dans les années 1970, d’un certain Frank Lucas, trafiquant notoire de drogue, qui faisait parvenir sa «marchandise» aux États-Unis (à savoir de l’héroïne) dans les cercueils des militaires US tués au Vietnam. Un sujet plus que sensible que Fuqua – cinéaste peu enclin aux compromissions – se promettait d’exploiter au maximum, en particulier au plan politique. Soudain, tout est bloqué, même après que Fuqua ait «retouché» le texte de Zaillian. Plus de American Gangster, aux oubliettes! Résultat: la Universal va en être pour ses frais (20 millions de dollars encaissés par Denzel Washington, et autres débours), mais l’affaire est enterrée. Même si Fuqua envisage de poursuivre le studio en justice. Après tout ce qui précède, et compte tenu du contexte politique actuel à Washington, il est quasiment impossible de ne pas penser – comme on l’a murmuré – à une «intervention» plus ou moins directe de la Maison-Blanche. Au fait, vous avez vu ce film marquant de Clint Eastwood – toujours lui! – qui s’appelle Absolute Power? J.-P. GOUX PELLETAN