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Actualités - OPINION

Le caza plutôt que le mohafazat

Le changement de cap du gouvernement Karamé par rapport au projet de loi électorale soumis au Parlement semble être l’indicateur d’un plan ourdi pour faire éclater la cohésion nationale qui s’est illustrée le 14 mars. On croyait que le choix d’établir le mohafazat comme circonscription électorale était révolu et qu’après l’échec de cette procédure et son impopularité, confirmés lors des consultations électorales précédentes, la formule du caza l’avait emporté. Étant donné que la circonscription électorale restreinte, applicable au Liban, est la seule qui soit de nature à assurer la meilleure représentation pour toutes les fractions du peuple, ce choix devrait enfin s’imposer. Les prétentions exaltant les vertus unificatrices de la grande circonscription ou son apport à la déconfessionnalisation du pays revêtent plutôt une connotation démagogique et la volonté délibérée de dénier à une certaine communauté ou à certaines régions le droit de porter au Parlement leurs représentants authentiques. Quand, dans ses interventions télévisées et dans ses prêches, le patriarche Sfeir insiste sur l’adoption du caza, c’est bien parce que ce mode de scrutin est réclamé par un vaste courant populaire et qu’il incarne justice et équité. Ce serait une utopie de sceller la réconciliation nationale avec un Parlement partiellement représentatif et une communauté qui se considère outragée et lésée dans ses droits fondamentaux. De même qu’il est illusoire d’édifier un pays sur la base de calculs politiques étroits et égoïstes, ou de desseins d’hégémonie. Le vouloir-vivre en commun et une saine convivialité commandent une saine représentation. Le Liban ne se reconstruira pas si l’une de ses communautés principales est exclue du jeu politique. Le respect éclairé de l’équilibre confessionnel n’a jamais fait du tort au pays. C’est bien la rupture de cet équilibre qui a généré des destructions et des guerres, et suscité une crise des institutions. Changer d’un coup de plume la physionomie du pays présente des dangers mortels et aboutit à l’exacerbation des sentiments confessionnels. Dans sa Philosophie du confessionnalisme, Michel Chiha écrivait il y a cinquante ans : « Pourquoi vouloir modifier brutalement ce que les siècles ont fait (…) Malgré beaucoup d’abus, c’est le confessionnalisme qui a enseigné au Liban la tolérance. » Chiha affirmait aussi que « le Liban étant fait de minorités confessionnelles, il faut entre elles un permanent équilibre. Cet équilibre, c’est dans la représentation nationale qu’il faut le chercher. » Laisser donc chaque région historique du Liban élire elle-même ses représentants est la meilleure garantie de l’ordre et de la stabilité. Cette voie contribuera largement au rétablissement de la vraie démocratie. Bachir BÉCHARA Colonel à la retraite

Le changement de cap du gouvernement Karamé par rapport au projet de loi électorale soumis au Parlement semble être l’indicateur d’un plan ourdi pour faire éclater la cohésion nationale qui s’est illustrée le 14 mars. On croyait que le choix d’établir le mohafazat comme circonscription électorale était révolu et qu’après l’échec de cette procédure et son impopularité,...