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Actualités - OPINION

ÉCLaIRAGE - Le pouvoir et son tuteur estiment qu’ils n’ont plus besoin de faire des concessions sur le plan local, selon Samir Frangié Le retour de Karamé au Sérail, un cadeau en or pour l’opposition ?

Info ou intox ? Dans tous les cas, la rumeur enfle un peu plus de jour en jour : Omar Karamé reviendrait à la tête du gouvernement dès demain soir. Ce ne serait évidemment pas la première fois que le pouvoir post-Taëf et son tuteur syrien exhibent devant les Libanais et devant la communauté internationale, en en faisant une provocation consciente et ciblée, la bêtise de leur jugement et de leur perception politiques, offrant ainsi à l’opposition de formidables cadeaux. Sauf que cette fois, cela dépasserait non seulement tout entendement, mais décuplerait à la fois la détermination déjà phénoménale des Libanais opposants et les redoutables pressions internationales sur Beyrouth et Damas. Il y a des signes avant-coureurs qui laissent penser que... Sleimane Frangié proposerait mercredi à Baabda, au cours des consultations parlementaires et au nom de son bloc formé de huit députés, le nom de Omar Karamé. Idem pour Assem Kanso, Abdel-Rahmane Abdel-Rahmane et Kassem Hachem ; sans compter l’hommage appuyé de Hassan Nasrallah au Premier ministre démissionnaire qui pourrait être interprété comme une volonté de réadoubement. Tout cela pourrait également ressembler de bien près à une manœuvre politique somme toute assez grosse – une preuve de plus que le pouvoir et son tuteur n’ont absolument pas compris (ou voulu comprendre) qu’il y a un avant et un après-14 février, et qu’ils sont totalement incapables de jauger et de juger l’irréversibilité des revendications de l’opposition plurielle, ainsi que le changement radical de la mentalité populaire. Faire circuler ces rumeurs avec autant d’insistance pourrait, selon eux, faire infléchir l’obstination de cette opposition qui ne soumettra aucun nom demain à Baabda mais qui, au contraire, remettra à Émile Lahoud, par le truchement de Ghounwa Jalloul et de Farès Souhaid, un véritable cahier des charges obligatoire pour le prochain cabinet. Ainsi, dans l’optique d’un boycottage d’au moins 58 députés, et en cas de mot d’ordre donné aux loyalistes prosyriens, rien n’empêchera alors le retour d’Omar Karamé et un « C’est vous qui l’avez voulu » que ce pouvoir-marionnette assènerait à l’opposition (et à la communauté internationale). Et si Omar Karamé revient avec une déclaration ministérielle comprenant, entre autres, la démission de Adnane Addoum et des patrons des six services de sécurité, un retrait syrien total par-delà la frontière libanaise avant les législatives, et la demande officielle d’une enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri ? Pilier de l’opposition plurielle, Samir Frangié répond à cette question en appelant un chat un chat : « Si ces trois points sont au centre de la future déclaration ministérielle, n’importe quel épicier du coin pourrait présider le gouvernement. Pourquoi ramener alors un homme qui a été chassé sous la double pression de la rue et des députés, candidat aux élections qui plus est, et qui s’en est pris aux Tripolitains qui lui sont opposés ? Ce serait de la provocation pure. D’autant plus qu’on est encore loin de ces trois conditions : le communiqué syro-libanais est en retrait par rapport à ce qu’avait annoncé Bachar el-Assad », dit-il à L’Orient-Le Jour. Mais pourquoi Omar Karamé uniquement ? Pourquoi pas Ahmed Hajj par exemple ? « Sélim Hoss est malade et disqualifié auprès de l’opposition, surtout depuis cette troisième voie qu’il a initiée. De plus, le pouvoir et son tuteur ne pensent plus du tout à un cabinet neutre ; ils estiment qu’ils ont déjà gagné du temps grâce à la déclaration (d’hier) à Damas et qu’ils n’ont pas besoin de faire des concessions sur le plan intérieur. » Leur choix est donc fait ? « Je pense. Et cela va stimuler la rue et augmenter les pressions. Nous allons vers une grosse histoire », estime Samir Frangié. Ils n’ont rien compris ? « Non. Le pas franchi est devenu irréversible, et seul un Rafic Hariri aurait pu retourner la situation dans un sens positif. » Il n’en demeure pas moins que si la rumeur d’un Karamé II se confirmait, cela représenterait un beau défi, à la hauteur du gigantesque besoin des Libanais de construire enfin un Liban démocratique, souverain, indépendant, et qui sacraliserait le droit et la vérité. Ziyad MAKHOUL
Info ou intox ? Dans tous les cas, la rumeur enfle un peu plus de jour en jour : Omar Karamé reviendrait à la tête du gouvernement dès demain soir.
Ce ne serait évidemment pas la première fois que le pouvoir post-Taëf et son tuteur syrien exhibent devant les Libanais et devant la communauté internationale, en en faisant une provocation consciente et ciblée, la bêtise de leur jugement...