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Actualités - CHRONOLOGIE

Jean-Paul II, tombeur du communisme, est resté intraitable sur les mœurs, s’aliénant nombre de croyants Le saint-père a maintenu lors de son pontificat une ligne jugée trop conservatrice

Chef de l’Église catholique pendant plus de 26 ans, Jean-Paul II a marqué la fin du XXe siècle en contribuant à la chute du communisme, mais il s’est aliéné nombre de croyants par des positions conservatrices face à l’évolution de la société. Pape au charisme exceptionnel, le Polonais Karol Wojtyla a su galvaniser les foules, en particulier la jeunesse, lors de ses très nombreux voyages à travers le monde. Mais il n’a pu enrayer la chute des vocations et de la fréquentation des églises, en particulier en Europe. Au tout début de son pontificat, en lançant son célèbre « N’ayez pas peur », Jean-Paul II est devenu un symbole, par la force de son verbe et de son autorité morale, et finalement, l’une des personnalités grâce à qui le communisme s’est écroulé en Europe de l’Est. Son premier voyage en Pologne, en 1979, a réveillé les catholiques polonais qui, descendus massivement dans les rues pour le saluer, ont soudain découvert leur nombre, leur force – et leur chef. Le discours du pape sur la liberté et les droits de l’homme leur a offert un programme. Il n’en fallait pas plus pour donner naissance au premier syndicat indépendant du bloc communiste, Solidarnosk. C’était le début d’une avalanche qui devait entraîner à terme la chute du mur de Berlin, puis de l’URSS et de son glacis. Vingt-quatre ans plus tard, le 20 avril 2003, en réclamant dans son message de Pâques « la paix en Irak (...) la paix dans les autres régions du monde où les guerres oubliées et les conflits larvés provoquent des morts et des blessés », le pape était à nouveau intervenu comme dirigeant religieux, mais aussi politique. « Jean-Paul II s’est affirmé comme un leader politique mondial pour tous ceux qui s’opposaient à une guerre unilatérale et sans mandat de l’Onu », soulignait alors le vaticaniste italien Orazio Petrosillo. Ses prises de position contre le conflit irakien lui ont valu la mauvaise humeur des autorités américaines, mais elles étaient dans la logique d’un pontificat tourné vers la paix et le dialogue entre les peuples et les religions. Jean-Paul II est le premier pape à avoir franchi le seuil d’une synagogue, à Rome, et à avoir noué des relations avec l’État d’Israël. Il est aussi le premier chef de l’Église catholique à avoir pénétré dans une mosquée et restera dans l’histoire comme le promoteur du sommet d’Assise, une grande réunion rassemblant la plupart des religions de la planète, en faveur de la paix dans le monde. Jean-Paul II a aussi eu le courage de demander pardon au nom de l’Église pour les fautes commises par les catholiques dans les croisades, les guerres de religion, la traite des noirs et contre les juifs. Mais ce pape n’a rien pu contre la violence des intégrismes et, malgré ses efforts en faveur de l’unité de la famille chrétienne, il s’est heurté à une résistance tenace des orthodoxes, guidés par le patriarcat de Moscou. Il a aussi prêté le flanc à des reproches, ses détracteurs ne manquant pas de rappeler ses visites au Chili du général Augusto Pinochet ou chez Fidel Castro à Cuba. Mais pour une partie de l’opinion, la principale zone d’ombre de son pontificat restera la condamnation sans compromis de la contraception qui, dans un monde où la pandémie du sida fait des millions de victimes, a creusé un fossé d’incompréhension et a éloigné de l’Église nombre de catholiques. Jean-Paul II a également maintenu tout au long de son pontificat une ligne jugée conservatrice dans le domaine de la morale sexuelle et du célibat des prêtres.
Chef de l’Église catholique pendant plus de 26 ans, Jean-Paul II a marqué la fin du XXe siècle en contribuant à la chute du communisme, mais il s’est aliéné nombre de croyants par des positions conservatrices face à l’évolution de la société.
Pape au charisme exceptionnel, le Polonais Karol Wojtyla a su galvaniser les foules, en particulier la jeunesse, lors de ses très nombreux...