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Actualités - CHRONOLOGIE

Amine Gemayel, Michel Eddé, Marwan Hamadé, Nassib Lahoud, Gébrane Tuéni et d’autres interviennent sur le sujet à Kaslik Quel Liban après le retrait syrien ? Analyses et perspectives(photos)

Quel Liban après le retrait syrien ? Un grand nombre de personnalités ont répondu hier à l’invitation de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek) pour tenter de répondre à cette question, lors d’une conférence – suivie de plusieurs sessions de travail – organisée dans le cadre des journées de l’unité nationale, à l’occasion de la trentième commémoration du déclenchement de la guerre au Liban, événement placé sous le patronage du patriarche maronite Nasrallah Sfeir. Dans leurs allocutions, les intervenants ont surtout insisté sur la nécessité d’appliquer l’accord de Taëf. Lors de la séance inaugurale, tenue dans l’amphithéâtre Jean-Paul II, et après le mot de bienvenue prononcé par le recteur de l’Usek, le Père Antoine Ahmar, le député Marwan Hamadé a affirmé – et c’était d’ailleurs le titre de son intervention – que la page de la guerre a été définitivement tournée entre les Libanais. Mais il n’en faut pas moins, a-t-il précisé, consolider par tous les moyens l’unité nationale et rester attaché aux objectifs définis par l’opposition plurielle, dès avant la mort de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et la prorogation du mandat du président de la République. Il a assuré que l’opposition restait soudée et que les élections, même reportées, donneront naissance à une nouvelle Chambre de députés, libre et souveraine. Le député Nassib Lahoud a insisté sur le fait que le Liban ne comptait pas remplacer la tutelle syrienne par une toute autre hégémonie étrangère, mais que le pays aspirait à la liberté. Soulignant le lien entre unité nationale et indépendance, il a estimé que cette dernière ne naissait pas spontanément, mais qu’elle était le fruit d’un travail continu au fil des ans, notant que « l’histoire retiendra que la moisson de cette année était exceptionnelle ». Dans son mot, la députée Bahia Hariri a évoqué plus d’une fois son frère martyr, et l’intifada qui a suivi sa mort, mais aussi un autre grand disparu, le pape Jean-Paul II, dont elle a insisté sur le message. « Quand le saint-père a parlé du Liban en tant que message, il ne signifiait pas un pays où les musulmans et les chrétiens vivent ensemble, mais un espace au sein duquel ils se comprennent », a-t-elle dit, martelant que les Libanais ont bien appris la leçon et ne permettraient à personne de les entraîner dans une nouvelle guerre. Pour l’ancien président de la République Amine Gemayel, les manifestations populaires, qui étaient en premier lieu une révolution contre les intérêts étroits de chacun, constituent une nouvelle naissance pour le Liban. Il a considéré que la nouvelle génération ne saurait se satisfaire ni de la première république, malgré les bases d’indépendance et de démocratie qu’elle a jetées, ni de la seconde qui était, selon lui, mort-née. « L’important, c’est qu’il s’agisse d’une véritable république, pas d’une simple couverture à un système tribal ou dictatorial », a-t-il dit. Prononçant le mot du patriarche Sfeir, Mgr Samir Mazloum, vicaire patriarcal, a appelé les Libanais, citoyens et responsables, à poursuivre la lutte pour l’indépendance tout en restant vigilants, en évitant les conflits et les pièges tendus et en consolidant l’unité nationale. Il a plaidé en faveur d’élections législatives dans les délais prévus, réaffirmant que la petite circonscription assurait une meilleure représentativité. L’avenir des relations libano-syriennes La première session de travail a porté ensuite sur la position du Liban sur l’échiquier régional et international. L’avenir des relations libano-syriennes a été abordé par le président de la Ligue maronite, Michel Eddé. Celui-ci a souligné que les deux facteurs principaux qui régissent ces relations sont les liens géographiques et historiques, d’une part, et l’expérience pratique au cours des trois décennies passées, d’autre part. Si les premiers sont indéniables et ne s’arrêteront pas avec le retrait des troupes, la seconde, selon lui, a été entachée de plusieurs erreurs, ainsi que l’a admis le président syrien lui-même, perpétrées par des groupes ou des individus syriens et libanais. Or, a poursuivi M. Eddé, les deux pays continuent d’avoir besoin l’un de l’autre, surtout en raison du danger représenté par Israël, les Libanais étant décidés à être les derniers à signer un accord de paix avec l’État hébreu, tout en étant sûrs que la Syrie n’acceptera aucun accord qui ne comporte une solution réelle au problème des réfugiés palestiniens. Enfin, l’ancien ministre s’est attardé sur l’aspect économique, soulignant que le fait de préserver des relations équilibrées entre deux pays indépendants ouvrira pour eux des perspectives de développement économique. Gébrane Tuéni, directeur général du quotidien an-Nahar, a estimé, pour sa part, que la tradition de liberté se perpétue depuis la naissance de la presse au Liban, et que celle-ci s’est différenciée de la presse des autres pays arabes parce qu’elle appartenait au secteur privé, et a toujours joui d’une marge de liberté. Il a rappelé que, même aux moments les plus difficiles, la presse a lutté pour l’unité nationale, qu’elle a été le miroir d’une société pluraliste, qu’elle a prôné le dialogue et qu’elle a poussé les citoyens à briser les barrières de la peur. M. Tuéni s’est déclaré profondément convaincu qu’à l’avenir, le Liban aura un rôle prépondérant dans la construction du nouveau Moyen-Orient, un rôle qui lui échoit en raison de sa nature pluraliste. Présentant une analyse de la stratégie américaine au Moyen-Orient depuis des décennies, Antoine Sfeir, directeur de la revue Les Cahiers de l’Orient, s’est posé la question suivante : que viennent vraiment faire les Américains en Irak ? Il en a conclu, après une longue démonstration, que les États-Unis cherchent l’éclatement de l’Irak, à remplacer les États-nations par des États communautaires, conformément à leurs intérêts et à ceux d’Israël. Or ce qui n’était pas prévu, c’est « cette révolution rouge et blanc au Liban », au cours de laquelle, selon lui, des foules de jeunes ont rejeté l’idée d’une citoyenneté communautaire. Par ailleurs, Antoine Hokayem, professeur d’histoire à l’Usek et à l’Université libanaise, a récapitulé les étapes qui ont jalonné les relations libano-syriennes de 1918 jusqu’à nos jours, alors que Jean-Guy Sarkis, professeur à l’Usek, a passé en revue le rôle de la diplomatie française au Liban, revenue en force depuis 1996. Les deux autres sessions de l’après-midi ont porté sur la résolution 1559, analysée par plusieurs experts, et les développements au Liban après le retrait syrien, avec, notamment, une intervention de Nawwaf Moussaoui, responsable des relations extérieures au Hezbollah, sur le rôle de la Résistance.

Quel Liban après le retrait syrien ? Un grand nombre de personnalités ont répondu hier à l’invitation de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (Usek) pour tenter de répondre à cette question, lors d’une conférence – suivie de plusieurs sessions de travail – organisée dans le cadre des journées de l’unité nationale, à l’occasion de la trentième commémoration du...