Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Les lecteurs ont voix au chapitre

Le Hezbollah peut-il devenir exclusivement libanais ? Ce qui semble déranger le plus le Hezbollah dans la résolution 1559, ce n’est pas tant le retrait syrien, qu’il accepte sans trop de réserves, mais plutôt la clause « désarmement» de cette résolution. En effet, le parti de Dieu estime qu’il n’est pas encore temps de déposer les armes, et affiche ouvertement sa méfiance quant à l’implication des puissances occidentales au Liban, à commencer par l’enquête internationale, réclamée par l’opposition, sur l’assassinat de Rafic Hariri. On voit donc Hassan Nasrallah brandir la menace d’un nouveau 17 mai et affirmer que « le Hezbollah n’est pas une milice ». Par là ne cherche-t-il pas à exclure son parti de la clause dans l’accord de Taëf appelant au désarmement de toutes les milices, accord qu’il brandit comme la seule et unique référence pour le règlement des affaires intérieures libanaises ? Certes, le Hezbollah est plus qu’une milice, c’est un mouvement de résistance, ce que personne au Liban ne conteste. Il n’en reste pas moins que le parti possède une branche résistante organisée, qu’elle est composée de milliers de citoyens armés et entraînés, et dont l’allégeance ne va pas a l’armée nationale. Milice ? Sans aucun doute. Mais la question qui importe est autre : est-il concevable, après le retrait syrien – auquel on commence timidement à croire –, que le Hezbollah reste un mouvement ayant des allégeances non libanaises ? Le Hezbollah peut-il être à l’abri de ces influences externes, peut-il n’avoir qu’un agenda libanais, et non plus syrien, iranien, palestinien ou autre ? Le Hezbollah s’est imposé comme une force politique locale incontournable. Saura-t-il aller au-delà et faire partie de la solution au problème de la paix au Proche-Orient ? L’intérêt, le bien du Liban le lui commandent. Souheil TRABOULSI USA Chronique d’une libération J’écris pour mes deux Élie, mon mari qui n’est plus là pour voir réalisé ce dont il avait toujours rêvé, une manifestation massive et non confessionnelle unir un peuple dont il avait toujours dit, dans sa légendaire franchise, qu’il est de loin « supérieur à ses dirigeants », et à mon petit-fils, qui, lui, appartient à la génération à laquelle nous aurons à rendre des comptes. Tes parents, petit Élie – et tu n’as que 10 mois –, t’ont fait porter, dans leur désir de te voir partager leurs émotions, cette écharpe rouge et blanche que nous arborons tous depuis le 14 février. Ce jour où l’atroce réalité de l’assassinat de Rafic Hariri et de ses compagnons a électrisé tout un peuple, le choc ayant joué le rôle de catalyseur d’une énergie existante, mais comme enfouie au fond de lui. Soljenitsyne n’avait-il pas écrit : enlevez l’espoir à l’homme et vous le rendrez libre car il n’aura plus rien à perdre ? En assassinant le rêve du peuple libanais que représentait un homme parti de rien et arrivé à tout, celui qui a voulu nous enchaîner a brisé toutes nos chaînes. Beyrouth était belle à voir en ce 14 mars 2005. Par centaines de milliers, munis de leur drapeau et de leurs slogans, les Libanais ont déferlé de partout vers la place des Martyrs. Tous ont scandé leurs exigences, ont clamé leurs griefs et acclamé les discours des opposants qui réclamaient le départ de l’occupant. Ils ont à l’unisson entonné l’hymne national, demandant des comptes aux dirigeants. Ils étaient un million et plus, un chiffre hallucinant pour notre petit Liban, le tiers de la population du pays, ce qui représenterait pour les Français quinze millions dans les avenues de Paris, pour les Américains cinquante millions dans les rues de Washington, et pour les Chinois deux cent cinquante millions sur les places de Pékin. Libanais, vous méritez qu’on vous salue. Dolly TALHAMÉ Ne gâchons pas le rêve Déjà un mois s’est écoulé, depuis l’assassinat choc, la douleur, le deuil, et une seule question taraude tous les esprits : comment gérer l’après-Hariri ? Par respect pour la mémoire de ce grand homme, il est du devoir de chacun de nous de défendre les valeurs qui lui étaient chères, de protéger le précieux héritage qu’il nous a légué, et surtout de poursuivre la tâche noble qu’il