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L’entrée, aux couleurs du printemps, doit être appétissante, pour nous préparer à goûter la saveur du plat principal. Cette entrée, en l’occurrence, nous a été servie par le discours du président Assad qui n’a pas manqué de nous titiller les papilles, le temps de dégager le petit morceau de foie gras, d’excellente qualité du reste, qu’il nous a servi, entouré de grandes feuilles de salade qui ne servent qu’au décor. En effet, le discours d’Assad va à l’essentiel, quand même, à savoir « sa coopération avec la communauté internationale ». Tout le reste devient du domaine des corollaires, y compris le retrait du Liban qui n’est qu’une conséquence sine qua non, à l’instar de son entrée au Liban du reste, puisqu’elle était, elle aussi, le fruit de la coopération de son père, à l’époque, et malgré le prix que cela a coûté au Liban. Si Assad n’a pas compris tout seul la leçon, Moubarak, Abdallah II, l’émir de Qatar et enfin l’émir Abdallah ont pris la peine de lui expliquer les grands changements du siècle, auxquels personne ne peut prétendre échapper, du moins pour le moment. Que l’on ne se trompe pas. À partir d’aujourd’hui, la Syrie doit s’occuper de ses propres problèmes internes. Elle n’a plus le temps de s’occuper d’autre chose. Alors, il faut que ceux parmi les Libanais qui se sentent reconnaissants à la Syrie lui laissent la paix et cessent de s’y accrocher. C’est la meilleure façon pour eux de la remercier. Le plat principal – un plat de « résistance » – nous a été servi par le Hezbollah. Loin d’être rassuré par « l’entrée », ce dernier a compris qu’il n’avait plus de recours que Dieu le Père, en l’occurrence le Liban dont il a si bien brandi le drapeau. Il ne faut comprendre du discours de Nasrallah que l’essentiel, son appel au dialogue interlibanais. Il insiste même sur un dialogue en dehors du pouvoir actuel. C’est quand même un grand cadeau que le Hezbollah fait à l’opposition, car il a compris que la Syrie, qui s’était imposée comme son tuteur jusque-là, peut à peine sauver sa tête aujourd’hui et n’est aucunement prête à faire quoi que ce soit pour lui. Assad a dit clairement qu’il acceptait, ou plutôt se soumettait à la 1559. Preuve en est que les troupes syriennes ont commencé leur retrait sans attendre la manifestation de soutien, même si Assad avait fait appel implicitement à cette manifestation pour sauver sa face. Que le Hezbollah critique la France et les États-Unis, cela doit se comprendre, puisqu’il a été sanctionné par les deux grandes puissances qui soutiennent le Liban. On pourrait même dire plus : Nasrallah, en appelant ses concitoyens de l’opposition au dialogue, les invite à lui assurer une passerelle vers la communauté internationale qui se trouve, aujourd’hui, en symbiose avec cette même opposition. Et cela, Hariri, baptisé martyr du Liban à l’instar de Kamal Joumblatt, de Bachir Gemayel, du mufti Hassan Khaled et de René Moawad, l’avait bien compris. Car Nasrallah a déjà beaucoup donné à l’opposition, sur le plan interne, en reconnaissant la particularité du Liban, le droit de chacun à s’y exprimer et à s’y épanouir, sans qu’aucune communauté ne s’impose aux autres, et ce dans une démocratie communautaire fondée sur le respect de l’autre et le droit à la différence. Quant au dessert, c’est ce que nous promet de meilleur cette nouvelle jeunesse venant de tous bords, rassemblée autour d’un avenir qu’elle peut se permettre de rêver aujourd’hui, contrairement à la génération passée pour qui le tunnel n’avait pas de fin. Une jeunesse qui a pris conscience de la chance qu’elle a d’appartenir à un pays unique, un pays message, et dont elle saura désormais porter la responsabilité pour le protéger. Une jeunesse qui a compris combien ses aînés ont été floués, manipulés et détournés de l’essentiel par les intérêts multiples d’un voisinage que la géographie a imposé au Liban. Et ce malgré toute la bonne volonté de ces aînés qui ont défendu un Liban que chacun croyait tailler à sa mesure. Car ils n’avaient pas pris conscience de la dimension incommensurable de ce petit pays qui saura, un jour, ressusciter de ses cendres pour répandre les valeurs d’humanisme dont le monde a tant besoin aujourd’hui. Et c’est cet avenir du Liban qui est confié à cette jeunesse devant laquelle nous devons nous incliner. Lyna ÉLIAS

L’entrée, aux couleurs du printemps, doit être appétissante, pour nous préparer à goûter la saveur du plat principal. Cette entrée, en l’occurrence, nous a été servie par le discours du président Assad qui n’a pas manqué de nous titiller les papilles, le temps de dégager le petit morceau de foie gras, d’excellente qualité du reste, qu’il nous a servi, entouré de grandes...