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En Dents De Scie Les hommes du président

Seizième semaine de 2005 (J+69). Une drôle de passation des pouvoirs. Adnane Addoum a quitté le ministère de la Justice. Adnane Addoum s’est exprimé avant et après son successeur pour rabâcher sa bonne volonté, sa détermination à aider jusqu’au bout la commission d’enquête internationale. Adnane Addoum est désormais procureur général à part entière. Il laisse la place à un homme dont on dit beaucoup de bien : Khaled Kabbani. Celui-là même qui devrait avoir l’intéressant privilège de proposer au Conseil des ministres la révocation, la mise à pied, la mutation, peu importe, de celui qui a fini de faire de la justice une poupée que les tuteurs syriens et leurs pupilles libanais habillaient et déshabillaient au gré de leurs intérêts, utilisaient le plus arbitrairement du monde au seul service des plus glauques, des plus liberticides de leurs intérêts : Adnane Addoum. Il manque à la très prometteuse déclaration ministérielle du cabinet Mikati une assurance sur le départ de l’homme qui a pratiquement accusé Marwan Hamadé d’avoir commandité son propre assassinat : Adnane Addoum. Le texte essaie certes de rattraper cette lacune fondamentale au cœur de toutes les revendications populaires d’une manière bien inédite. Et particulièrement désespérée. Rarement les déclarations d’intention d’un gouvernement s’étaient crues obligées de rappeler que la justice est « la garante essentielle des droits et des libertés des Libanais ». Rarement gouvernement a été tenu de rappeler son attachement à l’indépendance de la justice, à la nécessité d’assurer aux juges et aux parties opposées « toutes les garanties constitutionnelles et légales, pour que ces juges deviennent les dépositaires de la confiance et du respect des citoyens ». Rarement gouvernement aura à ce point été obligé de rappeler l’importance d’une justice saine et claire dans le processus d’assainissement économique d’un pays en surcrise. Réduit à multiplier officiellement ces évidences, ces sous-entendus, ces lapalissades, le gouvernement Mikati reconnaît implicitement l’étendue des dégâts infligés au troisème pouvoir par Adnane Addoum. Il devient ainsi nécessaire, urgent, à la lumière de l’avant-dernier paragraphe de la déclaration d’intentions ministérielle, d’en finir avec, entre autres, Adnane Addoum à un poste touchant de près comme de (très) loin à la justice libanaise. Une drôle de révérence, un drôle de culot. Il a amplement prouvé qu’il était capable du meilleur – même les évêques maronites ont évoqué publiquement l’excellence de sa gestion administrative d’une des institutions-clés du quotidien des Libanais – comme du pire, en pervertissant pendant des années et jusqu’à la moelle le schème politique libanais, en contribuant à ancrer jusqu’aux gènes mêmes la tutelle de Damas sur le Liban, son annexion de la libre décision libanaise, le clonage du Liban sur le modèle syrien. Ses amis évoquent avec une surcharge de conviction son acharnement au travail, son honnêteté, sa certitude de servir le Liban du mieux qu’il le peut ; ses adversaires parlent d’un homme sans foi ni loi, sans scrupules, grisé par l’immense pouvoir que lui confère sa charge, toutes les dérives vers lesquelles ce pouvoir entraîne lorsqu’on ne s’appelle pas Farouk Abillama ou Zahi Boustany par exemple ; grisé par la crainte qu’il inspire aux Libanais. Jamil Sayyed s’est carrément autoproclamé pouvoir exécutif en décidant hier jusqu’à la durée même du congé provisoire qu’il s’est offert. Au Conseil des ministres présidé par Nagib Mikati de remettre les pendules à l’heure, même si ceux qui connaissent l’amplitude de l’intelligence de Jamil Sayyed ne comprennent toujours pas comment cet homme n’a pas compris qu’il n’y pouvait plus rien, que l’agenda local et international allait, très vite, lui permettre de connaître les vices et les vertus du secteur privé. Ou de la retraite anticipée. Il aurait dû démissionner dès le 14 février, s’évitant, entre autres désagréments, un bien humiliant conseil de discipline. Un drôle de prorogé. En retournant sa veste jusqu’au bout des manches, Émile Lahoud pense-t-il réellement faire oublier aux quatre millions de Libanais l’illégitimité de sa présence à Baabda ? Ziyad MAKHOUL

Seizième semaine de 2005 (J+69).
Une drôle de passation des pouvoirs.
Adnane Addoum a quitté le ministère de la Justice. Adnane Addoum s’est exprimé avant et après son successeur pour rabâcher sa bonne volonté, sa détermination à aider jusqu’au bout la commission d’enquête internationale. Adnane Addoum est désormais procureur général à part entière. Il laisse la place à...