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Venus de tous les ports, ils se sont retrouvés dans la baie du « Saint-Georges » Par dizaines, des bateaux de pêche ont porté les portraits de Hariri et les couleurs de l’opposition (Photo)

La manifestation traditionnelle du lundi, cinq semaines exactement après le terrible attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et à ses compagnons, s’est déroulée en mer cette fois. Des dizaines de bateaux de pêche venus des différents ports du Liban ont convergé hier vers la baie du Saint-Georges, arborant des drapeaux libanais, des portraits de Rafic Hariri et des inscriptions de soutien à l’opposition et à l’intifada de l’indépendance. Bravant une mer particulièrement agitée malgré le beau temps, les pêcheurs ont participé à ce mouvement après avoir passé, pour certains, des heures dans leurs chaloupes en route vers Beyrouth. Ils ont été accueillis sur le quai par un rassemblement d’habitants et nombre de députés. Venus des ports de Batroun, Enfé, Aqaïbé, Jounieh, Dbayé, Dora, Ras Beyrouth, Saïda, Sarafand... les pêcheurs ont commencé à faire leur apparition peu avant 12h dans la baie du Saint-Georges, près du lieu de l’attentat. Pour certains, ils étaient en mer depuis 8h. Leurs confrères de Tripoli et de Tyr n’ont pu participer à la parade, n’ayant pas été capables de couvrir la distance qui sépare leurs ports de celui du Saint-Georges, vu les conditions climatiques. Élias Atallah, secrétaire général de la Gauche démocratique, explique que cet événement s’insère davantage dans le cadre de l’action symbolique que dans celui des grands rassemblements, à l’instar de celui qui a attiré plus d’un million de manifestants lundi dernier, place des Martyrs. « Ces pêcheurs issus de toutes les régions condamnent d’une même voix l’attentat, explique-t-il. Cela prouve une fois de plus que le peuple libanais est uni dans ses revendications. » M. Atallah ajoute que l’opposition attend une série d’événements devant avoir lieu cette semaine, notamment la publication du rapport du comité d’experts internationaux de l’Onu concernant l’enquête sur l’attentat, la rentrée du patriarche Nasrallah Sfeir et les conclusions du sommet arabe, pour annoncer son nouveau plan d’action. Interrogé sur la raison de sa participation, un pêcheur de Beyrouth répond : « Nous voulons la vérité sur l’assassinat de Hariri et appuyons toutes les demandes de l’opposition. » Croit-il que la satisfaction de ces demandes aura à long terme un impact positif sur l’activité économique, notamment la pêche ? « Nous sommes prêts à passer un ou deux mois difficiles, souligne-t-il. Mais nous ne voulons pas souffrir quinze autres années. » Que représentait Hariri pour ces hommes qui, à l’unisson, criaient « Abou Bahaa » à partir de leurs barques ? « Il nous a toujours apporté une aide financière et un appui », indiquent des pêcheurs de Beyrouth. « Il était notre frère, notre père, notre bien-aimé », ajoutent leurs confrères de Dora. Quant aux pêcheurs de Saïda, qui ont passé plus de trois heures en mer pour atteindre leur objectif, ils affirment que « quelles que soient les difficultés, elles ne sont rien en comparaison de la tragédie qui nous a frappés le jour de la mort de Hariri ». « Pas d’autres pêcheurs que les pêcheurs libanais » Outre l’hommage rendu à Hariri par la profusion des portraits sur les bateaux, les pêcheurs, rejoints par les dizaines de manifestants (dont certains ne se sont pas privés de monter à bord), ont également scandé des slogans souverainistes (« Liberté, souveraineté, indépendance »), antisyriens (« La Syrie dehors ») et demandant la démission du président de la République. Certains ont même inventé des variantes aux slogans habituels : « Nous ne voulons d’autres pêcheurs que les pêcheurs libanais. » Car il s’avère que la présence syrienne a eu des effets négatifs sur l’activité économique des pêcheurs libanais, comme nous l’explique longuement l’un d’eux. « Comme pour les ouvriers syriens, il y a également de nombreux pêcheurs syriens travaillant en territoire libanais, raconte-t-il. Venant pour la plupart de Lattakié, ils exercent leur activité sur des bateaux immatriculés au Liban, sans payer aucune charge, alors que nous nous acquittons d’une taxe annuelle. Ils n’ont pas quitté le pays après les derniers événements, et se comptent par milliers. » À cela, poursuit-il, il faut ajouter l’entrée, sur le marché, de poissons provenant de Syrie. « Il est vrai que nous importons de grandes quantités de Turquie, mais la marchandise turque est soumise à des taxes douanières, contrairement à celle de Syrie », précise-t-il, avant d’ajouter que la fin d’une telle situation ne pourrait qu’être bénéfique pour la communauté des pêcheurs libanais. À 12h55, heure de l’attentat du funeste 14 février, et comme chaque lundi, une minute de silence a été observée par tous les présents, suivie de l’hymne national. Après cela, les dizaines de bateaux de pêche ont pris le long chemin du retour, au son des sirènes, priant pour un vent favorable. Plusieurs députés et personnalités politiques se trouvaient sur les lieux de cette manifestation pas comme les autres : Ghounwa Jalloul, Mohammed Kabbani, Farès Souhaid, Mansour el-Bone et Ghattas Khoury, sans compter Élias Atallah, Gebrane Bassil du Courant patriotique libre (CPL) et Samir Abdel Malak, porte-parole de Kornet Chehwane. Certains sont montés à bord d’un canot, pour se faire photographier avec les pêcheurs. Suzanne BAAKLINI
La manifestation traditionnelle du lundi, cinq semaines exactement après le terrible attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et à ses compagnons, s’est déroulée en mer cette fois. Des dizaines de bateaux de pêche venus des différents ports du Liban ont convergé hier vers la baie du Saint-Georges, arborant des drapeaux libanais, des portraits de Rafic...