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Spéculations des professionnels sur les motivations du chef du PSP

Walid Joumblatt modifie son ordre de marche. Désormais, les législatives passent, pour lui, avant le départ du président Lahoud. Pourquoi ce revirement ? Est-il lié à sa rencontre avec Hosni Moubarak ? Découle-t-il plutôt de son souci de préserver l’unité des rangs opposants ? Fait-il écho à la détermination insistante de la communauté internationale, des grandes puissances occidentales, au sujet d’élections libres effectuées sous haute surveillance, dans les délais légaux ? Diverses explications sont avancées dans les cercles politiques. Certains estiment que la priorité précédente, l’éviction du chef de l’État accompagnée de l’élection de son successeur par la Chambre actuelle, aurait nécessité en pratique le recours à une intervention syrienne. Pour réaliser deux points d’accès difficile. D’abord convaincre le président Lahoud de démissionner. Ensuite, permettre l’organisation des élections législatives dans les délais normaux. Or, ajoutent ces sources, il est évident qu’un tel concours syrien aurait impliqué un certain prix à payer. Ce que nombre d’opposants refusent d’envisager. Ils estiment préférable de ne pas perdre du temps avec la question de Baabda. Pour que les élections puissent se dérouler suivant le timing constitutionnel. Après quoi la prochaine Chambre déciderait ce qu’il faut faire au niveau du régime, le garder ou le pousser à s’en aller, s’il n’en prend pas lui-même l’initiative. Tandis que son départ précipité, grâce à une éventuelle pression syrienne, signifierait que Damas serait également autorisé à dire son mot dans le choix de son successeur. Ce qui est le contraire même du but libérateur recherché par l’opposition. À l’appui de leurs dires, ces pôles remarquent que des voix loyalistes tactiques s’élèvent pour suggérer que l’on élise dès maintenant un nouveau président de la République. Ce qui faciliterait le report des législatives de six bons mois. Au bout desquels les prosyriens auraient sans doute regagné une partie du terrain électoral perdu face à l’opposition après la houle populaire provoquée par l’assassinat du président Hariri. Bien entendu, ces considérations sont habilement escamotées par les loyalistes cités. Qui affirment, au contraire, qu’à l’ombre d’un nouveau régime, d’un nouveau gouvernement équilibré, d’une mise au pas des services, les élections seraient tout à fait régulières, sans grand changement dans les rapports de force sur le terrain. Une variante de cette thèse veut que le dépassement des délais pour les législatives soit inévitable, à cause du retard pris dans la formation du gouvernement et de la nécessité de reprendre à zéro l’élaboration d’un projet de nouvelle loi électorale. L’échéance étant ajournée, il serait sérieusement débattu du départ anticipé du régime. La bataille de la présidentielle se trouverait ouverte. La Syrie aurait encore latitude d’y jouer un rôle, du moment qu’elle contrôle l’actuelle majorité parlementaire. Elle pourrait donc bénéficier de l’avantage énorme de disposer d’un régime fidèle, docile, pour six années de plus. Et n’aurait plus de soucis à se faire quant aux résultats des prochaines législatives libanaises. Bien évidemment, l’opposition entend barrer la voie à toute immixtion syrienne. Il lui importe donc qu’un gouvernement soit formé au plus vite, pour que les élections parlementaires aient lieu en mai, au besoin à la date butoir du dimanche 29, en base de la formule de 1960 dite du caza. Après quoi, pratiquement assurée de l’emporter, elle veillerait à faire élire un nouveau président de la République, partisan d’une parfaite indépendance. Ou pourrait même, magnanime, accepter de laisser le régime présent aller au bout de son mandat prorogé, du moment qu’il serait privé de tout pouvoir réel, faute de contrôler la majorité en Conseil des ministres ou à la Chambre. On sait en effet que la Constitution issue de Taëf confie l’Exécutif au Conseil des ministres et non à la présidence de la République. Un peu paradoxalement donc, ce sont surtout des loyalistes qui aimeraient voir le président Lahoud partir de suite, pour pouvoir le remplacer pour six ans par un prosyrien. Tandis que la majorité des opposants, dont Joumblatt lui-même désormais, préfère attendre les élections. Émile KHOURY
Walid Joumblatt modifie son ordre de marche. Désormais, les législatives passent, pour lui, avant le départ du président Lahoud. Pourquoi ce revirement ? Est-il lié à sa rencontre avec Hosni Moubarak ? Découle-t-il plutôt de son souci de préserver l’unité des rangs opposants ? Fait-il écho à la détermination insistante de la communauté internationale, des grandes puissances...