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Actualités - OPINIONS

Les lecteurs ont voix au chapitre

Écrit en 1949 par Éveline Bustros « Destin, ton rôle aveugle est atroce. C’est aussi criminel de frapper un semeur que de tarir l’eau d’une source vive. Celui que tu nous a ravi était plus qu’un semeur. C’était un bienfaiteur, un exemple, un sage. « Or, quel crime a commis l’Orient au grand cœur? Quel crime, le Liban ressuscité d’hier ? « Écoute, et ne sois pas toujours aveugle et sourd ! Le Liban n’a ni haï ni crucifié personne. Sa mission est d’amour et de lumière. « Pour la remplir, il lui faut s’assainir, lutter et prospérer, avec pour seules armes une poignée de penseurs, des semeurs et des anges. « Destin, éloigne de lui ton fléau ! » NB : Écrit en 1949 par Éveline Bustros, en hommage à Habib Trad. Psychose Depuis la soirée du samedi 26 mars, la psychose s’est installée. Depuis ce fameux samedi, nous ne regardons plus les voitures de la même façon, chacune d’entre elles est « potentielle », chaque mallette posée est suspecte, les cinémas sont à éviter, les centres commerciaux de même, la place Sassine dangereuse. Et j’en passe. Les spéculations sur la prochaine pleuvent des quatre coins du monde. Surgit alors une question : que faire ? Quitter le pays ? Non merci, du moins pas encore. Vivre avec cette angoisse continue et à durée indéterminée ? Non plus, merci. Il ne nous reste plus qu’à nous attacher à la dernière théorie du moment qui prétend que « c’est la dernière ligne droite, mais il y a un prix à payer », en espérant simplement que ce prix ne soit pas trop élevé… Tarek-Gabriel SIKIAS Surprenante modernité Français, je surfe sur Internet sur le thème du Liban, attaché à cette montagne plongée dans la mer. Fouinant pour trouver des photos et des articles, je découvre un Liban à la modernité surprenante. De site en site, j’arrive à votre journal en ligne et me délecte du ton et de la liberté de vos articles ! Je vous avais quitté sous les bombes, et vous retrouve (inquiété par l’actualité) acteur d’un destin que vous voulez être vôtre. Sébastien La conclusion qui s’impose Après tout ce qui a été dit sur les événements qui ont bouleversé le pays ces dernières semaines, il est temps de tirer la conclusion qui s’impose : « Par le truchement d’un consensus international onusien, garantir au Liban, et à jamais, la neutralité. Serait ainsi évitée toute ingérence et/ou alliance stratégique ou militaire avec l’étranger. Il sera un pays ouvert à tous et défendu par tous. » Riad E. DAOU Quand la rue parle... La rue a parlé, et désormais il va falloir tendre l’oreille. Opposition, loyalistes, pros, anti, pauvres, nantis, hommes, femmes, une voix longtemps réprimée, au nom de la sécurité, au nom de la paix sociale, a dit son mot. Cette même rue a explosé, claire, jeune, elle a bousculé tous les tabous, elle a pleuré un martyr, elle a renversé un gouvernement, elle a libéré un pays, elle demande la vérité, elle demande justice, elle n’acceptera pas les demi-mesures, elle refuse de se vendre. Du jamais vu, pas un seul incident, n’en déplaise à certains, pas une vitrine brisée. Une rue exemplaire (des rêves pour seule inspiration), sinon pour elle, du moins pour ses enfants. Dans un monde où l’oppression interprète la violence, la rue libanaise a mérité et gagné ses lettres de noblesse. À qui veut bien l’entendre, dans un Liban voué aux oubliettes de la conscience internationale, désormais, il va falloir l’écouter, cette rue. Le plus bel exemple de protestation pacifique, digne de notre jeunesse, au cœur d’un Moyen-Orient malade, le plus bel exemple d’expression de ses revendications, un exemple à la hauteur de ce nouveau Liban, jeune mais sage, un exemple qui rend jaloux et qui fait trembler. Une rue qui n’a pas dit son dernier mot. Jean-Claude DELIFER Montréal, Canada Regarder l’avenir Dans un pays affaibli qui reprend des couleurs, En ces temps de guerre où règne la terreur, Un attentat contre la vie, des éclats, des débris, Des innocents blessés qui s’accrochent à la vie. D’autres, malchanceux, ont perdu la leur, Pourquoi étaient-ils là et non pas ailleurs? Leur lumière s’est éteinte, d’un coup la noirceur, Ils ont encore tué nos frères et nos sœurs. Rafic Hariri n’est plus des nôtres aujourd’hui, C’est lui qui était la cible visée par l’ennemi, Mais cette mort tragique n’a pas été en vain, Car tout le peuple s’unit main dans la main. Un groupe de manifestants de toutes confessions, Tous sont présents, chrétiens et musulmans, Pour exprimer leur désir de paix et d’indépendance, Pour mettre un terme à cette folie, à cette