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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Premier ministre désigné informera aujourd’hui le président de sa décision Karamé se récuse : « Je refuse de former un gouvernement d’une seule couleur »

«Je ne veux pas former un gouvernement qui ne comprendrait pas à la fois des loyalistes et des opposants. » C’est par ces termes que le Premier ministre désigné, Omar Karamé, a annoncé hier qu’il renonçait à former le cabinet dont la principale mission devrait être de préparer les élections législatives et de faire la lumière sur l’assassinat de Rafic Hariri. M. Karamé, qui a fait part de sa décision au président du Parlement, Nabih Berry, a précisé qu’il allait remettre aujourd’hui sa démission au chef de l’État, le général Émile Lahoud. M. Karamé s’est rendu en soirée auprès de M. Berry pour un entretien au cours duquel les deux hommes ont passé en revue la situation locale. Pressé de questions à sa sortie de Aïn el-Tiné, M. Karamé a rappelé avoir souhaité dès sa reconduction, le 10 mars, la formation d’un gouvernement d’union nationale, « en raison des dangers découlant de l’assassinat de Rafic Hariri, dangers qui sont nombreux et destructifs à tous les points de vue ». Il a aussi rappelé qu’il s’était engagé à renoncer à former le gouvernement s’il ne parvenait pas à mettre en place l’équipe qu’il souhaitait, ajoutant que son projet s’est avéré impossible en raison du refus de l’opposition de participer au cabinet. « Ils (les responsables de l’opposition) ont refusé d’assumer leurs responsabilités au sein d’un gouvernement d’union nationale », a-t-il dit. M. Karamé a rejeté les accusations d’atermoiements qui lui ont été lancées, affirmant que s’il a pris son temps, c’est à cause des fêtes de Pâques et du voyage du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, aux États-Unis. Il a ensuite indiqué qu’il a constaté, lors des consultations menées par le biais d’émissaires auprès des responsables de l’opposition et du patriarche Sfeir, qu’« une unanimité s’est formée successivement à Washington, à Paris, à Moukhtara puis à Bkerké autour de la formation d’un cabinet restreint “de sages”, qui conduirait le pays jusqu’aux élections législatives prévues avant fin mai ». « Je suis bien entendu opposé à la formation d’un tel gouvernement. Aussi, suis-je venu informer le président de la Chambre de ma décision », a-t-il ajouté. Après avoir indiqué qu’il a aussi demandé à M. Berry de convoquer une réunion du Rassemblement de Aïn el-Tiné, auquel il appartient, pour le mettre au courant des derniers développements, M. Karamé a indiqué, en réponse à une question, que M. Berry ne l’a pas encouragé à poursuivre sa mission. Une invitation en Égypte En réponse à une autre question, le Premier ministre désigné a confirmé qu’il avait reçu, ainsi que le président Lahoud, une invitation officielle à se rendre en Égypte, précisant qu’ils l’ont déclinée tous les deux à cause de la conjoncture dans le pays. « Nous n’avons pas pu participer au sommet arabe de Tunis et nous ne pouvons toujours pas quitter le pays en raison de la situation actuelle », a-t-il ajouté. Il convient de rappeler à ce propos que l’Égypte joue un rôle de médiation entre le Liban, la Syrie et la France, en vue de trouver une issue à la crise qui dure plusieurs semaines, notamment depuis l’adoption de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Le président Hosni Moubarak s’est déjà rendu à Damas et à Paris pour discuter avec ses homologues syrien, Bachar el-Assad, et français, Jacques Chirac, des moyens de régler la crise. C’est dans ce même cadre que doit être située l’invitation qu’il a adressée à MM. Lahoud et Karamé. Prié de dire s’il faut redouter un vide constitutionnel, M. Karamé a répondu par la négative, affirmant que « de nombreuses solutions existent » et que « plusieurs personnalités sunnites peuvent former un gouvernement de sages ». Son initiative était attendue depuis quelques jours. Elle a été confirmée dans la matinée par un conseiller de M. Karamé, Khaldoun Charif, ainsi que par les ministres démissionnaires des Déplacés, Talal Arslane, et de l’Environnement, Wi’am Wahhab. M. Arslane a accusé l’opposition d’avoir torpillé la formation d’un cabinet, estimant que « ceux qui refusent tout agissent de la sorte pour mettre des bâtons dans les roues du pouvoir et non pas pour aboutir à une solution commune ». Le ministre démissionnaire de l’Environnement a développé un autre raisonnement. Selon lui, « si l’opposition a refusé de participer au pouvoir, c’est parce qu’elle veut tout le pouvoir, ce qui n’aura pas lieu ». « Le problème, a-t-il ajouté, c’est qu’ils veulent qu’on assume le rôle d’une association caritative, qu’on forme un gouvernement neutre, qu’on leur prépare des élections et qu’on leur remette le pays en mains propres. » Pour M. Wahhab, une récusation de M. Karamé est de nature à « provoquer une crise ouverte ». M. Gebrane Tok, qui a été reçu dans la matinée par M. Karamé, a estimé que ce dernier ne doit pas se récuser, mais former une équipe à laquelle l’opposition devrait, selon lui, participer afin de préparer les élections, « du moment qu’elle souhaite la mise en place d’un cabinet de transition ».

«Je ne veux pas former un gouvernement qui ne comprendrait pas à la fois des loyalistes et des opposants. » C’est par ces termes que le Premier ministre désigné, Omar Karamé, a annoncé hier qu’il renonçait à former le cabinet dont la principale mission devrait être de préparer les élections législatives et de faire la lumière sur l’assassinat de Rafic Hariri. M. Karamé, qui...