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Actualités - ANALYSE

Les milieux proches du Hezbollah commentent la rencontre entre les deux hommes Entre Nasrallah et Joumblatt, des appréhensions communes et des sujets « sérieux »

Lorsqu’il y a plus de trois semaines, le député Ghazi Aridi s’était rendu auprès du secrétaire général du Hezbollah, en tant qu’émissaire de Walid Joumblatt, l’entretien avait été qualifié de « positif, sérieux et long » (il avait duré près de trois heures) par les sources proches du Hezbollah. Mais on pouvait deviner entre les lignes qu’il y avait plusieurs divergences dans les points de vue des deux parties et que le Hezbollah se posait de nombreuses questions sur la position réelle du leader du PSP. D’ailleurs, il avait alors été dit qu’il ne serait pas question d’une rencontre entre Hassan Nasrallah et Walid Joumblatt, tant que certaines questions n’auraient pas été éclaircies. Ensuite, il y avait presque eu un froid entre les deux hommes et, avec son franc-parler habituel, Walid Joumblatt avait annoncé que le dialogue, même indirect, avait été suspendu entre lui et le Hezbollah, avant de se rétracter quelques jours plus tard, affirmant qu’il était un peu prématuré de parler, ce jour-là. En tout cas, il faut le reconnaître, Joumblatt a généralement été d’une grande constance dans son approche du Hezbollah et dans tous les pays occidentaux qu’il a visités récemment, il a tenu le même langage au sujet de ce parti, qu’il a toujours qualifié « de résistance qu’il faut protéger ». Cette attitude devait sans doute paver la voie à la rencontre d’une heure et demie qui a eu lieu dimanche soir et qui a pris de court la plupart des milieux politiques. Mutisme prudent, mais quelques pistes Une fois de plus, et comme c’est devenu courant ces dernières semaines, Walid Joumblatt a donc fait l’actualité, grâce à la rencontre en elle-même, mais surtout grâce à sa déclaration à la fin les l’entretien, qui pouvait paraître, pour certains, un peu en décalage avec les positions de l’opposition. Contrairement à ce qui s’était produit lors de l’entretien Nasrallah-Aridi, le Hezbollah a préféré cette fois garder un mutisme prudent au sujet de la teneur de l’entretien. Sur le plan officiel, le parti s’est contenté de qualifier cette rencontre « de positive », tout en laissant entendre que des sujets « très sérieux avaient été évoqués et que les deux hommes se sont mis d’accord sur certains points dont ils préfèrent ne pas parler pour l’instant ». Même atmosphère chez Joumblatt. Ce qui donne à penser qu’effectivement, cette rencontre a été très importante et que les deux hommes ont parlé en profondeur des sujets qui occupent actuellement l’actualité. Le mutisme de rigueur est donc l’indice que quelque chose s’est réellement passé au cours de cet entretien, même si aucune des deux parties ne semble vouloir donner de détails pour l’instant. Joumblatt doit forcément en parler d’abord avec ses partenaires au sein de l’opposition et le Hezbollah respecte visiblement ce souci. Mais des sources proches du parti expliquent toutefois que cette rencontre intervient au moment où le Hezbollah et Joumblatt considèrent que la question du retrait syrien du Liban est déjà dépassée. Selon les mêmes sources, les deux hommes auraient tourné cette page, s’occupant essentiellement de la période à venir et de la façon de gérer la situation nouvelle qui suit ce retrait. Les sources proches du Hezbollah précisent que Joumblatt et Nasrallah ont des appréhensions au sujet de l’étape à venir, en raison d’un certain flou dans la vision du déroulement des événements. Nasrallah, par exemple, se pose des questions au sujet des positions réelles de certains membres de l’opposition et se demande dans quelle mesure ces personnalités agissent de leur propre chef, ou bien sur base de « conseils » donnés par les Américains. Toujours selon les mêmes sources, le secrétaire général du Hezbollah craint que les projets de l’opposition ne consistent finalement en un basculement du régime libanais dans le camp des « Arabes américains », notamment par le biais des élections législatives prévues en mai prochain. Selon les sources proches du Hezbollah, ces thèmes auraient donc été abordés au cours de la rencontre et les deux hommes se seraient entendus pour tout entreprendre dans le but d’éviter un chaos éventuel dans le pays. Dans leurs lectures respectives de la situation actuelle, les deux parties auraient été d’accord pour estimer que l’atmosphère générale n’est pas au déclenchement d’une guerre civile et confessionnelle. Même si quelques tensions entre certaines régions ou des communautés nécessitent une grande vigilance. La priorité est donc d’éviter des débordements sur le terrain, et Joumblatt, qui considère que l’entente entre les druzes et les chrétiens est désormais solide, préférerait maintenir des garde-fous pour éviter toute tension, surtout qu’au sein de l’opposition, il existe des sensibilités différentes. Les sources proches du Hezbollah précisent que Joumblatt n’aurait pas transmis à Nasrallah un message de la part des Américains, même s’il avait reçu David Satterfield à Moukhtara quelques heures avant la rencontre. Selon ces sources, l’entretien aurait uniquement porté sur la situation interne. Les deux hommes auraient ainsi évoqué la loi électorale en gestation, la date et le déroulement des élections, ainsi que le dossier gouvernemental qui devrait être sérieusement réactivé dans le courant de cette semaine. Ces sources affirment que même le scénario d’une élection présidentielle prématurée, suite à une démission éventuelle du président Émile Lahoud, n’aurait pas été évoquée, car elle ne ferait plus partie, selon ces sources, des sujets d’actualité. Pour l’instant, il a été impossible d’en savoir plus. Mais les prochains jours devraient être porteurs de plus d’informations. Hassan Nasrallah et Walid Joumblatt n’ont pas fini de faire parler d’eux. Scarlett HADDAD

Lorsqu’il y a plus de trois semaines, le député Ghazi Aridi s’était rendu auprès du secrétaire général du Hezbollah, en tant qu’émissaire de Walid Joumblatt, l’entretien avait été qualifié de « positif, sérieux et long » (il avait duré près de trois heures) par les sources proches du Hezbollah. Mais on pouvait deviner entre les lignes qu’il y avait plusieurs...