Le général est attendu, comme prévu, le 7 mai avec tous ses compagnons d’exil Aoun sera protégé en permanence par une cinquantaine de militaires

Les proches du général Michel Aoun assurent qu’il sera bien de retour le 7 mai. Avec tous ses compagnons d’armes sans exception. Il en a notifié les émissaires officiels reçus dernièrement à Paris, qui lui ont répondu, au nom du pouvoir, que tout sera fait pour faciliter ce retour. Ce qui signifie l’adoption de mesures annulant les procédures judiciaires engagées contre Aoun et certains de ses officiers. Les délégués ont transmis au général des messages d’appréciation de la part des responsables en place, qui lui font maintenant risette pour des raisons sans doute électorales. Ou pour tenter de diviser l’opposition. Ces messagers ont évoqué avec lui les dispositions à prendre pour assurer sa sécurité, tant le jour de son retour que par la suite. Il devrait ainsi être protégé en permanence par une escouade de quelque 50 officiers et agents à la sélection desquels il participerait. Et il résiderait dans l’ancien palais présidentiel de Zouk, qui est bien équipé sur le plan de la sécurité. La résidence appartient au gendre de Henri Sfeir, un notable de la famille Abtour, qui la met volontiers à la disposition de l’ancien président du Conseil. Un autre notable, de la famille Rayess, avait proposé de son côté sa villa de Baabda. Même offre généreuse de la part d’un politicien de la région. Expectative relative Sur le plan politique, le général affiche actuellement une certaine réserve. Il semble préférer attendre d’être sur place, d’engager une série de concertations, avant de prendre position sur nombre de points. En soulignant cependant qu’il tient tout particulièrement à contribuer à la consolidation de l’unité des rangs de l’opposition en militant pour la désignation de listes unifiées dans toutes les régions. Aoun a discuté la semaine dernière avec Ghattas Khoury et avec le Dr Michel Abi Abdallah, qui revenaient ensemble de Washington. Le général a confirmé qu’il est prêt à s’allier avec le Courant du futur, qui étend ses ramifications à Beyrouth comme dans toutes les provinces. Ce qui n’est pas le cas pour certaines composantes du front opposant. Pour marquer cette tendance, en même temps que par correction élémentaire, le général se rendra sur la tombe du président Hariri dès son arrivée. Il y fera une prière puis devrait aller à la rencontre des masses, place de la Liberté. Sourdes appréhensions Il reste que certains pôles de l’opposition cachent mal qu’ils redoutent plutôt le retour de Aoun. Ils s’inquiètent de l’exploitation politique que le pouvoir tente d’en faire. D’autant que ce come-back coïncide avec le probable prochain couronnement des efforts déployés en vue de la libération de Samir Geagea. Ces pôles craignent que le courant aouniste et les Forces libanaises ne les débordent du côté de la mobilisation de la rue. Et ne se trouvent tentés de faire ami-ami avec les loyalistes. Sans compter que les aounistes et les FL étant des organismes portés à l’action de rue, habitués à organiser des manifestations, ils ne se retrouvent comme jadis dans une nouvelle confrontation directe. À l’appui de leurs craintes, les pôles cités rappellent que tout récemment, une bataille a opposé aounistes et FL lors des élections corporatives à l’Ordre des ingénieurs. En fait, aounistes et FL avouent en privé qu’ils se méfient plutôt les uns des autres. C’est là d’ailleurs un des éléments qui incitent plus d’une figure de proue du front opposant à réclamer l’élaboration d’une charte devant réguler les relations au sein de cette nébuleuse. Un membre de Kornet Chehwane s’interroge sur l’inexistence, dans le camp chrétien, d’un recours politique comme c’est le cas au sein des communautés chiite, druze et sunnite. Philippe ABI-AKL