Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

L’opposition doit élaborer une vision politique et économique commune, estime le chef du PSP Joumblatt s’explique : J’ai proposé un compromis pour que les élections aient lieu

Tout le monde attendait la conférence de presse de Walid Joumblatt. Après ses rencontres avec plusieurs pôles loyalistes, après ses derniers propos interprétés par de nombreux observateurs comme étant les prémices d’un revirement politique et d’un divorce avec l’opposition, après le report de sa conférence de presse supposée initialement avoir lieu samedi, le temps semblait être suspendu en attendant une prise de position nette et claire de sa part sur la question. Hier, le chef du PSP, sur la défensive, a voulu répondre, plus ou moins directement, à tous ceux qui l’ont récemment critiqué. Réaffirmant, à partir de Moukhtara, son appartenance indéfectible à l’opposition, il a rappelé que ses positions par rapport à la résolution 1559 et le Hezbollah n’ont jamais changé : il a été hostile à la première et favorable à l’armement, du parti intégriste. Il a également accordé une importance spéciale à la période postélectorale en insistant sur la nécessité, pour l’opposition, d’élaborer un programme social, politique et économique commun qui répondrait aux attentes des manifestants du 14 mars. « Je ne comprends pas pourquoi, chaque fois que j’entreprends une démarche dans le cadre de l’opposition, des “doutes” commencent à apparaître. Il convient de rappeler (…) que le patriarche Sfeir avait appelé à partir de Washington à participer au gouvernement. Le général Aoun a également lancé un appel similaire, se déclarant même en faveur de n’importe quelle loi électorale. C’est comme si j’évoluais dans un vide, alors que je travaille dans le cadre de l’opposition et des contacts internationaux et arabes », a-t-il commencé par dire, avant de poursuivre : « Maintenant, il est peut-être trop tard. Mais j’ai déjà proposé d’atteindre un certain compromis pour que les élections aient lieu dans les délais. Une explosion de protestations a suivi. Ils ont dit que j’ai abandonné le courant, sachant que je dis constamment que je n’ai jamais fais partie et ne ferai jamais partie du courant de la 1559, mais de celui de Taëf avec (l’ancien Premier ministre assassiné) Rafic Hariri (…), qui a élaboré cet accord, qui prévoit des relations privilégiées avec la Syrie, des relations que la Syrie n’a pas respectées (…). Ils disent que Taëf et la 1559 se recoupent. Cela est peut-être vrai à propos du retrait syrien, mais la 1559 ne prévoit pas de relations privilégiées avec la Syrie, et nous sommes d’ailleurs catégoriquement opposés à cette résolution en ce qui concerne le Hezbollah, aussi bien politiquement que militairement. » Après un bref entracte durant lequel il a demandé la révocation de (l’ambassadeur libanais à Washington) Farid Abboud « à cause du rôle néfaste qu’il a joué, que je dénoncerai bien un jour, et pour les fausses informations qu’il a communiquées, avec d’autres, à propos de la prorogation (du mandat du président de la République, Émile Lahoud) », M. Joumblatt a dressé un véritable agenda pour l’opposition, en lui fixant des objectifs qui dépassent largement ses préoccupations immédiates. « Aujourd’hui, le retrait syrien sera officiellement achevé avant la fin du mois, la commission d’enquête internationale viendra au Liban, et nous lui donnerons toutes les informations dont nous disposons à propos des méfaits des responsables sécuritaires, et ce pour connaître la vérité (…). Et puis nous verrons à quand ils fixeront la date des élections, tout en soulignant, évidemment, notre volonté de les voir se dérouler en leur temps. Pour toutes ces raisons, j’appelle à une réunion de l’opposition afin que celle-ci élabore son programme pour la période postélectorale, puisqu’il ne suffit pas qu’on aille aux élections et qu’on vote. Il faut que nous ayons une vision claire correspondant aux ambitions de ceux qui ont exprimé leur fidélité à Rafic Hariri et leur attachement à la liberté à la place des Martyrs le 