violence, Pour que nos enfants puissent jouer dans la rue, Sans crainte d’être atteints par un obus, Pour que l’on puisse vivre en toute sécurité, Dans une atmosphère d’amour, de joie et de gaieté. Pour un Liban libre, un Liban qui respire, Pour que les pleurs laissent place aux rires, Pour que l’on ne vive plus dans l’attente du pire, Pour que l’on puisse regarder vers l’avenir Rami Pierre GÉDÉON Montréal, Canada Contre la peur Vissé à votre écran, vous avez comme moi la peur vous broyant le cœur, le dégoût soulevant vos entrailles, bouillonnant de colère en voyant flamber ce qui aurait pu être votre bien et mourir des hommes qui auraient pu avoir été vos proches. Atterré comme je l’ai été moi-même, vous vous êtes probablement senti piégé tout comme moi. Qu’apportera demain ? Demain mon ami, vous trouverez comme dans une auberge espagnole ce que vous aurez apporté. Demain, vous le grand financier, toi le petit épargnant et moi l’insouciante dépensière, allons-nous serrer les coudes et ouvrir nos portefeuilles. Demain sonnera l’heure où notre solidarité ne pourra plus se suffire de brandir un drapeau et clamer des slogans. Demain, devra s’organiser une ONG de secours aux sinistrés. Demain, nous allons prouver que nous sommes de vrais frères dans la misère, et nous entraider moralement et financièrement pour combattre la terreur. Si un appel à la générosité de tous pouvait être lancé, des équipes pourront se former et canaliser offres et demandes, palliant ainsi l’absence totale d’initiative gouvernementale. Peut-être qu’alors nous sentirons un peu moins vulnérables, et dans l’action nous diluerons la peur. Dolly TALHAMÉ Les girouettes Amusant... Avant que le vent ne tourne, ils ont commencé à se taire. Lorsque le vent a tourné, leur veste s’est retournée. Pendant des années, on n’a entendu qu’eux. Ils nous ont cassé les tympans, crevé les yeux et retourné l’estomac à force de prises de position intéressées, opportunistes, inféodées. Tout était bon pour accéder à ce pouvoir tant convoité, quitte à courber l’échine, toujours caresser dans le sens du poil. Plein les yeux, plein les oreilles, plein le cerveau de ceux qui nous ont exaspérés pendant des années avec leurs petites ambitions personnelles, avec leur petite part du gâteau grassement obtenue à coups de louanges et de courbettes. Et voilà qu’avec le changement du vent, ils tournent eux aussi. Changement de vent, changement de camp ! Les girouettes ne se sont pas beaucoup fait attendre. Chacune y va de sa justification, de sa petite explication. C’est honteux ! Messieurs, ayez au moins pour une fois le courage de vos opinions. Mais en avez-vous une ? Les Libanais ne sont pas dupes. Les opportunistes, les altruistes, nous les connaissons. Les jeux sont faits. Messieurs les girouettes, du vent ! Dimitri ANID Syro-compatibilité? On nous dit : nous ne voulons pas (ou il y aura veto) d’un président antisyrien. Mais comment avons-nous donc vécu de 1945 à 1975 ? Qui a porté atteinte à qui ? Qui a fermé (à l’occasion) les frontières ? Qui demande un président antisyrien ? J’ai la plus grande sympathie pour le peuple syrien mais Damas s’est comporté en territoire conquis et a foulé aux pieds les règles les plus élémentaires de bon voisinage et de la dignité humaine. Moi, partageant depuis toujours les convictions de l’opposition (les Libanais de Toulouse le savent), je souhaite l’avènement d’un président qui n’écoute que ce que le Liban lui dit et qui prend en compte les fameuses constantes libanaises – dont je ne sais pas ce qu’elles veulent dire. Notre nouveau président, prenant donc en compte ces fameuses constantes libanaises, doit défendre les intérêts libanais que ce soit avec, à côté, ou parfois en désaccord avec la Syrie. Le président Moubarak défend bien les intérêts de l’Égypte et personne ne lui reproche d’être parfois en désaccord avec la Syrie ou la Jordanie. Le roi Hassan II défend bien les intérêts de la Jordanie et personne ne songe à lui reprocher d’être parfois proche et parfois en dysharmonie avec l’Égypte ou la Syrie suivant la conjoncture. Avoir un différend avec son voisin ne veut pas dire être contre lui. Michel KANDALAFT Toulouse Avez-vous remarqué?... Avez-vous remarqué que malgré une épaule fracturée on peut prendre son courage à deux mains ? Avez-vous remarqué que, comme l’a dit Henry Ford, on peut tout faire avec de l’enthousiasme, que c’est la levure qui fait monter les espoirs jusqu’aux étoiles, que les enthousiastes sont des combattants pleins de courage et de persévérance et que sans l’enthousiasme tout n’est qu’excuse ? Avez-vous remarqué qu’on ne ferait jamais rien