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Actualités - CHRONOLOGIE

Sayyed Mohammed Hassan al-Amine appelle le parti de Dieu « à ne pas chercher un rôle au-delà des frontières » « La rencontre chiite libanaise » pour briser l’hégémonie du Hezbollah et d’Amal (photo)

«La communauté chiite en a marre d’être considérée comme une entité acquise à la Syrie, une sorte de mouton noir libanais, mis au ban de la société. » Ces propos ont été prononcés à plusieurs reprises au cours de la réunion des intellectuels chiites, tenue hier après-midi à Amiliyé, à Ras el-Nabeh. Ce ras-le-bol est d’ailleurs à l’origine de l’initiative lancée par l’uléma sayyed Mohammed Hassan al-Amine, mufti chiite de Saïda, visant à créer un rassemblement, « la rencontre chiite libanaise », qui servirait de noyau à l’émergence d’une nouvelle force chiite. Ce rassemblement qui regroupe une centaine d’intellectuels de la communauté, ainsi que le député Bassem Sabeh, venu en hôte d’honneur en quelque sorte, et des journalistes du quotidien al-Moustaqbal comme Nassir el-Assaad et Kassem Kassir, vise essentiellement à montrer que la communauté ne se limite pas à Amal et au Hezbollah. Le groupe estime justement qu’il est temps de faire entendre une autre voix, qui, sans être forcément antisyrienne, ne veut plus être étouffée par les deux principales formations de la communauté. Ce groupe estime, par ailleurs, qu’il faut que la communauté chiite ne soit plus isolée au sein du pays et s’intègre au grand élan qui est en train de soulever le Liban. Faire bouger les structures sclérosées L’idée de « la rencontre chiite libanaise » est ainsi née et s’est concrétisée hier par la première réunion de ses membres. Son chef, qui est aussi en quelque sorte son âme et son inspirateur, sayyed Mohammed Hassan al-Amine, avait déjà tenté à plusieurs reprises de réformer les structures de la communauté et notamment celle du Conseil supérieur chiite. Mais tout y est bloqué pour servir les intérêts de la formation qui a longtemps dominé la scène chiite, le mouvement Amal. Le Hezbollah lui-même s’est, de son côté, doté de structures parallèles suffisamment puissantes pour neutraliser l’influence d’un uléma aussi érudit que sayyed Mohammed Hussein Fadlallah. Sayyed Mohammed Hassan al-Amine s’est aussi démarqué du Hezbollah depuis des années, d’abord dans les années 1990 et ensuite en 1996, rejetant ce qu’il considérait comme l’hégémonie de cette formation sur la communauté sous le label de la résistance. Entre Amal, qui représente pour beaucoup un symbole de ce qu’on peut appeler le « chiisme politique », qui est aussi impliqué dans la corruption, et le Hezbollah et sa puissance militaire, la communauté chiite est prise en otage, estime sayyed al-Amine. Voyant toutes les issues bouchées, il a donc choisi de recourir à la création de ce rassemblement. Mais il fallait aussi attendre le bon timing, pour que l’initiative ne soit pas tuée dans l’œuf, par Amal et le Hezbollah. Selon les participants à la rencontre d’hier, le moment choisi est le bon, car « la rencontre chiite libanaise » estime que la communauté ne peut pas rester sclérosée et de plus en plus de chiites se sentent exclus du grand mouvement qui secoue actuellement le Liban. Ces gens ne se reconnaissent ni dans Amal ni dans le Hezbollah, et veulent avoir la possibilité d’avoir leur dynamique propre et de pouvoir participer à la marche vers la souveraineté et l’indépendance du Liban. Les participants à la rencontre d’hier l’ont bien déclaré : les chiites ne sont pas moins nationalistes que les autres et ils refusent de continuer à être pris en otages par les Syriens et leurs alliés. « Créer un pont entre les chiites et les autres communautés » Selon sayyed Mohammed Hassan al-Amine, « il s’agit de créer un pont entre les chiites et le reste de la population et de montrer que l’unité nationale est bien réalisée et que les chiites en sont un élément essentiel ». Mais le plus important est sans doute l’appel public lancé au Hezbollah par les participants à la réunion pour qu’il dévoile ses intentions réelles. « Il faut qu’il s’engage clairement à dire qu’il ne cherche pas un rôle au-delà des frontières libanaises et qu’il se conformera à une décision qui fait l’unanimité des Libanais », a clamé sayyed Mohammed Hassan al-Amine lors de la réunion à l’école « al-Amiliyé », mise à leur disposition par M. Mohammed Youssef Baydoun, qui a toutefois précisé à L’Orient-Le Jour qu’il n’avait rien à voir avec ce rassemblement. Tout en s’alignant sur les thèses de l’opposition, « la rencontre chiite libanaise » affirme ainsi qu’elle reconnaît le plafond de Taëf et veut lancer une dynamique de dialogue entre ce qu’elle appelle « la base chiite » et les autres composantes de la société libanaise. À ceux qui les accusent de vouloir diviser la communauté chiite, les ténors de la rencontre affirment qu’au contraire, ils souhaitent la dynamiser et l’intégrer définitivement au sein de la société libanaise. « La crainte de la division émane de ceux qui ont peur pour leurs privilèges et leurs intérêts » a déclaré sayyed al-Amine. « Il ne faut pas craindre le dialogue, ni la diversité », a-t-il encore ajouté. L’uléma a aussi insisté sur le fait que ceux qui tiennent les commandes de la communauté depuis des années ne sont pas en train de comprendre l’évolution de la situation internationale et régionale. Ils veulent, selon lui, entraîner la communauté chiite dans le chaos et l’isolement total. « Le changement, a-t-il dit, est dans la nature des choses. Il faut aller dans le sens du monde et non à contre-courant. »
«La communauté chiite en a marre d’être considérée comme une entité acquise à la Syrie, une sorte de mouton noir libanais, mis au ban de la société. » Ces propos ont été prononcés à plusieurs reprises au cours de la réunion des intellectuels chiites, tenue hier après-midi à Amiliyé, à Ras el-Nabeh. Ce ras-le-bol est d’ailleurs à l’origine de l’initiative lancée par...