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Actualités - CHRONOLOGIE

Les extrémistes sont minoritaires et pas assez populaires Les islamistes d’Asie centrale sont peu susceptibles pour l’heure de tirer profit de la situation, affirment les experts

L’Asie centrale reste une région très instable mais il y a peu de chances pour le moment de voir des mouvements islamistes radicaux tirer profit de la contestation au Kirghizstan, estiment plusieurs experts. « Il ne fait pas de doute que cela aura un impact » sur la région, explique Oksana Antonenko, de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) de Londres. Mais pour cette analyste, il est peu probable que des mouvements radicaux islamistes comme le Hizb-u-Tahrir soient capables, dans l’immédiat, de profiter du vide créé par le départ du président Askar Akaïev. « Il est difficile de penser pour le moment que les forces islamiques soient capables de jouer un rôle substantiel » dans cette crise, indique-t-elle, en rappelant que les islamistes occupent une place mineure dans l’opposition. « Je ne pense pas qu’ils soient suffisamment populaires au Kirghizstan pour apparaître comme une sorte de force unie dans tout le pays, ajoute Oksana Antonenko. Je doute qu’ils soient capables pour le moment d’avoir une quelconque influence sur le processus politique. » Propos confirmés par Alex Vatanka, un expert du groupe de presse spécialisé dans les affaires stratégiques et de défense Jane’s, qui souligne que l’islamisme est plus le fait de la minorité ouzbèke du Kirghizstan, qui représente 13,9 % de la population, que des Kirghiz, qui forment la majorité, avec 65,7 %. « Les Kirghiz, qui sont des nomades, ne sont pas attachés aux mosquées, aux mollahs », explique-t-il. Quant aux autres groupes islamistes présents en Asie centrale, ils n’ont pas en l’état actuel des choses intérêt à quitter leurs fiefs actuels à la frontière afghano-pakistanaise, selon lui. « Pourquoi abandonneraient-ils le Waziristan, la frontière septentrionale entre l’Afghanistan et le Pakistan, et partiraient-ils pour le Kirghizstan ? » interroge-t-il. « Des gens comme Oussama Ben Laden et ses lieutenants ont parfaitement réussi à se dissimuler là-bas depuis longtemps », rappelle Alex Vatanka. « À moins que la région ne devienne totalement impraticable pour eux, pourquoi iraient-ils dans des territoires entièrement nouveaux où ils n’ont pas le type de contacts avec les clans et les chefs de guerre qu’ils ont eu dans le passé ? » demande cet analyste. Et de souligner d’une part que la contestation au Kirghizstan « est davantage une question laïque » que religieuse, d’autre part que c’est le président Askar Akaïev qui a agité la menace islamiste, comme tous les régimes autoritaires le font depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Pour autant, estime Oksana Antonenko, si le vide du pouvoir et une situation chaotique continuaient de prévaloir, « si la panique durait, ce serait l’occasion rêvée pour les groupes islamistes radicaux de s’infiltrer, de s’organiser », explique de son côté René Cagnat, ancien militaire, écrivain spécialiste de la région et auteur de La Rumeur des steppes, chez Payot. Face à une telle situation, affirme-t-il, « je crois que les Américains et les Russes auraient des intérêts en commun pour rétablir l’ordre », en rappelant que Washington et Moscou disposent de bases militaires dans le pays.

L’Asie centrale reste une région très instable mais il y a peu de chances pour le moment de voir des mouvements islamistes radicaux tirer profit de la contestation au Kirghizstan, estiment plusieurs experts. « Il ne fait pas de doute que cela aura un impact » sur la région, explique Oksana Antonenko, de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) de Londres. Mais pour...