Rechercher
Rechercher

Actualités

Eclairage - Berry refuse d’évoquer les législatives avec Roed-Larsen… Aïn el-Tiné est-il désormais le nouveau Anjar ?

La Syrie s’est toujours fait fort de confier à son pupille libanais l’intendance du « sale boulot » pendant qu’elle se réservait la très possessive exclusivité de gérer les affaires internes libanaises en général, la vie politique du pays, ainsi que le joug sécuritaire, en particulier. Peu importe ainsi si le Liban se retrouvait souvent aux marges de la légalité internationale, peu importe si sa ligne bleue s’embrasait aussi régulièrement que le Golan syrien conservait un calme olympien. Désormais, ce pupille libanais a été investi de toutes les charges, à commencer par le douteux privilège de trouver un moyen, même vain, de retarder au maximum la séparation concrète, politique, de ces « frères siamois » si chers à Nabih Berry. Surtout depuis l’entretien dominical entre Bachar el-Assad et Terjé Roed-Larsen, depuis que le monde entier a appris que le dernier soldat et le dernier SR syrien auront quitté, en principe, et avant le 30 avril, le territoire libanais. Que reste-t-il donc à Damas au Liban – que restera-t-il, surtout, à terme –, excepté, bien sûr, les inévitables relais secondaires, voire même tertiaires, qu’il a patiemment implantés en près de trente ans de tutelle ? De quoi la Syrie peut-elle dorénavant disposer, sachant que ces antennes résiduelles ne sont pas capables de perpétuer son annexion de la libre décision libanaise ? La réponse, à l’aune du système libanais, est on ne peut plus simple : le tuteur n’a pas d’autre choix que de conserver une certaine majorité à la Chambre. Pour cela, il n’y a, encore, qu’une solution, 50 jours après que l’assassinat de Rafic Hariri eut fédéré entre eux, et autour de l’opposition nationale plurielle, une imposante partie des Libanais : jouer le temps, retarder le plus possible l’échéance législative, parier sur l’usure de la détermination populaire, sur les risques de divisions au sein du Bristol. La seule personne à même d’appliquer – ou de tenter d’appliquer, en préservant un tant soit peu les apparences constitutionnelles – ce programme désespéré est le chef du Législatif, qui dispose de tous les outils constitutionnels grâce auxquels l’opposition pourrait installer un pouvoir de substitution, libano-libanais cette fois. Dimanche 3 avril 2005, la communauté internationale représentée par le très diplomate et très ferme Terjé Roed-Larsen aurait pu donner à la Syrie le Bon Dieu sans confession. Puisqu’elle a tout accepté, presque sans broncher, jusqu’à la mise en place d’une équipe des Nations unies chargée de vérifier que le retrait syrien est réellement total ; de vérifier que les QG n’existent réellement plus, qu’ils ne se sont pas contentés de déménager, par exemple, dans la banlieue sud… Sauf qu’au lendemain de cette démonstration syrienne, et devant un Terjé Roed-Larsen qui a commencé à discuter à Beyrouth aussi bien des modalités pratiques de la mise sur pied d’une telle équipe que des différents moyens permettant de contrôler internationalement les prochaines élections, Nabih Berry décrète que les législatives 2005 « ne font pas partie de la mission » de l’émissaire onusien. Il refuse même d’évoquer avec lui cette question pourtant longuement discutée avec Émile Lahoud ou Mahmoud Hammoud, une question au cœur de la résolution 1559, et qui revient en véritable leitmotiv au centre de chacune des interventions publiques des George W. Bush, Jacques Chirac et autres dirigeants européens ou arabes. Aïn el-Tiné est-il le nouveau Anjar ? Dans tous les cas, présidé par un Nabih Berry qui perdrait pratiquement tout au cas où le Hezbollah s’éloignerait (ou lâcherait) le rassemblement, le camp prosyrien a choisi vendredi, en réadoubant Omar Karamé et en optant pour un changement de loi électorale, de retarder sciemment, et de plusieurs mois, cette échéance électorale. Seuls les députés de l’opposition pétitionnaires, en se jetant à corps perdus dans un urgent lobbying auprès de ceux, parmi leurs collègues, que préoccupent davantage que les leurs propres, les intérêts du Liban, pourraient mettre un terme constitutionnel aux visées de Aïn el-Tiné. Ziyad MAKHOUL
La Syrie s’est toujours fait fort de confier à son pupille libanais l’intendance du « sale boulot » pendant qu’elle se réservait la très possessive exclusivité de gérer les affaires internes libanaises en général, la vie politique du pays, ainsi que le joug sécuritaire, en particulier. Peu importe ainsi si le Liban se retrouvait souvent aux marges de la légalité internationale,...