avait commencée et pour laquelle il a payé de son propre sang : celle de la nation dont il a rêvé, moderne, démocratique, multiconfessionnelle, respectueuse des droits de l’homme, pacifique et surtout unifiée. Les Libanais, toutes couches sociales et confessions confondues, de droite et de gauche, jeunes et moins jeunes, employeurs et employés, actifs et retraités, majorité et minorités, place des Martyrs et place Riad el-Solh, religieux et profanes, civils et militaires, croyants et athées, en entonnant à l’unisson l’hymne libanais, ont donné l’image d’un peuple rassemblé sous le seul et unique drapeau libanais. S’il y avait un référendum sur des thèmes aussi variés que l’autodétermination, le refus d’ingérence extérieure, la tenue d’élections législatives libres et démocratiques, la nécessité d’enquêteurs internationaux pour aboutir à la vérité sur le crime odieux ayant coûté la vie au président défunt Hariri, le oui serait franc et massif. Dans une société en manque de repères, l’État est un projet fédérateur, qui rassemble. Alors ouvrons-nous au dialogue, trouvons des terrains d’entente, exploitons notre riche diversité et surmontons nos différences pour lutter contre toute velléité de division qui pourrait nous être fatale en cette période de crise. Parlons d’une seule voix, et crions haut et fort pour dire non à l’obscurantisme, à la violence, à la folie meurtrière, et oui à la tolérance, à l’humanisme et à la paix. En apprenant de nos erreurs passées, montrons au monde entier que le peuple libanais est le dernier rempart face au clanisme, à l’intégrisme religieux et au mercantilisme politique. Il nous est donné une opportunité de construire un État de droit ; faisons-le sur des fondations solides comme la compétence, la concurrence loyale et l’égalité des chances, loin des terrains sablonneux de la corruption, des dessous de table et des pots-de-vin. Saisissons-là, cette chance, et saisissons-nous. Relevons le défi. Soyons à la hauteur de nos ambitions. Notre tâche est difficile et le terrain est semé d’embûches. Gardons en mémoire qu’il est beaucoup plus difficile de faire la paix que la guerre. Souvenons-nous qu’« à vaincre sans périls, on triomphe sans gloire ». Soyons confiants dans l’avenir. Ne gâchons pas le rêve... Dr André AOUN Où va-t-on ? Le soulèvement des Libanais est mémorable, historique. On se sent renaître, revivre; on en vient même à regretter, nous les expatriés, de ne pas y être, de ne pas faire partie de cette révolution, de ne pas aller dans la rue, de ne pas crier son mécontentement, renverser le gouvernement, braver les services de renseignements (libanais et syriens). Qui a oublié la violence perpétrée contre les étudiants il y a quelques années? Et même si ce n’est pas la raison pour laquelle je vous écris, ce soulèvement a allumé une flamme d’optimisme. Venons-en à mon sujet : où va le Liban ? J’ai quitté le Liban à la fin de la guerre, en 1989, et les noms de nos dirigeants sont les mêmes. Ne parlons même pas des prénoms. Ils sont encore là. Il suffit de prendre un peu de recul pour se demander comment un système féodal peut assurer un semblant de solidité, de confiance et d’avenir. Avec ou sans la Syrie – et Dieu m’est témoin, lui seul sait combien je veux qu’elle sorte –, nous ne sommes pas prêts à être dans un pays démocratique. Que va-t-il se passer une fois que les Syriens auront regagné leur pays ? Pierre CHAKER Appel à toutes les mamans du Liban Notre cher pays, le Liban, traverse actuellement une période très critique après le tragique assassinat du Premier ministre Rafic Hariri. De lourds nuages couvrent notre ciel. Devant cette situation si dramatique, prions ensemble pour que Dieu bénisse nos jeunes enfants et les protège de toute agression. Très chères mères du Liban, nos fils et nos filles sont assoiffés de liberté et d’indépendance. Prions Dieu pour qu’Il nous aide à combattre l’esprit du mal qui seul engendre la haine et la violence. Invoquons Sa Grâce qui seule peut purifier nos cœurs de tout mal et guider tous nos chefs pour qu’ensemble nous protégions notre cher Liban de toute division et de toute ingérence étrangère. Arrêtons notre travail pour quelques minutes. Prions ensemble trois fois par jour à 