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Actualités - OPINION

Toujours plus haut...

Très significative fut l’initiative lancée par la Fondation libanaise pour la paix civile permanente sous le titre révélateur : « La génération de la relève ». C’était en 1989, avant la « nouvelle République » et ses déceptions ; mais c’était aussi à la veille de la chute du mur de Berlin et les promesses de « printemps » au gré d’un changement toutes saisons, tous azimuts. À l’époque, nombre de Libanais avaient cru apercevoir un brin d’espoir, la fin d’une peine. À l’époque, il fallait bien que les libres de ce pays s’attèlent à la besogne. Il fallait recouvrer la république, ses valeurs et remonter, pièce par pièce, la mosaïque du Liban pluriel, pluraliste, riche par sa diversité et par la connivence entre ses composantes variées qui faisaient – curieusement mais allègrement – la beauté de son paysage... politique. Malgré l’attrait que représente le titre de la relève, le pouvoir en place, siégeant au trône d’une république dont la nouveauté s’est avérée fâcheuse, a, pendant quinze ans durant, raté la génération et empêché la relève. Partout, c’est l’ancienne garde qui n’a pas cessé de défendre la corruption, les intérêts privés, l’incompétence, la pourriture et la stagnation. La génération vouée à la relève s’est retournée alors vers la mer, plus clémente que les vagues internes qui ont renversé l’échelle des valeurs et saccagé les fondements de ce Liban message. Pourtant, à la manière d’Astérix et de ses légendes, un petit village a continué à résister à l’envahisseur. Ce village a dressé ses tentes depuis peu place des Martyrs. Sa potion magique n’est pas l’œuvre d’un druide ; elle est l’œuvre du temps qui a fait des générations nouvelles un projet sine qua non de relève. À la frustration a succédé la volonté d’agir, de changer... Tout cela est beau. Poétique. À la Vaclav Havel. Printanier à l’orange qui coiffe un changement. À la limite du rêve... Mais tout cela pose aussi des questions qui s’affichent à l’aube du lendemain, au réveil. Certains, sceptiques, doutent de la capacité des Libanais d’assurer une transition heureuse vers un avenir qui ressemble aux yeux qui y aspirent. D’autres, à l’optimisme béat, croient au miracle sans même qu’il soit nécessaire de prier ! Entre les deux, le Liban se retrouve sur un croisement de chemins. Ses fils ont fait le deuil d’un Liban qui n’est plus. Ils se sont rassemblés pour l’avenir, certes, mais ils sont aussi conscients du présent qui leur offre aujourd’hui l’alternative de reprendre la république entre les mains. Aujourd’hui, les « dirigeants » – quand bien même de l’opposition – ont dû suivre le battement d’ailes de la rue qui est allée loin vers le haut, clamant indépendance, souveraineté, liberté, sur un ton de courage et de détermination inégalés. La relève a commencé par le chant, par le ton, par le cœur. Structurellement, elle n’aura qu’à refléter la cohérence du verbe ; ne vous attardez pas aux détails : l’essentiel y est... En Irak, à l’aube d’une ère nouvelle après la chute de Saddam, la « coalition » a dû importer des expertises, voire des dirigeants alternatifs. Le joug du régime déchu avait mis fin au moindre dynamisme dans la société civile irakienne qui s’est retrouvée, une fois libre, incapable d’assurer la relève. Tel n’est pas le cas du Liban où le potentiel humain est une marée qui n’attend que l’appel, une marée d’expertises, d’hommes et de femmes de bonne volonté, d’associations, d’honnêtes patriotes... Demain, quand le chantier s’ouvrira, le Liban ne manquera pas d’ouvriers. La relève, c’est ça, c’est cette disponibilité à contribution. La génération de la relève aura demain pour slogan : relève la tête, toujours plus haut... Ziyad BAROUD Avocat
Très significative fut l’initiative lancée par la Fondation libanaise pour la paix civile permanente sous le titre révélateur : « La génération de la relève ». C’était en 1989, avant la « nouvelle République » et ses déceptions ; mais c’était aussi à la veille de la chute du mur de Berlin et les promesses de « printemps » au gré d’un changement toutes saisons, tous...