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Actualités - OPINION

L’ÉDITORIAL de Issa GORAIEB Palmarès

À peine survenu l’attentat du 14 février, le président Émile Lahoud ne s’est pas fait faute de condamner vivement cet acte odieux et de rendre un vibrant hommage à la mémoire du martyr du Liban, Rafic Hariri. Durant les semaines qui ont suivi et pour immense qu’elle ait été, la douleur n’a pas rendu muet le président de la République : c’est ce qu’est venu rappeler hier aux ingrats, aux malveillants journalistes que nous sommes, un communiqué du bureau de presse du palais de Baabda. Ce texte énumère en effet toutes les déclarations illustrant la profonde émotion présidentielle, mais aussi la ferme volonté de Baabda de retrouver et de châtier les auteurs de ce crime monstrueux. Cela afin d’éclairer une opinion publique que risquaient d’abuser les campagnes de désinformation visant injustement le chef de l’État. Cinq pages fullscap assorties d’un attendrissant prêchi-prêcha pour démontrer laborieusement, preuves à l’appui, que tout au long de ces semaines d’affliction et de colère populaires, Émile Lahoud n’a absolument pas brillé par son absence et cela malgré l’énorme contentieux qui, du vivant de Hariri, l’opposait notoirement à celui-ci : c’est fort bien, l’histoire ne l’oubliera pas. De ce flot de déclarations toutefois, on retiendra surtout celles, plus riches de perspectives, ayant trait à une enquête internationale sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre. Cette enquête, le pouvoir s’y refusait obstinément en effet, invoquant sans crainte du ridicule l’impératif de souveraineté et consentant tout juste à l’envoi d’une simple mission d’information. Voilà que l’État s’y résout enfin, sous la double pression interne et étrangère. Pour le président Lahoud qui vient à peine d’entamer la deuxième et catastrophique partie de son mandat, il n’y va pas seulement de la position internationale du pays ; et d’avoir fini par faire volte-face ne suffit guère à lui garantir une glorieuse fin de carrière. Car si une enquête onusienne en règle est désormais chose acquise, elle implique au préalable la mise à l’écart des chefs des organismes de sécurité libanais, comme le recommande l’accablant rapport de la mission Fitzgerald rendu public la semaine dernière. Comme l’exige aussi une opinion publique révoltée par la série d’attentats à la bombe des derniers jours, et qui n’accorde même plus à ces responsables le peu digne bénéfice de la carence et de l’incompétence. Dès lors se posent, avec une acuité chaque jour croissante, une foule de questions : le président est-il résigné ou non à se séparer des divers responsables sécuritaires et du procureur général de la République, dont le limogeage est devenu une exigence littéralement planétaire ? Lahoud n’est-il pas lui-même, en réalité, l’otage de cette « Bande des Sept » obéissant directement, toujours selon le rapport Fitzgerald, aux directives de Damas ? Et quelles retombées aurait sur le régime syrien lui-même une décapitation des services libanais, surtout si les investigateurs devaient opérer sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies qui les mandaterait alors pour frapper à toutes les portes, aussi bien à Damas qu’à Beyrouth ? Le système sécuritaire souffre de déficiences structurelles dont la plus grave est qu’il n’existe pas au Liban d’organe centralisateur : c’est ce que se laissait aller à reconnaître le ministre de l’Intérieur démissionnaire dans sa conférence de presse de vendredi dernier. Rien de plus normal pourtant, Monsieur Frangié : jusqu’à nouvel ordre, et vous êtes idéalement placé pour le savoir, c’est à Anjar ou à Damas que l’on se charge charitablement de tout centraliser.
À peine survenu l’attentat du 14 février, le président Émile Lahoud ne s’est pas fait faute de condamner vivement cet acte odieux et de rendre un vibrant hommage à la mémoire du martyr du Liban, Rafic Hariri. Durant les semaines qui ont suivi et pour immense qu’elle ait été, la douleur n’a pas rendu muet le président de la République : c’est ce qu’est venu rappeler hier aux...