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La bataille du changement atteint son paroxysme

La bataille fait rage entre un pouvoir qui s’accroche et une opposition déterminée à initier le changement par tous les moyens licites. La lutte a vraiment commencé le jour de la création de la Rencontre de Kornet Chehwane qui ne pouvait cependant à elle seule l’emporter car elle ne regroupe que des forces chrétiennes dont le discours était cependant d’ordre national et devait, par là, susciter des échos du côté mahométan. Ce qui s’est effectivement produit, finalement, en grande partie à cause de la prorogation. Walid Joumblatt est passé à l’opposition avec éclat. Ainsi que, plus discrètement au début, le bloc du président Hariri. Qui lui-même avait cependant été contraint par les pressions des décideurs d’accepter la prorogation contre laquelle il s’était initialement opposé. Après quoi, toujours sur directives ostensibles, l’on avait formé un cabinet monochrome présidé par Omar Karamé. Avec une mission précise : tenter de contrer la 1559 et organiser des législatives orientées. De manière à garder le contrôle de la majorité parlementaire. Au départ, l’on avait songé à fabriquer, encore une fois, une loi électorale facilitant les parachutages. C’est-à-dire instituant ou le Liban circonscription unique, avec une dose de proportionnelle, ou le mohafazat. Mais l’on avait opté pour la formule de 1960, le caza, avec quelques retouches. Ainsi, Beyrouth devait être découpé en trois, de manière à faire barrage au président Hariri. Pour conserver une majorité de quelque 70 députés loyalistes. Le président martyr avait cependant répliqué en annonçant qu’il allait lui-même se présenter dans la deuxième circonscription de la capitale, la plus difficile, celle sur laquelle ses adversaires misaient pour avoir le plus de sièges. Et ils savaient qu’en s’engageant personnellement il était tout à fait capable de les battre à plate couture. Avec l’assassinat du président Hariri, toutes les donnes se sont trouvées modifiées. L’application de la 1559 a commencé, et ni la prorogation ni la présence d’un gouvernement monochrome n’ont pu l’empêcher. Sous la pression du peuple, rassemblé place de la Liberté, et sous les coups de boutoir des députés opposants, le président Karamé a annoncé sa démission. Le pouvoir s’emploie depuis lors à atermoyer pour faire reporter les élections. Il a gagné de la sorte plusieurs semaines, sans former de nouveau gouvernement et sans désistement de la part du président Karamé, de nouveau désigné. Les loyalistes ont été regroupés, souvent par la contrainte (car nombre d’entre eux étaient tentés de se démarquer de leur camp initial, devenu électoralement impopulaire), au sein de la Rencontre de Aïn el-Tiné. Qui a en principe décidé, dernièrement, d’accélérer la formation du gouvernement, les dérobades devenant pénalisantes. Pour se rabattre, côté atermoiements et gain de temps, sur la loi électorale. En exigeant l’annulation du projet de loi transmis à la Chambre, au profit d’une formule basée sur le mohafazat. Ce qui signifie qu’il va falloir tout reprendre à zéro, d’où un report forcé des élections de deux ou même de trois mois, voire de six. La Rencontre de Aïn el-Tiné, dont la Syrie a pris soin de cimenter les rangs, défie donc doublement aujourd’hui les souhaits de Bkerké. Qui prône, d’une part, un cabinet neutre des élections, et d’autre part, le caza, gage de bonne représentation de proximité. Dans les prochains jours, on devrait savoir si le pouvoir consent quand même à mettre un peu d’eau dans son vin. En annonçant la formation d’un cabinet qui ne serait pas de confrontation pure, mais composé de figures fiables. Ce qui ne suffirait d’ailleurs pas pour rassurer l’opinion, si on devait effectivement adopter le mohafazat. Seule façon pour de nombreux parachutés de retrouver leurs strapontins, grâce aux fameux bulldozers ou bus. Mais l’opposition, toujours unie, ne resterait pas les bras croisés. Ses objectifs ponctuels consistent à tenter de faire en sorte que dans le prochain gouvernement au moins l’Intérieur et la Justice soient en de bonnes mains. Pour avoir des chances de voir se dérouler un scrutin régulier. Elle devrait également se battre sur le front de la loi électorale. Et sur la question des délais. Avec l’aide puissante de la population, toujours mobilisée. Émile KHOURY
La bataille fait rage entre un pouvoir qui s’accroche et une opposition déterminée à initier le changement par tous les moyens licites. La lutte a vraiment commencé le jour de la création de la Rencontre de Kornet Chehwane qui ne pouvait cependant à elle seule l’emporter car elle ne regroupe que des forces chrétiennes dont le discours était cependant d’ordre national et devait, par...