7 h du matin, et à 13h et 19h le soir. Notre cher Liban a besoin de nos prières. Dans nos mosquées, ne restons pas apathiques. Contribuons à un meilleur avenir pour le Liban par nos prières au Dieu unique. Le ciel est ouvert pour les accueillir. Mères libanaises La gratitude Les Libanais de l’après-guerre et de tous bords ont soutenu le Hezbollah dans sa juste lutte contre Israël (on se souviendra des couvents abritant des milliers de réfugiés qui fuyaient les bombardements de l’opération « Raisins de la colère »). Ces mêmes Libanais auraient cru – naïvement – que le Hezb se tiendrait à leur côté dans leur volonté d’en finir avec le joug syrien. Pour un parti libanais et intègre, voilà de la gratitude ! Alors que tous les Arabes vivent en paix ou la négocient, sayyed Hassan Nasrallah veut poursuivre sa lutte armée sans se soucier de l’avis contraire de ses compatriotes. Une attitude tout aussi dangereuse que décevante. Antoine J. ONAISSI Nous reviendrons Je suis un Libanais émigé. Je vis à Paris depuis 8 mois. Nous sommes, libanais en France, tous incroyablement frustrés de suivre de loin les évènements dans notre pays depuis plus d’un mois. Mais malgré cet horrible sentiment d’impuissance que tout émigré, où qu’il soit, doit ressentir, nous nous mobilisons, nous manifestons, nous faisons entendre notre voix et notre désir de liberté. Cela dit, nous assumons. Nous avons décidé – chacun a ses raisons – de partir. Mais que personne, oui personne, ne pense une seconde que nous n’existons plus, que nous ne reviendrons pas et que nous ne nous sentons plus libanais. Ici à Paris, les deux premières manifestations réclamant le retrait syrien ont réuni plus de 3500 Libanais. Ces chiffres ne concernent que Paris, mais ce qui est intéressant, c’est le nombre total de Libanais émigrés qui, un peu partout dans le monde, font entendre leur voix. Que l’on cesse donc de nous exclure de la vie politique de notre pays. Nous n’y sommes peut-être pas présents, mais le cœur et l’âme y demeurent profondément ancrés. Donc, tenez compte de nous car pour remporter ce combat, les Libanais doivent impérativement s’unir. Unissez-nous donc. Roy ARIDA Paris Pardon... Bloquée à la maison, je vous regarde tous ensemble réunis pour la liberté et la libération. Vous êtes beaux, magnifiques, grandioses... Mais je ne suis pas avec vous, et je ne me joindrai pas à vous. Honte, larmes, frustration... Moi aussi j’aurais aimé être parmi vous, une écume dans cette immense mer de drapeaux... Un drapeau que j’ai appris à aimer dans un pays lointain où je m’étais réfugiée avec mes parents lors de la guerre. J’avaix dix ans, et je surveillais le drapeau libanais de l’hôtel d’en face. Il flotte, « khay », le pays est content. Il ne flotte pas, le pays est triste. À douze ans, je croyais que mon pays était plus fort que le vent et les forces naturelles. Hier, j’aurais pu prendre ce drapeau et le faire flotter dans l’air, j’avais l’occasion de rendre mon pays heureux et pourtant je suis restée à la maison. Pourquoi ? La raison est bien bête, et pourtant légitime. Je n’aurais pas pu faire autrement. Honte, larmes, frustration... Je suis là à deux pas de la liesse populaire, à deux pas du changement. Mais je reste en pyjama, dans mon lit, à vous regarder de loin, vous si magnifiques, vous qui, maintenant, faites partie de l’histoire, vous qui êtes en train de contrôler ce vent. Finalement, j’avais raison, mon pays est plus fort que les forces naturelles. Oui, je ne me suis pas jointe à vous. Oui, je ne ferai pas partie de l’histoire. Je ne suis que simple spectatrice. Je vis la quête de la liberté par procuration. J’aurais voulu être là-bas avec vous tous. Pardon... Sandra KHALIL Adressez vos commentaires par fax (01/360390), par lettre (rubrique Courrier des lecteurs, boîte postale 2488) ou par mail : redaction@lorientlejour.com

Le Hezbollah peut-il devenir exclusivement libanais ?

Ce qui semble déranger le plus le Hezbollah dans la résolution 1559, ce n’est pas tant le retrait syrien, qu’il accepte sans trop de réserves, mais plutôt la clause « désarmement» de cette résolution. En effet, le parti de Dieu estime qu’il n’est pas encore temps de déposer les armes, et affiche ouvertement sa méfiance...