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Les « frères syriens » s’en vont, la Békaa réintègre le giron libanais Les troupes de Damas accélèrent le rythme de leur départ(photo)

Bien que le démantèlement des postes syriens dans la Békaa ait commencé le 22 mars dernier, ce n’est qu’hier que la dernière étape du retrait syrien total et définitif du Liban a été officiellement entamée. Le rythme du repli de la plaine s’est nettement accéléré depuis 24 heures. Le ministre syrien de l’Information, Mahdi Dakhlallah, a affirmé qu’il pourrait s’achever avant la date butoir du 30 avril. « Le retrait pourrait s’achever bien avant la fin du mois, tout comme cela s’est passé pour la première phase du retrait qui devait se terminer fin mars et qui a pris fin à la mi-mars », a-t-il souligné dans une déclaration à la radio américaine Sawa. « Les Syriens ont un calendrier de retrait, et une unité après l’autre se retirera » de la Békaa vers la Syrie, a indiqué un haut responsable militaire libanais sous couvert d’anonymat, précisant que le repli englobe les militaires et les services de renseignements. Dès l’aube, hier, de longues colonnes de camions militaires syriens franchissaient, vides, la frontière en direction du Liban pour rapatrier les troupes avec leurs armes et leur matériel. À Marj et Maksé, dans le centre de la Békaa, des soldats syriens démolissaient les abris érigés dans deux importantes bases où se trouvent plus de 50 chars, alors que d’autres remplissaient les camions de munitions. En milieu d’après-midi, un important baraquement syrien situé derrière les vignobles de Ksara était démantelé. Dans la Békaa-Ouest, à Tallet el-Ramel, des dizaines de véhicules chargés de munitions et de soldats ont quitté la région. À Machghara qui abrite, entre autres, deux positions d’artillerie et environ 900 militaires syriens, des camions chargés de centaines de soldats et d’armes ont quitté les lieux pour se diriger vers Masnaa. Le retrait total et définitif de la Békaa a suscité un sentiment de soulagement chez la plupart des habitants de la plaine qui veulent réintégrer le giron libanais et qui souhaitent des relations avec Damas basées sur les intérêts communs et non plus sur une situation de tutelle. « Pour obtenir un emploi, que ce soit dans la police ou comme éboueur, il fallait passer par un piston syrien », se lamente Bassam, propriétaire d’un supermarché à Masnaa. Bien que le retrait militaire total apparaisse désormais comme inéluctable et que les véhicules militaires syriens se dirigent devant ses yeux vers la frontière, Bassam refuse toujours de décliner son nom de famille, souligne dans un reportage Haro Chakmakjian, journaliste à l’AFP. « Dans un mois, peut-être. Maintenant il faut rester prudent. Mais vous pouvez écrire que les gens ont été débarrassés d’un grand poids qui les oppressait », affirme ce commerçant d’une quarantaine d’années. Les habitants de la Békaa avaient tendance à considérer qu’ils resteraient liés à la Syrie jusqu’à une date indéterminée, conformément aux accords de Taëf en 1989. Mais, après l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, la situation a radicalement changé. À Anjar, quartier général des services de renseignements syriens, les habitants souhaitent que l’armée libanaise remplisse rapidement le vide que va laisser le départ des Syriens. Sebouh Sekayan, président du conseil municipal de la localité, affirme que « quoi qu’on en dise, les Syriens ont été toujours discrets » et la communauté arménienne qui habite cette localité n’a jamais eu de problèmes avec eux. Pour l’instant, déplore le restaurateur Hovig Zetlian, les ressentiments antisyriens qui ont suivi l’assassinat de Rafic Hariri ont porté un coup d’arrêt à l’arrivée de touristes venus de Syrie et pour qui Anjar était une destination recherchée. À Chtaura, le poste de contrôle des services de renseignements syriens est toujours présent et des hommes en civil règlent la circulation et contrôlent les véhicules. « Heureusement, cette situation va prendre fin. Les habitants d’Alep accepteraient-ils que l’armée libanaise règle la circulation chez eux ? » se demande Joseph. Mais cet habitant se défend de préconiser une rupture avec les Syriens. Pour lui, « la Békaa a depuis toujours représenté un lieu d’échanges et de commerce privilégié avec la Syrie et les relations libano-syriennes y sont solides. On retrouve des membres d’un même clan de part et d’autre de la frontière et économiquement nous avons besoin les uns des autres », affirme-t-il.
Bien que le démantèlement des postes syriens dans la Békaa ait commencé le 22 mars dernier, ce n’est qu’hier que la dernière étape du retrait syrien total et définitif du Liban a été officiellement entamée.
Le rythme du repli de la plaine s’est nettement accéléré depuis 24 heures. Le ministre syrien de l’Information, Mahdi Dakhlallah, a affirmé qu’il pourrait s’achever...