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Sang contaminé: le gouvernement britannique dévoile son dispositif d'indemnisation

Le Premier ministre britanniqiue, Rishi Sunak, lors d'une conférence de presse, le 21 mai 2024 en Autriche. Photo Jordan Pettitt / POOL / AFP

Le gouvernement britannique a présenté mardi son plan d'indemnisation des milliers de victimes du scandale du sang contaminé, indiquant que les premières seraient pleinement dédommagées d'ici à la fin de l'année.

Après la publication lundi d'un rapport accablant des autorités dans ce scandale qui a fait 3.000 morts, le Premier ministre Rishi Sunak a présenté des excuses officielles et promis une "indemnisation complète" pour les victimes.

"Quel que soit le coût" du dispositif d'indemnisation, "nous paierons", a-t-il promis, face à ce qui est considéré comme "la pire catastrophe médicale" de l'histoire du système public de santé britannique, le NHS.

Entre les années 1970 et 1990, des dizaines de milliers de personnes souffrant d'hémophilie ou ayant subi des opérations chirurgicales ont été contaminées par le virus de l'hépatite C et le HIV après avoir reçu des transfusions sanguines.

Détaillant mardi le dispositif devant les députés, le secrétaire d'Etat John Glen, Trésorier payeur général, a annoncé que le versement des indemnisations finales commencerait "avant la fin de l'année".

Reconnaissant que des victimes "meurent chaque semaine" et peuvent craindre de ne pas être indemnisées à temps, il a annoncé que le gouvernement procèderait à de nouveaux versements provisoires de 210.000 livres sterling (245.000 euros).

Certaines victimes ont déjà reçu une première indemnisation de 100.000 livres en 2022 après la parution d'un rapport d'étape.

Vérité "dissimulée"

Les membres de l'entourage de victimes qui se sont occupés d'un proche infecté sont éligibles, a précisé le secrétaire d'Etat.

Le coût total n'a pas été dévoilé, mais la presse britannique a évoqué une enveloppe de 10 milliards de livres (11,7 milliards d'euros).

Du fait de pénuries de sang, le service public de santé, le NHS, s'était tourné vers des fournisseurs américains qui rémunéraient leurs donneurs, parmi lesquels se trouvaient des prisonniers et des membres d'autres groupes présentant un risque important d'infection.

"L'ampleur de ce qui s'est produit est horrifiante", a écrit dans le rapport de plus de 2.500 pages dévoilé lundi l'ancien juge Brian Langstaff, désigné en 2018 pour conduire cette vaste enquête publique.

L'enquête, qui s'est étendue sur sept ans, a entendu des milliers de témoins et examiné des dizaines de milliers de documents. Elle a conclu que la vérité avait été "dissimulée pendant des décennies" et que le scandale "aurait pu être largement évité".

"Cette catastrophe n'était pas un accident. Les contaminations ont eu lieu parce que ceux aux responsabilités - les médecins, les services du sang et les gouvernements successifs - n'ont pas donné la priorité à la sécurité des patients", a insisté Brian Langstaff, cité dans un communiqué. "La réponse des autorités en place n'a fait qu'aggraver les souffrances" des victimes, a-t-il ajouté.

"Le meilleur traitement disponible"

Le rapport adresse une longue liste de reproches aux autorités sanitaires: les personnes infectées n'ont été informées que tardivement, parfois des années après, tandis que les produits sanguins à risque n'ont pas été retirés lorsque des craintes sur leur qualité ont été soulevées.

Le NHS n'a pas suffisamment cherché à réduire ses importations de produits sanguins en provenance des Etats-Unis, tandis que les dons de sang au Royaume-Uni n'étaient pas contrôlés de manière adéquate.

Surtout, le rapport dénonce la responsabilité des gouvernements successifs, qui ont tardé à agir lorsque le scandale a émergé.

Refusant toute indemnisation, la Première ministre Margaret Thatcher avait affirmé en 1989 que les victimes "ont reçu le meilleur traitement disponible conformément aux recommandations médicales alors en vigueur", une position reprise pendant les deux décennies qui suivront.

Plusieurs autres pays occidentaux ont été touchés par des scandales de sang contaminé. En France, l'ex-Premier ministre Laurent Fabius et deux ex-membres de son gouvernement, Georgina Dufoix (Affaires sociales) et Edmond Hervé (Santé), ont été jugés en 1999 devant la Cour de Justice de la République (CJR) pour homicides et blessures involontaires. Les deux premiers ont été relaxés, le dernier a été déclaré coupable mais dispensé de peine.


Le gouvernement britannique a présenté mardi son plan d'indemnisation des milliers de victimes du scandale du sang contaminé, indiquant que les premières seraient pleinement dédommagées d'ici à la fin de l'année.

Après la publication lundi d'un rapport accablant des autorités dans ce scandale qui a fait 3.000 morts, le Premier ministre Rishi...