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Actualités - CHRONOLOGIE

GOUVERNEMENT - Lahoud et Karamé sont rentrés samedi à Beyrouth Deux missions essentielles pour le nouveau cabinet : la loi électorale et la coopération avec la commission d’enquête

Le climat de Rome et l’atmosphère de recueillement qui baignait dans la Ville éternelle, lors des obsèques du pape Jean-Paul II, ont visiblement rejailli sur les responsables libanais. Déjà, dans l’avion qui les emmenait dans la capitale italienne, MM. Émile Lahoud, Nabih Berry et Omar Karamé avaient tenu une réunion ininterrompue pour mettre les dernières touches à la formation du nouveau gouvernement. Mais même à l’hôtel Hassler, près de la Piazza di Spagna, où ils étaient descendus, les contacts ne se sont pas interrompus, et la ligne avec Beyrouth n’a jamais été coupée. Finalement, ce voyage éclair pour participer aux funérailles de l’un des plus grands papes de l’histoire, et sans doute l’un de ceux qui se sont le plus souciés du Liban et des Libanais, a été fructueux sur le plan interne libanais. Des obstacles de dernière minute… Le président du Conseil l’a officiellement déclaré dans l’avion du retour : la composition du gouvernement pourrait être annoncée ce matin, probablement à onze heures, à Baabda. Même si, à Beyrouth, certaines sources estiment qu’il y a encore quelques problèmes à surmonter, notamment au sujet de la participation de Sleimane Frangié et Élias Skaff. Pourtant, à Rome, la tendance était à considérer la participation de M. Frangié comme définitivement réglée puisque, comme Omar Karamé, il devrait se plier à la demande pressante du Rassemblement de Aïn el-Tiné, dont ils sont membres tous les deux. De même, le président de la Chambre, qui s’est rendu vendredi soir, après la fin de la cérémonie des obsèques, à Milan pour une visite privée, devrait être présent au moment de l’annonce et participerait ainsi à la photo officielle. Sauf si des difficultés de dernière minute surgissent. En principe donc, l’un des écueils qui entrave la tenue des élections législatives serait levé. Même si la composition du gouvernement pourrait décevoir plus d’une partie. À Rome, les trois responsables, ainsi que le vice-président du Conseil, Issam Farès, méconnaissable avec sa barbe blanche, due, semble-t-il, à une allergie, ont beaucoup discuté entre eux dans le cadre de rencontres privées, tenues dans la suite du président de la République. Mais ce dernier a aussi marché dans les rues de Rome, manquant de peu de croiser la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, qui se promenait aussi Via Veneto, entourée d’une armée de gardes du corps. Ce bol d’air frais n’a pas rendu les responsables plus bavards et ils sont restés très discrets sur les figures qui participeront au nouveau gouvernement. Il a été simplement possible de savoir que Issam Farès, qui aurait souhaité se retrouver en dehors du gouvernement, aurait accepté d’en faire partie en raison de la gravité de la situation. D’ailleurs, une grande partie des ministres actuels devraient revenir au sein de la nouvelle équipe, notamment Albert Mansour, à l’Information cette fois, Maurice Sehnaoui, Jean-Louis Cardahi, Leila Solh, Mahmoud Hammoud, Mohammed Khalifé, Abdel Rahim Mrad, Adnane Kassar, Naji Boustani, Wadih Khazen, Sami Minkara, Sebouh Hovnanian, etc. Parmi les « nouvelles figures », on parle de Michel Murr et d’Assaad Hardane, mais aussi de Hicham Chaar. Bref, le grand changement devrait essentiellement porter sur le portefeuille de la Justice qui devrait revenir à un magistrat (Ghaleb Ghanem) ou à un proche de la famille Hariri. Karamé : Laisser le patriarche en dehors des petites questions politiques De toute façon, le nouveau gouvernement pourrait ne pas regrouper des figures qui devraient provoquer une grande surprise ni susciter une grande animosité. Il devrait regrouper trente membres, contrairement au vœu émis par le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, devant les journalistes, à Rome. Interrogé d’ailleurs à ce sujet par les journalistes, dans l’avion qui le ramenait de Rome à Beyrouth, Omar Karamé a minimisé l’opposition du patriarche, demandant à le tenir en dehors des questions politiques marginales et rappelant que ce dernier ainsi que le général Michel Aoun avaient appelé l’opposition à participer au gouvernement, mais que celle-ci ne l’a pas voulu. Selon lui, il s’agit en tout cas de détails. L’essentiel est que le nouveau gouvernement entamera ses fonctions par le retrait du projet de loi électorale présenté par son prédécesseur pour le remplacer par un autre, basé sur le mohafazat comme circonscription électorale et sur le principe de la proportionnelle simple, c’est-à-dire, comme l’a expliqué Omar Karamé, avec des listes fermées. L’autre mission importante du nouveau gouvernement sera de suivre les investigations de la commission internationale d’enquête et de faciliter son travail, conformément aux instructions du président de la République. Ce dernier a réitéré, au cours d’un entretien avec le président de la Guinée équatoriale,Teodore Obing Guena, vendredi soir à Rome, la détermination du Liban à coopérer totalement avec la commission d’enquête car, selon lui, tous les Libanais tiennent à connaître la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri. Une probabilité : le report des élections Enfin, Issam Farès l’a suggéré à Rome et Omar Karamé l’a laissé entendre dans l’avion, il serait de plus en plus probable que les élections législatives soient reportées. La question est de savoir s’il s’agit d’un report de trois ou de six mois. L’adoption du scrutin proportionnel est le prétexte déclaré. Car s’il assure une meilleure représentativité, il faut un peu de temps pour que les Libanais se familiarisent avec ce système. Mais il se pourrait bien que la véritable raison du report serait d’attendre la fin des investigations de la commission d’enquête internationale et l’évolution des événements dans la région. En six mois, estiment certains milieux officiels, beaucoup de choses peuvent changer, notamment sur le plan régional. Mais pour l’instant, ce qui est sûr, c’est que le Liban sera doté cette semaine d’un nouveau gouvernement. Et le voyage de Rome a sans doute largement contribué à l’établissement d’un dialogue positif et franc entre les responsables du pays. Reste à savoir si ce dialogue se poursuivra à Beyrouth, et s’il englobera d’autres groupes et personnalités de l’opposition. Scarlett HADDAD

Le climat de Rome et l’atmosphère de recueillement qui baignait dans la Ville éternelle, lors des obsèques du pape Jean-Paul II, ont visiblement rejailli sur les responsables libanais. Déjà, dans l’avion qui les emmenait dans la capitale italienne, MM. Émile Lahoud, Nabih Berry et Omar Karamé avaient tenu une réunion ininterrompue pour mettre les dernières touches à la formation...