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Actualités - OPINION

OPINION Demain se prépare aujourd’hui

« C’est la société d’autrui qui enseigne à l’homme ce qu’il sait ». (Euripide – Andromaque – Ve s. av. J-C) Il aura fallu le sacrifice ultime d’un homme, Rafic Hariri, pour que toi, citoyen, tu te souviennes des tiens et que tu trouves enfin, dans l’énergie du désespoir, la force de dire : cela suffit ! Tu as pleinement raison. Je ne peux que t’appuyer et t’encourager dans toutes les initiatives positives que tu prends, à l’heure où tu commences à humer le bel air de la liberté ! Mais est-ce suffisant ? Moi qui viens de sortir de sous ta tente, celle de l’espérance, je ressens comme un devoir de porter à ta réflexion les quelques éléments suivants : a. Pourquoi ai-je choisi la citation de mon illustre compatriote, Euripide ? Est-ce par une sorte de chauvinisme ? Point du tout, la sagesse appartient à tous les peuples de la terre. C’est le partage qui est important… En réalité, la raison en est que je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement entre les deux situations, l’antique Athènes et l’actuelle Beyrouth : même climat trouble alors que diverses classes sociales se découvrent, se retrouvent, se regardent, s’écoutent pour mieux s’entendre ! b. Mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Tu es dans une période de transition, à la fois exaltante et dangereuse. Profites-en donc pour asseoir ces quelques acquis et réfléchir à l’avenir. « Demain se prépare aujourd’hui », prétend fort justement le poète. c. Le troisième élément de réflexion que je te propose, c’est celui d’une plate-forme sur laquelle tu vas poser les bases de ta nouvelle existence. Dans mon champ d’activité professionnel, l’éducation et la formation, je viens t’inviter à examiner un des facteurs centraux qui constitue un des piliers de toute justice sociale, avec la sécurité et la santé, l’école. En effet, l’école n’est-elle pas le lieu où l’on peut affirmer, concrétiser et consolider cette unité sociale ? Mais attention, pas n’importe quelle école. Je veux parler de celle issue d’une réelle volonté nationale et populaire qui pousserait les politiques à se sentir encore plus et mieux concernés. Une école qui observerait une véritable politique éducative et qui prendrait en considération toutes les données sociales. Une école qui saurait, sans s’uniformiser, mettre en pratique le fameux «projet d’école », réaliste et fédérateur de valeurs sociales. Il n’est pas inutile, à ce propos, de rappeler que l’école est le lieu où des enseignants, munis d’un savoir et d’une technique, les transmettent à des enseignés, tout en s’enrichissant à leur contact quotidien, afin de les aider à devenir des hommes épanouis, sûrs d’eux-mêmes, capables de contribuer au progrès de la société dans laquelle ils vivent. Cette école doit rester pour eux une source inépuisable d’expériences et de découvertes. Une école qui considérerait cet « être en devenir », ce réceptacle du savoir comme un relais permettant des échanges nombreux et fructueux, ce afin de lui ouvrir de nouveaux horizons, car « à chaque naissance, tous les espoirs de la terre sont renouvelés » (Sagesse des nations). Mais quel(s) moyen(s) utiliser pour arriver à ce résultat ? C’est à la pédagogie de nous le(s) fournir, elle qui, depuis l’Antiquité, est à la recherche de méthodes efficaces. Laissons-la investiguer et avancer sur ce terrain. Quant à toi, préoccupe-toi, dans cette atmosphère où les adversaires de toujours continuent à se lancer à la tête tous les griefs d’hier, de rester de glace. Sois objectif, conséquent envers toi-même et les autres. Nourris-toi et nourris-les de cette compréhension, cette harmonie dans lesquelles tu baignes. Organisez-vous, gens des tentes, et soumettez à vos représentants un document complet comportant des options de base dans le domaine socio-éducatif et, en premier, posez le postulat suivant : – Quel citoyen souhaitons-nous ? – Quels sont, dans le contexte géopolitique particulier du Liban, où 18 confessions différentes se côtoient, les moyens à déployer pour à tout le moins éviter la cacophonie ? Sans trop philosopher sur la philosophie – pour ne pas la tuer –, ne perds pas de vue qu’elle demeure pour l’homme ce souffle indispensable à toute réflexdion, car elle est ce regard lucide et honnête sur tous les phénomènes ambiants qui lui apprend à mieux se situer par rapport à tout ce qu’est l’univers. Cela étant, que votre document détaille l’aspect social de la vie en communauté. En effet, quelle que soit notre appartenance sociale, nous avons tous droit à une vie digne, garantie par l’État. L’application d’une justice élémentaire dans l’exercice des droits et devoirs du citoyen envers la société est le moteur essentiel qui régule et équilibre les relations humaines. La prise de conscience de soi, par la prise de conscience de l’autre, demeure le bien social le plus précieux et prévient toutes les crises. L’école au Liban devrait revoir sa copie du « projet d’école » et réfléchir sur les options institutionnelles, éducatives et administratives que cela implique. Elle découvrirait que la nécessité induit la finalité, qui consiste à rechercher des solutions aux problèmes qui se posent et les expliquer à tous, selon les échelles de responsabilité. Dès lors, cette nécessité sollicite l’esprit d’équipe et d’innovation qui génère ou conforte l’idée même du projet. En effet, l’éducation est nationale, mais l’unicité des objectifs, les chemins pour les atteindre sont nécessairement divers, car les publics accueillis sont variés, la structure des écoles, et le contexte social, économique et culturel sont différents. C’est sur ces aspects qu’il est impératif de se pencher, dans le but de sensibiliser les responsables à ce concept et d’aller à la recherche des remèdes. Ces quelques idées, je les mets à ta disposition pour en débattre ensemble plus longuement, toi jeunesse des tentes. Pour l’instant, écoute, regarde, analyse, comprends, dialogue avec tous. Et ne perds pas de vue que « gouverner (ou diriger), c’est prévoir ». Armand PARASKEVAS


« C’est la société d’autrui qui enseigne à l’homme ce qu’il sait ».
(Euripide – Andromaque – Ve s. av. J-C)

Il aura fallu le sacrifice ultime d’un homme, Rafic Hariri, pour que toi, citoyen, tu te souviennes des tiens et que tu trouves enfin, dans l’énergie du désespoir, la force de dire : cela suffit !
Tu as pleinement raison. Je ne peux que t’appuyer et...