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Actualités - OPINION

La controverse sur la composition du gouvernement est inutile Les leaderships opposants sauront-ils dominer leurs ambitions et serrer les rangs ?

Ce qui est fait est fait, et en tout cas, ce n’est pas grave ni essentiel. C’est ainsi qu’un dignitaire religieux accueille la composition, politiquement imparfaite, du nouveau gouvernement. En soulignant qu’il n’est guère important de regarder les parts reçues ou refusées. Car l’opposition doit réserver ses forces à la réalisation effective de son double objectif : des élections régulières dans les délais constitutionnels. Sans s’attarder à se plaindre des deux mois perdus en atermoiements par les autorités encore en place. Il faut désormais mettre la pression pour que le gouvernement s’acquitte bien de sa tâche. Et ne lui demander des comptes que sur ses actes, pas sur ses paroles. Nombre de mécontents grognent au sujet du déséquilibre ministériel favorisant les loyalistes. La personnalité religieuse citée leur réplique que même si l’opposition avait obtenu la moitié des portefeuilles, elle n’aurait pas été certaine de voir ses revendications satisfaites. Car l’autre partie aurait usé, en pratique, d’un droit de veto. Et un éventuel conflit ouvert aurait fait imploser le cabinet, torpillant du même coup les législatives. En provoquant une crise dont la seule issue serait l’élection d’un nouveau chef de l’État, pour un mandat de six ans. Donc, puisque les prosyriens détiennent la majorité dans la législature actuelle, le choix d’un président qui ne plairait pas à l’opposition. De plus, relève la même source, il aurait été difficile de former rapidement un gouvernement bien panaché loyalistes-opposants. Car cela aurait provoqué de vifs différends autant sur les noms que sur la répartition des portefeuilles. La solution de compromis aurait pris, sans aucun doute, beaucoup trop de temps pour que l’on puisse respecter les délais constitutionnels concernant les élections. D’autre part, estime le dignitaire religieux, l’opposition obtient, en termes de supervision du scrutin, un acquis essentiel. Puisque les deux ministères concernés au premier chef par l’opération électorale, l’Intérieur et la Justice, reviennent à des personnalités connues pour leurs sympathies opposantes. Étant quand même, bien entendu, que le contrôle sur le terrain n’est pas pour autant garanti. Du fait que les rouages sont huilés, depuis longtemps, par un pouvoir fidèle aux décideurs sortants. Il appartiendra en définitive à l’opinion de juger si les élections ont vraiment été libres, basées sur un code équitable. Désormais, ajoute le même observateur ecclésiastique, l’opposition doit donc se focaliser totalement sur deux buts complémentaires. D’une part, maintenir la pression, en s’appuyant sur l’opinion, pour que le gouvernement honore ses engagements. D’autre part, former des listes unifiées, en évitant une dislocation, ou une dispersion, qui lui ferait perdre sa crédibilité ainsi que les faveurs du public. Descendu à plus d’un million la soutenir, le 14 mars dernier, place de la Liberté. En fait, c’est la grande question. Les leaderships opposants sauront-ils dominer leurs ambitions, préserver la cohésion de leurs rangs ? Chacun d’entre eux ne voudra-t-il pas tirer la couverture de son côté ? Le risque est clair. En effet, certains pôles, passant outre à toute concertation avec leurs alliés, ont commencé à désigner des candidats à eux dans nombre de circonscriptions. Cette démarche complique d’avance la tâche du comité commun de sélection. En rendant déjà difficiles des désistements ultérieurs. Ces leaders semblent considérer qu’avec le départ des troupes syriennes et de leurs services de renseignements, la voie leur est ouverte pour faire prévaloir leur poids politique propre sur la scène locale. Sans tenir compte de leurs alliés. C’est un peu ce qui s’était passé jadis avec le Helf. Chamoun, Eddé et Gemayel avaient joint leurs forces pour contrer, à travers les élections de 68, le Deuxième Bureau. Une fois la victoire obtenue, ils s’étaient divisés au sujet de l’élection du président de la Chambre, avec Sabri Hamadé ou avec Kamel el-Assaad. Cette fois, il y a danger de voir la rupture s’effectuer même avant les élections, et à cause d’elles. Le dignitaire religieux cité s’en alarme. Et lance un appel pressant à l’opposition pour qu’elle sauvegarde l’unité de ses rangs. Sans quoi elle se retrouverait encore une fois minoritaire à la Chambre. Émile KHOURY
Ce qui est fait est fait, et en tout cas, ce n’est pas grave ni essentiel. C’est ainsi qu’un dignitaire religieux accueille la composition, politiquement imparfaite, du nouveau gouvernement. En soulignant qu’il n’est guère important de regarder les parts reçues ou refusées. Car l’opposition doit réserver ses forces à la réalisation effective de son double objectif : des...