Bkerké - « Franches explications » entre le ministre sortant de l’Intérieur et le patriarche maronite Frangié : Je ne participerai pas à un gouvernement monochrome ou neutre

C’est sous le signe de la « franchise » et de la « clarification » que le ministre sortant de l’Intérieur, Sleimane Frangié, s’est rendu hier à Bkerké pour s’entretenir avec le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, près de dix jours après avoir appelé, devant ses partisans à Zghorta, le patriarche à accorder plus d’attention aux maronites qui ne sont pas du Mont-Liban. À l’issue de l’entretien, qui a duré 45 minutes, M. Frangié a pris la parole, affirmant qu’il « respecte le patriarche et Bkerké pour ce qu’ils représentent sur le plan national ». « Partant, nous respectons le patriarche et il nous le rend bien », a-t-il indiqué. « Nous avons expliqué au patriarche qu’il y a certaines personnes qui ont tenté de profiter d’un certain climat à Zghorta pour pêcher en eau trouble. C’est là qu’il y a eu des explications en toute franchise : nous avons toujours été sous le parapluie de Bkerké, mais lorsque, au sein d’une même famille, l’un des enfants sent que son père lui préfère son frère, il a le droit de demander à son père de lui être plus attentif », a déclaré M. Frangié. Le patriarche « nous a exposé son point de vue, précisant qu’il était à égale distance de tous ». Concernant sa participation éventuelle au prochain gouvernement, Sleimane Frangié a affirmé qu’il y pensera « s’il s’agit bien d’un cabinet d’union nationale ». « S’il est question d’un gouvernement monochrome ou neutre – ce qui n’existe pas –, je ne participerai pas. Je ne suis pas disposé à entrer au gouvernement à n’importe quel prix. S’il s’agit toutefois d’un cabinet du niveau d’un Walid Joumblatt, il est de mon devoir d’y prendre part. Mais il convient toutefois de savoir quelle sera la forme du cabinet et sur quelles bases il sera formé », a ajouté le ministre de l’Intérieur. M. Frangié et son conseiller politique, Joseph Arayji, ont ensuite été retenus à déjeuner par Mgr Sfeir. Les autres audiences Le patriarche maronite a ensuite accordé audience aux députés Abbas Hachem et Boutros Harb, puis au député Nehmetallah Abinasr, qui a tenu le prélat maronite au courant des résultats de son voyage à Bruxelles, où il a assisté à un congrès organisé par les partis démocrates chrétiens, qui a adopté les revendications de l’opposition. « Nous avons informé le patriarche des résultats de notre visite au siège de l’Union européenne, où la responsable de la politique de l’UE pour le Proche-Orient nous a indiqué qu’une délégation d’experts arrivera bientôt à Beyrouth pour étudier un mécanisme de surveillance des élections, parce que, disent-ils, la falsification peut se produire plusieurs mois avant le scrutin. Il semble qu’ils comprennent très bien ce qui se produit au Liban à tous les niveaux », a indiqué M. Abinasr qui s’est, par ailleurs, demandé s’il pouvait y avoir une entente sans la libération de Samir Geagea et le retour du général Michel Aoun. Il convient de signaler qu’à Paris, M. Abinasr a rencontré le général Aoun. Mgr Sfeir a par ailleurs successivement reçu les ministres démissionnaires Jean-Louis Cardahi et Wadih el-Khazen, ainsi que les députés Farid el-Khazen et Mansour el-Bone. Le prélat maronite s’est en outre entretenu avec M. Gebran Bassil du Courant patriotique libre, émissaire du général Aoun à Bkerké. À l’issue de la rencontre, M. Bassil a mis en exergue « les efforts que le général Aoun a déployés sur le plan international depuis un certain temps pour la libération du Liban », estimant que ce processus a besoin du concours de tous les Libanais, « à l’heure où la Syrie s’obstine à vouloir fomenter des crises au Liban en imposant le chef du gouvernement ».