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Actualités - ANALYSE

Eclairage Les délais en voie d’être respectés, l’opposition a désormais le regard tourné vers la loi électorale

Nagib Mikati n’est certes pas un faiseur de miracles. Il n’a pas peut-être révolutionné le Liban en quelques jours, et il ne le fera sans doute pas de sitôt, étant donné la fonction ultime dont dépend la survie de son cabinet, à savoir organiser des élections dans les délais. Quel que soit le bilan que l’on puisse dresser de son parcours depuis son entrée en politique, l’homme a déjà montré en un temps record qu’il possède à son actif une qualité indéniable et de surcroît terriblement rare sur la scène politique libanaise : il sait tenir ses promesses. Tout le monde, à commencer par l’opposition, attendait la déclaration ministérielle pour juger le Premier ministre désigné et son cabinet. Or, jusqu’à présent, il convient de le remarquer, Nagib Mikati l’a jouée nette sur toute la ligne. D’abord, il a créé un cabinet de non-candidats pour assurer la gestion des élections. Ensuite, la déclaration ministérielle de son cabinet évoque la mise à disposition des chefs des services de renseignements pour faciliter la mission de la commission d’enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri et de ses compagnons. Et effectivement, sur le terrain, les « hommes de l’ombre » ont effectivement entrepris hier le début du parcours qui devrait les conduire au moins à rendre leur tablier. L’on murmure cependant que le cas des directeurs généraux de la Sûreté générale, de la Sûreté de l’État et des FSI, les généraux Jamil Sayyed, Édouard Mansour et Ali el-Hajj, seront distingués du cas du directeur des SR de l’armée et du cas du procureur Adnane Addoum. Le sort des trois premiers sera entre les mains du Conseil des ministres une fois que ce dernier aura obtenu la confiance. Les affaires relatives aux officiers de l’armée relèveront, elles, du commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleimane, sans qu’il n’en réfère au Conseil des ministres, sauf pour ce qui est du responsable des SR, dont le dossier sera exceptionnellement confié au ministre de la Défense. Quant au cas Addoum, ce sera au Conseil supérieur de la magistrature de s’en occuper. Mais le plus important est sans conteste que Nagib Mikati s’est formellement engagé hier à tenir les élections le 29 mai prochain. Et il ne faut pas sous-estimer cette annonce, qui veut dire ce qu’elle veut dire : d’abord que le cabinet obtiendra la confiance au Parlement, et surtout que le même consensus international qui a catapulté Nagib Mikati à la présidence du Conseil a d’ores et déjà tranché la question de la date du scrutin, impérativement et irrévocablement fixée au 29 mai. Si l’on concède que ces deux derniers points (le cas des chefs des SR et la date du scrutin) sont en voie de réalisation, il reste donc un problème fondamental à résoudre pour que le nouveau leader tripolitain ait rempli son contrat jusqu’au bout : la loi électorale. En vertu de la Constitution, les électeurs et candidats doivent être avertis de la tenue du scrutin au moins un mois avant le début des élections. Or Mikati propose un amendement faisant en sorte que le collège électoral soit convoqué quinze jours seulement avant les élections, ce qui laisserait plus de temps pour s’entendre sur une nouvelle loi électorale. Ainsi, si le Parlement n’adopte pas la nouvelle loi, il sera toujours temps de convoquer à des élections, mais à défaut de convoquer le collège électoral le 29 avril (un mois avant), il pourra le faire le 14 mai prochain, en respectant le délai du 29 mai et sur base de la loi de 2000. Dans le même ordre d’idées, une source opposante affirme que l’opposition plurielle est prise entre deux étaux : celui des délais constitutionnels et celui de la loi électorale. La déclaration ministérielle a été rassurante hier pour l’opposition : si elle a annoncé qu’une commission allait élaborer un nouveau projet de loi électorale, elle a toutefois précisé que le cabinet y serait représenté par les deux ministres haririens, Hassan Sabeh et Khaled Kabbani. De quoi soulager l’opposition, surtout que Saad Hariri, fidèle à la mémoire de son père, a de nouveau exprimé hier son attachement à la formule basée sur le caza. Cependant, une source hyperréaliste au sein de l’opposition estime que le camp du caza ne triomphera pas, que les pro-Berry saboteraient un tel projet de loi au Parlement et que l’opposition se trouve en principe devant le dilemme cornélien suivant : perdre du temps et discuter la nouvelle loi pour s’assurer une meilleure représentation, surtout sur le plan chrétien, ou revenir à la loi de l’an 2000 pour sauver les délais et tenir les élections. D’autant que tout retard pourrait conduire le camp opposant à perdre des sièges. Parallèlement, une loi inique pourrait « donner des résultats donnant l’impression que la déferlante du 14 mars n’a jamais eu lieu ». Une solution à méditer, propose la source susmentionnée, pour atténuer des effets que pourrait avoir la loi de 2000 sur la représentation de l’opposition, et tout particulièrement de l’opposition chrétienne : diviser les mohafazats en trois circonscriptions. Ainsi, à titre d’exemple, le Mont-Liban serait découpé en trois zones : Kesrouan-Jbeil, les deux Metn, et le Chouf et Aley ensemble. Il en va, selon elle, de la crédibilité du nouveau Parlement sur le plan de la représentation, mais aussi et surtout du respect de la nature et de l’âme consensuelle du Liban. Michel HAJJI GEORGIOU

Nagib Mikati n’est certes pas un faiseur de miracles. Il n’a pas peut-être révolutionné le Liban en quelques jours, et il ne le fera sans doute pas de sitôt, étant donné la fonction ultime dont dépend la survie de son cabinet, à savoir organiser des élections dans les délais. Quel que soit le bilan que l’on puisse dresser de son parcours depuis son entrée en politique,...