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Créés à la fin du XIXe siècle pour améliorer l’ordinaire des prolétaires, les « Schrebergarten » sont aujourd’hui des lieux de villégiature très prisés en Europe Les jardins ouvriers : pour « vivre à la campagne » en pleine ville

Créés à la fin du XIXe siècle en Allemagne pour améliorer l’ordinaire des prolétaires de la première révolution industrielle, les jardins ouvriers sont aujourd’hui des lieux de villégiature prisés en Europe centrale et de l’Ouest pour vivre « à la campagne » en pleine ville. Apparus vers 1860 dans la région de Leipzig (Allemagne), les « Schrebergarten » (jardins ouvriers, en allemand) sont « très tendance », explique Theresia Theobald, secrétaire générale de l’Association fédérale des amateurs de jardins (BDG). « Ils sont de plus en plus recherchés par les jeunes parents, qui veulent des aires de jeux et des espaces naturels pour leurs enfants, et les jeunes retraités », ajoute-t-elle. Mais dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest, 70 % des locataires de « Schrebergarten » sont des immigrés qui, selon Mme Theobald, y trouvent une ressource alimentaire bon marché grâce à la culture de fruits et de légumes mais également l’espace qui leur manque en ville, dans leurs appartements exigus. La Saxe (nord-est de l’Allemagne) est le land (province) où l’on dénombre le plus grand nombre de jardins ouvriers (200 000 pour 3,7 millions d’habitants) tandis qu’on en compte 80 000 dans la ville-État de Berlin, où ils se louent chacun entre 200 et 500 euros par an. Emblématiques de la culture allemande, les « Schrebergarten » sont également estimés en Autriche où ils sont apparus au début du XXe siècle. Il en existe actuellement 35 000, dont plus de 24 000 à Vienne même. Depuis que, à Vienne, une loi les a rendus constructibles en 1993, la demande a explosé et les candidats à la location d’une parcelle doivent parfois attendre pendant des années. « Il y a un véritable boom sur ces petits jardins depuis que leurs propriétaires et leurs locataires sont autorisés à y construire et que la vie dans la verdure, près de Vienne, a la faveur des jeunes », explique Roland Jambor, vice-président de l’Association des jardins-ouviers de la capitale autrichienne. Selon M. Jambor, la location d’un « Schrebergarten » coûte environ 1 euro le m2. Mais l’achat d’un jardin ouvrier de 350 m2 ne coûte pas moins de 95 000 euros. Tout ressortissant de l’Union européenne a le droit d’acheter, ces parcelles ayant perdu leur fonction sociale des débuts, précise-t-il. Entre 1918 et 1934, lorsque « Vienne-la-rouge » était dirigée par les sociaux-démocrates, les jardins ouvriers, les « Schrebergarten », étaient un instrument politique. Aujourd’hui, ils sont devenus un lieu de détente et de repos dont l’attribution ne dépend plus depuis longtemps de critères sociaux et où piscines et balançoires ont remplacé potagers et arbres fruitiers. Refuge d’une population souvent jeune et aisée à la recherche d’un cadre de vie privilégié, le « Schrebergarten » viennois « nouvelle génération » est désormais occupé par une coquette petite maison bordée d’une pelouse et de fleurs jalousement entretenues par son propriétaire. La même évolution peut être observée en Hongrie, où quelque 253000 «telek» (maisonnettes entourées d’un jardin) ont été recensées. Ces petites datchas, dont seulement la moitié possèdent l’eau courante, sont des lieux de villégiature où l’on pratique le jardinage d’agrément. « Ce type de jardinage est particulièrement prisé par les classes les plus aisées qui, pressées par le temps, louent les services de jardiniers », explique Gabor Foldi, propriétaire de Kertmesterseg, une société de jardinage de Budapest. « Mais le jardinage est encore à ses premiers balbutiements en Hongrie », ajoute-t-il. Sous le régime communiste, se souvient-il, il était pourtant fréquent que les gens cultivent des fruits et des légumes pour leur consommation personnelle et dont ils écoulaient les excédents sur des marchés locaux.
Créés à la fin du XIXe siècle en Allemagne pour améliorer l’ordinaire des prolétaires de la première révolution industrielle, les jardins ouvriers sont aujourd’hui des lieux de villégiature prisés en Europe centrale et de l’Ouest pour vivre « à la campagne » en pleine ville.
Apparus vers 1860 dans la région de Leipzig (Allemagne), les « Schrebergarten » (jardins...