Via della Conciliazione, Colisée, Circo Massimo... les lieux publics ont été envahis par les pèlerins Rome transformée en camping sauvage (Photo)

Les pèlerins, qui ont envahi hier la place Saint-Pierre, les yeux gonflés par le manque de sommeil ou encore à moitié endormis, ont passé la nuit via della Conciliazione, l’avenue menant au Vatican, transformée en camping sauvage. À l’aube, encore enveloppés dans les couvertures marron distribuées par la Protection civile, les pèlerins faisaient leur « paquetage » pour être prêts dès « l’ouverture » de l’accès à la place. Les bénévoles de la Croix-Rouge italienne, dont les postes de secours sont installés un peu partout autour du Vatican, distribuaient du café aux milliers de fidèles qui ont bravé le froid et l’humidité de la nuit pour assister aux premières loges aux obsèques de Jean-Paul II. Venu inspecter le terrain, Guido Bertolaso, le responsable de la Protection civile italienne, a indiqué que l’accès à la place était « lent » car ceux qui ont eu la chance d’y pénétrer passaient sous les détecteurs de métaux. Une dizaine d’écrans géants étaient disséminés le long de l’avenue pour retransmettre la cérémonie. Ils diffusaient, au petit matin, des films sur le pontificat de Jean-Paul II et ses voyages. « On ne pensait pas qu’il y aurait autant de monde mais c’est très bien que toute cette foule soit venue pour le pape, cela montre que c’était quelqu’un d’important », affirme à l’AFP Philippine Benoist d’Azy, 22 ans, une étudiante en médecine de Montpellier. « C’était notre pape, le seul qu’on ait connu. Il était tourné vers nous les jeunes. Le moins que l’on puisse faire, c’est de venir lui rendre un dernier hommage », poursuit-elle. « C’est un des plus beaux jours de ma vie qui s’annonce », affirme Mike Skwirut, 35 ans, venu de Varsovie. « Me trouver là aux obsèques de Jean-Paul II avec tous ces compatriotes, c’est vraiment un grand moment », commente-t-il. Place Saint-Pierre, des ouvriers s’étaient affairés toute la nuit. Des barrières en bois, délimitant différents carrés, et des milliers de chaises ont été disposées sur le parvis où se sont installés les centaines de dignitaires, italiens et étrangers, ainsi que les membres du clergé qui ont assisté à ces funérailles exceptionnelles. Le père Kliff Ermantinger, un prêtre des Légionnaires du Christ, groupe catholique rigoriste, a tenu confessionnal ouvert toute la nuit. Il ne se rappelle plus combien de jeunes il a eu en confession mais tous ressentaient, selon lui, « un mélange de tristesse pour la perte du pape et de confiance absolue en la présence de Dieu dans l’Église ». Arrivés trop tard et n’ayant aucune chance de parvenir même à l’entrée de la via della Conciliazione, de petits groupes de pèlerins ont décidé de rebrousser chemin vers le centre de Rome pour aller suivre la messe de requiem sur les grands écrans installés au Circo Massimo, vaste étendue herbeuse située entre le Palatin et l’Aventin.