Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Fléchettes L’Effendi, ou l’art subtil de s’effacer

Chaque fois que Omar est désigné (du doigt ?) on entend répéter qu’il est le fils d’Abdel Hamid et le frère de Rachid. C’est son laissez-passer, sa justification. La seule ? Pas du tout : s’il n’a pas la stature de ses deux prédécesseurs ni leur sens de l’État, il en garde la subtilité manœuvrière. Sorti par la grande porte, il sait se glisser de nouveau à la cuisine par la fenêtre. Une rentrée si fausse, tout compte fait, que de tout le week-end, personne, nulle part, n’a parlé de Omar. C’est comme s’il n’existait pas. Ce qui confirme que sa personne, déjà peu démonstrative, passe bien après son rôle (unique) de simple porteur de message. Comme un accus de batterie, il ne compte que par la charge électrique dont on le dote. Ce qui donne à croire qu’on a voulu délibérément, en le nommant, électriser un climat déjà dangereusement surchauffé. Certains prétendent que lors de la réunion autour d’Assad, on a voulu, en optant pour Karamé, exonérer ce respectable notable de l’abominable humiliation de se trouver encore une fois pratiquement vidé par le peuple. Si c’est vraiment la cause de sa désignation, la délicatesse manifestée est aussi grossière qu’agressive, et se situe aux antipodes des vraies bonnes manières. Parce que après tout, Karamé n’a jamais fait, pour sa part, que bafouer tout le monde : il a soutenu que les Libanais, ces dingos sanguinaires, s’entre-tueraient si le Syrien cessait de les tenir en laisse. Il a ensuite clamé que l’armée nationale n’est pas capable. Il a, aussi adroitement, piqué au vif le Hezbollah et les Palestiniens, en demandant qui les désarmerait si on ne laisse pas le Syrien s’en occuper. Il a refusé de rendre immédiatement son tablier, après un drame historique comme l’assassinat du président Hariri. Il s’est accroché. Pour dégager la piste de danse, alors que la majorité parlementaire ne le lui demandait pas. Malgré l’outrage fait ainsi au Législatif, les 71, admirables d’abnégation et de fidélité au maître commun, ont derechef fait appel à l’Effendi. Qui a accepté, tout en faisant savoir tout de suite que c’était inutile. Puisqu’il n’y avait aucune volonté opposante, il l’a dit, de participer à ce cabinet d’union qu’il retient pour sa part comme option unique, exclusive. En d’autres termes, Karamé a avoué, dès le départ, que sa mission, dans le prolongement des six jours de retard indu décidé par la présidence pour entamer les consultations, était de gagner du temps, et rien d’autre. Ou, plus exactement, d’en perdre assez pour faire sauter les délais des législatives. Au bout desquelles, le peuple en ayant plus qu’assez, l’Effendi va probablement pour de bon devoir. S’effacer. J. I.
Chaque fois que Omar est désigné (du doigt ?) on entend répéter qu’il est le fils d’Abdel Hamid et le frère de Rachid. C’est son laissez-passer, sa justification. La seule ? Pas du tout : s’il n’a pas la stature de ses deux prédécesseurs ni leur sens de l’État, il en garde la subtilité manœuvrière. Sorti par la grande porte, il sait se glisser de nouveau à la cuisine par...