14 mars », a-t-il expliqué. C’est alors que le maître de Moukhtara a développé les différents points autour desquels l’opposition devrait, selon lui, construire une vision commune « nécessaire ». « Nous avons besoin d’une vision commune autour de la modalité du dialogue avec le Hezbollah, mais aussi autour de son armement (…), sachant que je suis de ceux qui pensent que nous pourrions avoir besoin durant cette étape des armes du Hezbollah, dans le cadre de l’armée libanaise (…). Je sais, évidemment, que d’autres personnes, non pas dans l’opposition, mais parmi les journalistes et les non-journalistes, appuient la 1559 », a-t-il dit. Il a ensuite évoqué la nécessité d’un accord, dans les rangs de l’opposition, sur la Palestine « puisque ceux qui pensent que le Liban peut s’isoler de son entourage se trompent », et « pour que nous nous débarrassions de la question de l’implantation », ainsi que sur la politique des États-Unis « avec laquelle nous pouvons être d’accord sur certains points, sans l’être sur d’autres », sur « l’occupation américaine de l’Irak » et sur le rôle de la femme. Caza ou mohafazat, nous gagnerons Soulignant l’importance de Taëf dans la détermination des rapports interlibanais et libano-syriens, M. Joumblatt a dénoncé le système confessionnel qui ne répond pas à « la volonté de la jeunesse de voir le Liban entrer dans la modernité », rappelant par ailleurs que cet accord prévoit l’abolition du confessionnalisme politique. « Ceux qui se sont rassemblés à la place des Martyrs veulent un nouveau Liban », a-t-il ajouté, avant d’aborder la question économique, qui devra, elle aussi, être prévue par l’opposition, puisque après la disparition de Rafic Hariri, « d’énormes défis économiques nous attendent ». Il a également réclamé « une purification de la justice et des services une fois l’opposition au pouvoir ». Niant l’existence d’un différend avec le patriarche Sfeir tout en précisant cependant que ce dernier « a ses propres positions », il a prôné la formation de listes électorales communes pour l’opposition lors du prochain scrutin, avant de répondre à une question concernant ses rencontres avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Premier ministre, Omar Karamé. « Je ne suis pas allé chez eux demander des garanties. Je l’ai fait après des consultations internationales et arabes, et ils m’ont dit : prends et exige. Je leur ai donc demandé d’organiser les élections en leur temps. J’ai peut-être fait ici cavalier seul. En fin de compte, nous allons gagner, que ce soit avec le mohafazat ou le caza, mais j’ai proposé le mohafazat parce que Taëf le prévoit », a-t-il expliqué, avant de conclure : « Nos demandes dans l’opposition ont été satisfaites. Nous avons besoin d’une vision tournée vers l’avenir, sans nous en tenir à l’opposition uniquement. Il faut donner de l’espoir aux jeunes de la place des Martyrs (…). Je me suis permis de donner quelques avis préliminaires. Je ne suis pas avec la 1559, mais avec l’arabité, la démocratie et les relations spéciales avec la Syrie (…). Quant au cabinet, je ne veux pas entrer dans les détails. De toute façon, c’est un gouvernement de loyalistes et non pas d’opposition. » Après sa conférence de presse, M. Joumblatt a estimé sur Radio Sawa que le Hezbollah n’est pas une milice, et n’est donc pas visé par l’accord de Taëf concernant son désarmement, question qui doit être réglée plus tard à travers le dialogue. Il a également déclaré : « Je ne comprends pas comment nous construirons un nouveau Liban alors que Lahoud est en place. » Par ailleurs, M. Joumblatt a reçu hier à Moukhtara le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, et le député de Tripoli, Misbah el-Ahdab.
Tout le monde attendait la conférence de presse de Walid Joumblatt. Après ses rencontres avec plusieurs pôles loyalistes, après ses derniers propos interprétés par de nombreux observateurs comme étant les prémices d’un revirement politique et d’un divorce avec l’opposition, après le report de sa conférence de presse supposée initialement avoir lieu samedi, le temps semblait être...