si l’on attendait de le faire assez bien pour que personne n’y trouve à redire ? Avez-vous remarqué qu’il est peut-être plus confortable de ne jamais se tromper mais que ceux qui « commettent mille erreurs dans leur passion de bien faire sont plus utiles à l’humanité » ? Avez-vous remarqué qu’il se peut que nous soyons impuissants à empêcher une injustice mais que nous ne devrions jamais nous abstenir de protester ? Avez-vous remarqué que « le courage se mesure quand on est en minorité et que la tolérance quand on est en majorité » ? Avez-vous remarqué que « les valeurs pour lesquelles il vaut la peine de mourir sont identiques à celles pour lesquelles il vaut la peine de vivre » ? Avez-vous remarqué que nous avons plus souvent l’occasion d’être un lâche et rarement l’occasion d’être un héros ? Et enfin, avez-vous remarqué que ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on donne mais l’amour avec lequel on donne ? Carole Mouzannar NAWAR Un peu de dignité! Ce ministre de la Défense, certes démissionnaire mais à chaque fois qu’il ouvre la bouche, c’est pour dire n’importe quoi. Il le fait exprès ou quoi ? D’abord l’armée ne serait pas unie ou se désunirait. alors que quelques mois auparavant, il prétendait le contraire, aujourd’hui, il se plaint du manque d’effectifs pour remplacer les forces syriennes. Mais qu’en est-il alors de tous ceux qui sont morts au nom de la liberté, et en particulier les militaires ? De grâce un peu de dignité, messieurs ! Patrick LYON France En attendant la maréchaussée Mercredi 30 mars : un incendie – d’origine non criminelle – se déclare dans un bois avoisinant notre immeuble. Ils semblent que les bûcherons qui y travaillaient, voulant défricher ce bois, n’ont pu maîtriser le feu qui a commencé à se propager, laissant les flammes et les braises s’élever non loin des balcons avoisinants. Les pompiers et les gendarmes de la région sont contactés sur-le-champ et avertis de l’incident. Ils prennent connaissance de la requête et nous promettent d’intervenir tout de suite. Trente minutes plus tard, les pompiers arrivent et maîtrisent l’incendie. Nous les en remercions et leur devons une fière chandelle. Mais à ce jour, aucun signe de vie des gendarmes, qui avaient pourtant noté l’adresse et les détails en promettant de venir faire leur constat. Fouad A. SALHA La vérité, toute la vérité « Ne dites pas j’ai trouvé la vérité, mais plutôt j’ai trouvé une vérité… » (Gibran Khalil Gibran – Le Prophète) Les Libanais, tous les Libanais, chrétiens et musulmans, de droite et de gauche, grands et petits, riches ou pauvres, veulent la vérité. «Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà », disait Pascal. Cela me fait penser à la manifestation de nos partenaires dans la patrie qui se dirigent vers Awkar pour dire leur vérité aux locataires de l’ambassade. Je leur dis bravo ! Allez leur dire ce que nous étions allés leur dire, nous aussi, en 1990, quand ils avaient couvert le bombardement de Baabda. Quand les jeunes manifestaient dès 1992 pour réclamer l’indépendance et le retrait de nos frères syriens, nombreux étaient ceux qui les traitaient de rêveurs… Ce qui était rêve est devenu réalité, a proclamé le patriarche Sfeir devant ces visiteurs. Cela ne constitue-t-il pas une vérité ? Dr Charles JAZRA Secrétaire général de l’Ordre des médecins La mémoire de l’histoire Depuis de nombreux mois, l’ensemble des lecteurs ont exprimé les sentiments qui nous habitent depuis des années. Je voudrais pour ma part insister sur le temps qui passe et la mémoire de l’histoire. Que ceux qui se sont appropriés le pouvoir au Liban sachent que les livres d’histoire ne leur dédieront pas plus d’une ligne au vu de leur œuvre. Que ceux qui le détiennent actuellement et qui collaborent avec des régimes totalitaires au détriment du peuple libanais réfléchissent à l’héritage qu’ils laisseront à leurs enfants. Pour ma part, je n’ai plus qu’un seul souhait : que mon père connaisse de son vivant un Liban fier, indépendant et dynamique. Il est né en 1934, et depuis deux générations n’a connu qu’inféodation et régression. L’urgence est là. Pr Jean-Jacques MOURAD Paris Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (Rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com
Écrit en 1949 par Éveline Bustros

« Destin, ton rôle aveugle est atroce. C’est aussi criminel de frapper un semeur que de tarir l’eau d’une source vive. Celui que tu nous a ravi était plus qu’un semeur. C’était un bienfaiteur, un exemple, un sage.
« Or, quel crime a commis l’Orient au grand cœur? Quel crime, le Liban ressuscité d’hier ?
« Écoute, et ne sois pas...